Pour Patrick Chamoiseau, le capitalisme, c’est le « renforcement de la bêtise » et « une forme d’obscurantisme »

Dans un long entretien donné à Mediapart, l’écrivain Patrick Chamoiseau a dit pis que pendre du capitalisme.

Patrick Chamoiseau était l’invité d’Edwy Plenel dans son émission « L’échappée » sur Mediapart. Pour ceux qui ne le sauraient pas, il s’agit d’un écrivain originaire de la Martinique, prix Goncourt, mais aussi, ce qui nous intéresse ici, théoricien de la « créolisation » et engagé à l’extrême-gauche. « Le Nouveau Front Populaire est la bonne réponse », déclarait-il d’ailleurs à L’Humanité (28 juin 2024).

Devant un Edwy Plenel qui buvait ses paroles, Patrick Chamoiseau, le sourire aux lèvres, s’est employé dès le début de l’émission à détruire le capitalisme, fauteur de tous les maux. Se référant au philosophe Jacques Derrida et visant tout particulièrement l’Amérique de Donald Trump, il n’a pas hésité à déclarer : « On a dans le capitalisme extrême et du fait du règne planétaire du capitalisme un renforcement de la bêtise, une forme d’obscurantisme », celui-ci étant défini comme « tout ce qui nous coupe du monde ».

L’écrivain s’est lamenté du « recul de la démocratie », de la « disparition du politique », d’une « perte de distance par rapport au dogme capitaliste, du profit maximal, de l’individualisme égoïste, du pouvoir d’achat déterminant », avant de parler d’un « effondrement de lucidité, culturel ». Marchant implicitement sur les brisées du « fétichisme de la marchandise » cher à Karl Marx, il a regretté « le règne de la marchandise que nous avons intériorisé », avant de conclure : « Le dogme capitaliste a desséché le poétique ».

Malheureusement, le très lucide Patrick Chamoiseau ne nous a jamais dévoilé le nom du régime économique, juridique et politique qui permettrait d’allier en contrepoint intelligence et lumière. Il ne nous a pas plus donné d’exemple, passé ou présent, d’un tel régime qui se distinguerait donc radicalement de l’immonde capitalisme et qui permettrait d’enchanter le « poétique ».

Tout à sa haine du capitalisme, notre écrivain est en réalité victime d’un aveuglement très répandu chez les intellectuels perdus dans leur tour d’ivoire. Rappelons avec les libéraux autrichiens que le capitalisme a permis de donner aux individus le « pouvoir d’achat », pour reprendre les termes méprisants utilisés dans l’entretien, autrement dit de survivre, puis de vivre. Le capitalisme n’a pas pour objet les fins dernières de l’homme. En revanche, la prospérité qu’il a amenée a permis, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, de libérer du temps libre pour la plus grande partie de la population. Liberté a été ainsi laissée aux individus de développer leur projet de vie et de rechercher leur bonheur, poésie incluse s’ils le désirent. Telle est la gloire du capitalisme, n’en déplaise à notre écrivain repu.