Jeudi 10 mars, lors d’une audition des candidats à la présidentielle au siège de la CFDT, les ordonnances travail, adoptées en 2017 au début du quinquennat d’Emmanuel Macron, ont été la cible d’un tir nourri de critiques par les intéressés.
La CFDT avait dénoncé avec vigueur, début janvier, l’effet de ces ordonnances sur le travail des représentants syndicaux, et notamment la fusion du CE (comité d’entreprise), du CHSCT (comité social, d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) et des délégués du personnel.
Missionné par le chef de l’Etat, le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, s’est, au contraire, félicité du succès des dispositifs mis en œuvre ainsi que de la priorité donnée à la négociation collective dans les entreprises et aux accords majoritaires.
Mandaté par Valérie Pécresse, Damien Abad, président du groupe LR à l’Assemblée nationale, s’est contenté de glorifier les corps intermédiaires et de promettre de redonner une place centrale aux organisations syndicales. Souhaitant mettre en œuvre « quelques ajustements pour redonner du corps au dialogue social », il a également dénoncé la verticalité du pouvoir sous l’ère Macron et n’est pas vraiment sorti du flou qui caractérise sa candidate.
Jean Luc Mélenchon, de son côté, a annoncé vouloir abroger les lois El-Khomri de 2016 et les ordonnances travail, dans le cas, peu probable, où il serait élu. Il en a profité pour dérouler d’autres propositions plus absurdes les unes que les autres telles que la création d’un droit de véto des syndicats sur les licenciements ou l’amnistie des représentants syndicaux faisant l’objet de poursuites judiciaires.
Anne Hidalgo, candidate du PS et ancienne inspectrice du travail, a fait part de ses intentions de recréer les CHSCT et d’intégrer 50% de salariés dans les conseils d’administration des entreprises de plus de mille employés.
Ces ordonnances travail, dont les effets demeurent plus que modérés, déclenchent des remugles politiciens totalement disproportionnés, les syndicats ayant vraisemblablement décidés d’entamer la contre-offensive contre des dispositions qui égratignent légèrement leurs privilèges.
L’encadrement du droit de grève, la fin du financement public des syndicats et la cure d’amaigrissement du code du travail ne semblent malheureusement pas à l’ordre du jour du prochain quinquennat.