Le trafic des aéroports en Europe a dépassé le niveau pré-Covid… sauf en France. En 2024, le volume était estimé à 2,5 milliards de voyageurs selon l’association mondiale des aéroports (ACI) – une hausse de 7,4 % par rapport à 2023 et de 1,8 % par rapport aux niveaux d’avant la pandémie.
Le phénomène du Flygskam (littéralement « honte de prendre l’avion »), cette culpabilisation de prendre l’avion pour des raisons écologiques, semble bien cantonnée à des petits cercles. Les Européens plébiscitent toujours le transport aérien, porté par la concurrence entre compagnies et l’essor des vols low cost. L’Union des aéroports français (UAF) présente d’ailleurs, dans son rapport annuel, le « trafic loisir » comme le grand gagnant post-Covid (43 % du trafic français en 2023). À échelle mondiale, l’aviation devrait atteindre un record de 5 milliards de passagers et de 40 millions de vols en 2025.
Comment expliquer la situation française ? Principalement en raison d’un environnement fiscal hostile. Les hausses de taxes sur les billets d’avion découragent les compagnies de maintenir leurs vols en France. La taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) par exemple, va presque tripler à partir du mois de mars. Michael O’Leary, PDG de Ryanair, avait alors menacé de réduire ses opérations dans les aéroports français : « La France agit à contre-courant. Ce n’est pas en surtaxant les billets d’avion que l’Europe deviendra plus performante ou plus compétitive ».
Si la situation n’est certes pas uniforme en France – des aéroports comme Beauvais tirent leur épingle du jeu grâce à Ryanair, tandis que Paris Charles-de-Gaulle peine à retrouver son niveau d’avant-crise – le constat général reste le même : les taxes plombent le secteur et ce sont surtout les ménages modestes qui en pâtissent. Aujourd’hui, leur montant total en France s’élève à environ 35 euros par siège, contre seulement 5 euros en Espagne.
Le gouvernement les présente comme une « mesure de fiscalité écologique », mais leur impact réel est plus que douteux : l’aviation ne représente que 2,4 % des émissions mondiales de CO2 et rien ne garantit que ces politiques fiscales punitives auront les effets escomptés. En revanche, il est certain qu’elles pénalisent la place de la France dans le transport aérien international.
2 commentaires
Cette taxation abusive crée des petites astuces ressemblant à de l’évasion fiscale. Si vous résidez près du Haut Rhin à moins de 100 km, pour vos voyages internationaux, partez de Bâle, en Suisse, plutôt que de Mulhouse en France. C’est le même aéroport, à cheval sur la frontière, (vous passez de France en Suisse à l’intérieur), les mêmes vols et vous économisez les taxes françaises, même en passant par Paris. Peut-être que cela explique l’accroissement de trafic long courrier, avec correspondance, des aéroports étrangers situés près de la frontière française. Autre démonstration que trop d’impôt tue l’impôt. Mais trop de sottise de la part de nos dirigeants n’a jamais tué leur sottise.
On écoute les écologistes et leurs exigences encouragent le gouvernement à taxer toujours plus le transport aérien, le prétexte est excellent, Chirac a cru faire un coup de génie en instituant sa taxe sur les billets d’avion et comme un couche n’aurait pu suffire, nos rois de la taxe en ont ajouté une. Pas bravo…