Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les sanctions occidentales ne cessent de pleuvoir. Les plus conséquentes sont sans doute celles qui frappent les compagnies russes qui fournissaient 48,8% du pétrole brut européen au premier semestre 2021.
Ces sanctions ont en partie contribué à la flambée des prix à la pompe en Europe qui doit parvenir à diversifier rapidement ses sources d’approvisionnement. Du côté des Russes, l’enjeu est au contraire de diversifier les exportations initialement destinées aux Européens.
L’Inde est en bonne position pour devenir un nouvel intermédiaire clé sur le marché bouleversé des produits gaziers et pétroliers. En effet, les raffineurs indiens importent de plus en plus de barils russes dont les Européens ne veulent plus, tandis que les Occidentaux importent, depuis cette péninsule, des produits dont la provenance est au mieux incertaine, au pire dissimulée.
L’Inde diversifie depuis le mois de mars 2021 ses importations de pétrole brut. En effet, le plafonnement de la production décidée par les pays de l’OPEP+ avait incité les compagnies pétrolières indiennes à se tourner vers la Russie et le Guyana. Sollicitée par la Russie qui cherche des débouchés, l’Inde a significativement augmenté ses importations de pétrole russe qui sont passées de moins de136 000 barils par jour en avril 2021 à plus de 840 000 barils par jour en mai 2022.
Les raffineries indiennes exportent quant à elles de plus en plus et de nombreux experts estiment que les navires qui déchargent leurs cargaisons dans les ports américains et européens sont en partie remplis de pétrole russe. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les exportations indiennes de pétrole brut ont été multipliées par 3 vers l’Europe et ont augmenté de 43% vers les Etats-Unis. Le géant pétrolier indien Reliance Industries Ltd refuse pour l’instant de dévoiler la provenance de ses matières premières.
Si les Occidentaux veulent rendre efficaces les sanctions prises contre le régime russe, encore faut-il qu’ils parviennent à identifier de façon plus rigoureuse la provenance de leurs importations pétrolières et gazières. Le défi s’annonce d’autant plus ardu que certains sont passés maîtres dans l’art de cacher l’origine du pétrole qu’ils vendent.
2 commentaires
Les sanctions européennes montrent que l’UE cherche à jouer au chat et à la souris avec la Russie, tout en se trompant d’animal.
Lorsque l’inneffable Bruno Le Maire avait annoncé, avec son sourire bien niais, vouloir « mettre l’économie russe à genoux », je m’étais dit qu’un pays ayant une dette publique égale à 2800 milliards d’euros (soit 110% du PIB !) ne pouvait pas vraiment faire que’ qu’il voulait. Je m’étais dit aussi que Bruno Le Maire est énarque, donc déconnecté de la réalité.
Pour une fois, Le Maire avait raison. Certains secteurs de l’économie russe s’écroulent même plus vite que prévu. https://www.bloomberg.com/news/articles/2022-06-01/sanctions-deal-russian-consumer-economy-worst-hit-since-pandemic
NL