Le ministre délégué chargé de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, vient d’annoncer la création d’une commission d’évaluation de l’aide publique au développement (APD). Pour rappel, l’ADP a été adoptée en 1969 par le Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE. Chaque année, la France consacre 15 milliards d’euros à l’APD, voire jusqu’à 25 milliards si l’on inclut les contributions à des fonds internationaux opaques.
Grâce au travail de Guillaume Bigot, député du territoire de Belfort, qui a remis un rapport à l’Assemblée nationale en octobre dernier, nous pouvons prendre conscience de l’étendue du scandale. Dans une série de tweets publiés le 21 février sur la plateforme X, il résume : 10 millions d’euros versés à l’Éthiopie sur les inégalités de genre, 25 millions d’euros versés à l’Algérie pour les quartiers défavorisés, 100 millions d’euros pour les seniors en Chine, des milliards pour financer la transition énergétique en Afrique du Sud pendant qu’on rouvre nos centrales à charbon… Quant aux projets financés par les aides de l’UE (sachant que la France est le deuxième contributeur après l’Allemagne), l’APD aurait permis d’offrir 250 chameaux à la Mauritanie et d’envoyer des mixeurs dans des écoles sans électricité.
Ce gaspillage est rendu possible par une bureaucratie sans limite. L’APD est une institution tentaculaire qui dépend de plusieurs ministères, ce qui lui permet de passer entre les mailles du filet : « Quand Bercy lui demande des comptes, elle répond qu’elle dépend de la diplomatie, et quand les diplomates l’interrogent, elle n’y peut rien, car c’est une banque. » Même la Cour des comptes peine à tracer des fonds envoyés à des organismes multilatéraux ou des ONG privées. Pire, l’État n’est même pas majoritaire au sein du conseil d’administration de l’Agence Française de Développement (AFD), ce qui permet d’exclure ses prêts colossaux de la dette publique française – soit 50 milliards d’euros supplémentaires.
Au-delà du scandale financier, l’inefficacité de l’APD est patente. Malgré des décennies de subventions, les pays du Sahel, parmi les premiers bénéficiaires, prennent leurs distances avec la France. L’AFD justifie son action par l’argument diplomatique : ces milliards permettraient à la France de se « faire des amis ». Mais à quel prix et avec quels résultats ? Aucun. D’autant que ces financements profitent majoritairement à des entreprises chinoises. L’AFD gonflerait la participation des entreprises françaises « pour éviter que ça ne se voit trop » d’après M. Bigot.
L’annonce de Jean-Noël Barrot ne résout rien. Il existe déjà des mécanismes d’évaluation au sein même du Parlement. Nous n’avons pas besoin d’un nouveau comité théodule, mais de la suppression pure et simple d’une aide qui n’en est pas une. De la même manière que les pays en développement n’ont pas besoin d’aumônes perpétuelles, mais de liberté économique et d’institutions inclusives.