Le ministère des Finances s’est complètement fourvoyé dans ses prévisions de recettes pour 2024, à tel point que l’Assemblée nationale a nommé une commission d’enquête sur le dérapage du déficit public. Il faut dire qu’une erreur de 40 milliards d’euros (Md€) mérite quelques explications.
Pierre Moscovici, Premier président de la Cour des comptes, auditionné mardi 21 janvier 2025, a chargé Bruno Le Maire comme le rapporte L’Opinion. Il est difficile de lui donner tort. A l’automne 2023, le Gouvernement a construit son budget avec une prévision de croissance du PIB de 1,4% pour l’année 2024. Au même moment, la Commission européenne prévoyait 1,2% ; l’Insee, 1,1% ; le FMI, 1% ; la Banque de France, 0,9% ; l’OFCE, 0,8%, tout comme l’OCDE ; Xerfi, le plus pessimiste était à 0,5%. La moyenne de ces prévisions donnait une croissance de 0,96% pour 2024 en incluant la prévision de Bercy, et de 0,9% en l’excluant.
Le chiffre définitif n’est pas encore disponible, mais l’Insee confirme sa prévision de 1,1%. L’erreur du Gouvernement aurait donc été de 0,3 point. On pourrait croire que ce n’est pas grand-chose, mais cela équivaut au taux de croissance sur un trimestre. C’est comme si le Gouvernement faisait des prévisions sur une année comptant 5 trimestres !
En accablant le seul Bruno Le Maire, Moscovici ne manque pas de toupet. D’abord parce que l’ancien ministre des Finances n’était pas seul dans cet exercice. Tout le gouvernement et le président de la République sont également responsables. Ensuite parce que Pierre Moscovici a fait la même chose lorsqu’il était locataire de Bercy entre 2012 et 2014.
L’IREF a montré que les prévisions de croissance qui servent à l’élaboration du budget sont systématiquement, au moins depuis 2007, en décalage avec le consensus des prévisionnistes d’une part, et la croissance réelle d’autre part.
Par conséquent, quand Pierre Moscovici, qui est aussi président du Haut Conseil des finances publiques (HCFP), demande un renforcement des moyens de cette institution afin de lui confier purement et simplement la réalisation des prévisions, il se fourvoie. Pour lui, le seul moyen « de garantir la qualité des prévisions et de les tenir éloignées de l’hubris du politique » est de les confier à une institution budgétaire indépendante comme le HCFP.
Signalons à son président qu’il n’y a nullement besoin de renforcer le HCFP, machin dont l’utilité est sujette à caution. Les prévisions publiées par les organismes cités plus haut suffisent. Pour 2024, les anticipations de l’Insee et du FMI étaient bonnes. En général, l’OCDE est assez juste avec un écart moyen de 0,1 point de la croissance réelle constatée (de 2010 à 2016). Nous n’avons pas besoin du HCFP et de Pierre Moscovici pour disposer de bonnes prévisions de croissance.
6 commentaires
Plus faux jeton et versatile que M Moscovici, il y a peut-être! Il a été mauvais ministre et fait toujours des constats a posteriori comme ceux qui prévoient le temps de la veille. En fait, on se demande s’il ne faut pas plus de moyens pour réduire le périmètre de la Cour des contes dont l’efficacité est contestable.
Toujours rajouter du contrôle sur du contrôle! Nous avons déjà l’INSEE dont ‘est la mission, la Banque de France (est-ce sa mission?) et les organisations internationales. Dans la situation présente du déficit ne faudrait-il pas prendre la prévision la plus basse comme raisonnable?
Comme on ne peut pas le licencier, je propose qu’on transforme le HCFP en HCEP (Haut Conseil des Economies Publiques)
Afuera!
J’avais cru comprendre que nous étions en recherche active d’Economie et de restriction des dépenses ! Et voilà qu’un ancien ministre délégué aux affaires européennes demande des sous !
Voudrait-il nous faire marcher sur la tête qu’il ne s’y prendrait pas autrement.
Pourquoi Moscovici n’est il pas encore à la retraite ? Il fait partie de ces gens qui n’en ont jamais assez. Quant à son Haut Conseil, encore un dont nous avons pléthore, je suggère que le gouvernement fasse le ménage dans toutes ces structures redondantes, voilà qui ferait quelques économies dont nous avons le plus grand besoin.