La Confédération syndicale internationale (CSI) vient de publier son indice 2024 des droits des travailleurs dans le monde. Le moins que l’on puisse dire est que les résultats ne sont pas bons : l’indice recule dans toutes les régions du monde.
Concentrons-nous sur l’Europe. La note moyenne du continent s’est dégradée, passant de 2,56 en 2023 à 2,73 en 2024, affichant une détérioration continue par rapport à sa note de 1,84 en 2014 et le recul le plus important de toutes les régions du monde au cours des dix dernières années. ( plus la note est élevée, plus c’est mauvais). Bigre, cela inquiète.
Selon la CSI, environ sept pays européens sur dix ont violé le droit de grève internationalement reconnu l’année dernière. Vous vous dites que cela n’est sûrement pas arrivé en France. Eh bien, détrompez-vous. Si la note de l’Europe s’est ainsi dégradée, cela est dû essentiellement à « l’utilisation d’une définition excessivement large des services essentiels pour restreindre ou interdire les grèves en Albanie, en Hongrie, en Moldavie, au Monténégro et au Royaume-Uni », mais aussi à « la criminalisation des grèves et la stigmatisation des grévistes en Belgique et en France ».
Oui, vous avez bien lu, la France use de tous les moyens pour interdire les grèves et vouer aux gémonies les grévistes. Cela signifie-t-il que les derniers arrêts de travail – à la SNCF, dans l’enseignement, chez les éboueurs et les contrôleurs aériens, à Radio France et France Télévision, etc. – n’en étaient donc pas vraiment ? Heureusement que la CSI nous ouvre les yeux !
Pour le cas où vous douteriez, le rapport de la CSI donne des exemples précis. Ainsi, « les manifestations de masse de 2023 contre les réformes des retraites ont été violemment réprimées par la police et, en avril 2023, le gouvernement français a également tenté d’étendre sa loi « anti-squat » pour criminaliser les occupations et les piquets de grève dans les locaux des entreprises. À la suite des manifestations sur les retraites, plus de 1 000 membres de la Confédération générale du travail (CGT) font l’objet de poursuites judiciaires pour leur rôle dans les manifestations ».
La CSI cite aussi le cas de Sébastien Menesplier, secrétaire général de la Fédération nationale des mines et de l’énergie (FNME) et membre de la direction de la Confédération générale du travail (CGT), convoqué par la police le 6 septembre 2023, pour avoir « commis ou tenté de commettre l’infraction de mise en danger d’autrui par violation délibérée d’une obligation réglementaire de sécurité ou de prudence » dans le cadre des actions menées par les travailleurs du secteur de l’énergie pour protester contre les réformes des retraites.
Réjouissons-nous, au contraire, que l’on cherche à remettre les syndicats à leur place, eux qui ne représentent plus les travailleurs, et qu’on les condamne lorsqu’ils enfreignent la loi. Et suggérons même au prochain gouvernement d’aller plus loin, notamment en n’autorisant plus les piquets de grève, en supprimant le monopole syndical de présentation des candidats au premier tour des élections professionnelles, en imposant un service minimum dans la fonction publique, et en supprimant le financement public des syndicats.
2 commentaires
En effet il me semble que les syndicats sortent un peu trop de leur mission initiale pour s’investir en politique, nous pouvons le voir aujourd’hui dans la manifestation de ce qu’ils appellent pompeusement « Front National ».
Je trouve un peu fort de café que les contrôleurs aériens se mettent en grève pur un oui ou pour un non, les cheminots tirent un peu sur la corde qui viennent d’obtenir des nouveaux avantages incongrus contre la menace de faire grève pendant les J O. il faut remarquer que ces personnels sont soit fonctionnaires soit salariés d’une entreprise nationalisée même si elle se déguise en société privée…
Horreur! je voulais dire bien sûr Front Populaire. Toutes mes excuses pour ce lapsus calami.