Le monde enterre ce samedi 26 avril le pape François et célèbre le pape des pauvres et le théologien du peuple. Il est vrai qu’il n’a pas cessé d’intercéder pour accueillir et aider les plus pauvres et notamment les migrants. En insistant pour que chacun ait de l’attention et de la charité à l’égard des autres, il a œuvré dans la continuité de l’Eglise bimillénaire.
Mais n’a-t-il pas confondu la charité, l’amour de l’homme envers son prochain comme créature de Dieu, et la justice, chargée de faire respecter les droits de chacun pour permettre la vie commune comme un bien commun? La charité relève de l’action individuelle et volontaire et prend sa source dans le message du Christ qui propose à chacun, sans l’y obliger, de faire aux autres ce qu’il aimerait qu’on lui fasse. La justice se fonde sur le respect exigé de tous de quelques règles communes de droit naturel et notamment de ne pas faire à autrui ce qu’on ne voudrait pas qu’il nous fasse, une vielle loi morale et sociale qui constitue la pierre angulaire de toutes les grandes religions anciennes (cf. mon ouvrage sur L’abus de bien commun). Mais en exigeant que l’accueil des immigrés prévale jusqu’au risque d’ébranler la paix des nations, il a heurté la justice au nom d’une charité mal ordonnée.
Ce qui est d’autant plus curieux qu’en d’autres occasions, il fait prévaloir l’ordre du monde sur la charité, comme un outrage à celle-ci. Par exemple lorsqu’il a obligé les catholiques chinois fidèles à Rome à intégrer l’Eglise officielle œuvrant sous le contrôle du Parti communiste.
Il n’a d’ailleurs pas plus travaillé que les communistes à sortir les pauvres de leur misère en récusant, dès Evangelii Gaudium en 2013, le libéralisme « qui tue », les « idéologies qui défendent l’autonomie des marchés ». Dans Laudato si’, en 2015, en même temps qu’il voulait nous convertir à l’écologie comme à une nouvelle religion, il a réitéré ses imprécations à l’encontre de l’économie libérale qui « exclut ». Et pourtant, l’économie de marché n’a pas inventé la misère, mais elle en a sorti le monde. C’est la révolution libérale qui a créé les conditions d’un progrès social. C’est en permettant aux hommes de mieux exercer leur liberté d’initiative et d’entreprendre que le monde a trouvé les clés de son développement. Mais le pape François a épousé l’égalitarisme qui préfère que tous soient pauvres plutôt que tous soient plus riches au risque que quelques-uns le soient beaucoup plus que d’autres.
Paix à l’âme du pape François. L’Eglise pour sa part laisse à chacun sa liberté critique et le débat ouvert lorsqu’il ne s’agit pas de questions doctrinales tranchées ex cathedra par le Pape. C’est sa grandeur et sa force.
18 commentaires
Sait-on ce que sont devenues les deux ou trois familles qu’il a ramenées au Vatican il y a quelques années ?
Y sont-elles encore logées à ses frais en ses locaux ?
J’en serais surpris…
L’église se planta lorsqu’elle institua le dogme de l’infaillibilité pontificale. Feu ce pauvre pape l’a démontré s’il en était encore besoin.
Bien résumé, c’était un brave homme, admirable de générosité, d’honnêteté et de dévouement, soutien et guide spirituel de beaucoup, mais ce n’était qu’un homme, qui n’avait pas forcément de don divin pour discerner où est le futur.
On a eu un pape qui a préféré laver les pieds de musulmans et faire des salamalecs avec des imams en ignorant les chrétiens d’Orient.
Nous serons attentifs à celui qui nous sera imposé…
Si les migrants avaient comme motif de se chercher une Patrie, je les accueillerais à bras ouverts .
“L’Eglise pour sa part laisse à chacun sa liberté critique et le débat ouvert lorsqu’il ne s’agit pas de questions doctrinales tranchées ex cathedra par le Pape. C’est sa grandeur et sa force.” : voilà , sa grandeur et sa force . Il est indispensable que l Eglise soit riche d opinions aussi diverses que possible. L’Eglise ne doit jamais être un parti politique et comme le disait en chair un vieux prêtre en réaction aux consignes de vote données par certains guides spirituels en pleine déshérence : “il n’y a pas de vote chrétien ! Le vote chrétien c’est une abomination “
Vous êtes un peu dur avec ce pauvre pape qui par l’éloge de la pauvreté et de l’accueil des plus humbles, ne fait que reprendre le message évangélique : « Va vendre tout ce que tu possèdes et donne l’argent aux pauvres » (Mt 19:21-23) ou « chaque fois que vous l’avez fait au plus petit d’entre mes frères , c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25: 31-46).
Ce n’est pas dans le rôle du pape de défendre l’économie de marché ou la fermeture des frontières. À chacun son job en quelque sorte
.
Son attitude n’est-elle pas celle de millions de “socialistes” qui ont les meilleures intentions du monde mais dont les résultats sont nuls dans le meilleur des cas et catastrophiques le plus souvent (des dizaines d’expériences variées et avariées, sur des dizaines d’années et des dizaines de pays sont là pour servir de marqueur, malgré le discours “gommeur”, oublieux et “excuseux” qui continue de prévaloir ?
La citation célèbre du monde anglo-saxon est une pierre de touche toujours valable : “si à 20 ans vous n’avez pas rêvé de changer le monde, vous n’aviez pas de coeur. Si à 40 ans vous rêvez toujours de changer le monde, vous n’avez pas de cerveau”.
Et si vous êtes encore en mesure et position d’essayer de le faire, vous êtes un nuisible… de ce point de vue au moins…
Quel est le pourcentage de “migrants” au Vatican ?
“Aide toi et le ciel t’aidera”, ça ne lui parlait pas?
… toujours le bon vieux “clientélisme” !
Attentionné envers les pauvres et très bien attentionné envers les riches, François laissera le souvenir d’un Pape qui a soutenu les musulmans même quand ils commettaient des pogroms , comme le 7 octobre 2023.
Il y a des gens qui ont aimé son œuvre. Pas moi.
Ce Pape n’a pas compris le malaise existentiel des chrétiens d’Europe face à une immigration de peuplement incontrôlée et le risque de fracturation civilisationnelle.
Il n’a pas plus soutenu les chrétiens d’Orient envoie de disparition.
Enfin son soutien inconditionnel à Gaza n’a pas manqué de surprendre.
Cher Jean-Philippe Delsol,
j’apprécie le recul dont vous faites preuve en tenant de tels propos que je partage humblement . Je m’étonne toutefois que quelque en soit l’auteur le sujet de la pauvreté n’est abordé que sous l’angle matériel alors que nous vivons tous la pauvreté grandissante des âmes et des intelligences.
Fort dommage non ?
Avec mes salutations distinguées de fidèle lecteur et contradicteur complice.
“L’enfer est pavé de bonnes intentions”
St Bernard de Clairvaux
Cet article a bien résumé et parfaitement exprimé les idées marxistes du pape François, merci!
On ne peut exiger de gens qui n’ont pas le droit de se marier qu’ils aient des sentiments charitables.
Je suis bien d’accord avec cet article.
Il me semble que François méconnaissait l’enseignement de Benoît XVI, dans “Caritas in veritate”, en oubliant que l’État doit être juste avant d’être charitable :
“La charité dépasse la justice, parce que aimer c’est donner, offrir du mien à l’autre ; mais elle n’existe jamais sans la justice qui amène à donner à l’autre ce qui est sien, c’est-à-dire ce qui lui revient en raison de son être et de son agir. Je ne peux pas « donner » à l’autre du mien, sans lui avoir donné tout d’abord ce qui lui revient selon la justice. Qui aime les autres avec charité est d’abord juste envers eux. Non seulement la justice n’est pas étrangère à la charité, non seulement elle n’est pas une voie alternative ou parallèle à la charité: la justice est « inséparable de la charité » [1], elle lui est intrinsèque. La justice est la première voie de la charité ou, comme le disait Paul VI, son « minimum » [2], une partie intégrante de cet amour en « actes et en vérité » (1 Jn 3, 18) auquel l’apôtre saint Jean exhorte. D’une part, la charité exige la justice: la reconnaissance et le respect des droits légitimes des individus et des peuples. Elle s’efforce de construire la cité de l’homme selon le droit et la justice. D’autre part, la charité dépasse la justice et la complète dans la logique du don et du pardon [3]. La cité de l’homme n’est pas uniquement constituée par des rapports de droits et de devoirs, mais plus encore, et d’abord, par des relations de gratuité, de miséricorde et de communion. La charité manifeste toujours l’amour de Dieu, y compris dans les relations humaines. Elle donne une valeur théologale et salvifique à tout engagement pour la justice dans le monde.” (Caritas in veritate § 6)
Merci , Jean-philippe, pour la clarté de votre analyse et de vos propos
Le pape a été dans son rôle de garde fou , de rappel des valeurs ; c’est aux différents gouvernements d’agir sur la situation.il ne peut y avoir mélange des genres .On voit bien par contre les ong de toutes sortes et gouvernements tenter de s’immiscer dans les directions de l’Eglise .