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La Tunisie, un pays de plus en plus autocratique

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Nouveau soubresaut politique dans la Tunisie, pays où avait débuté il y a treize ans le printemps arabe porteur de tant d’espoirs avec la chute par effet domino de la plupart des dictatures de la région, mais aussi de tant de déceptions sous forme de rétablissement de régimes autoritaires, voire de guerre civile. Le président tunisien, Kais Saied, a congédié son Premier ministre vendredi tôt, moins de huit mois après l’avoir nommé. Il a procédé ainsi à son quatrième limogeage d’un chef de gouvernement depuis son coup de force il y a quatre ans lors duquel il s’était assis sur la Constitution, plantant ainsi le dernier clou dans le cercueil du printemps arabe, puisqu’alors la Tunisie était la dernière semi-démocratie de la région.

Pour remplacer Kamel Madouri, le président a choisi la ministre de l’Equipement, Sarra Zaafrani Zenzri, ingénieure en génie civil de formation, au moment où le pays traverse de graves difficultés socio-économiques et est critiqué par l’ONU pour l’emprisonnement d’opposants. Aucune explication n’a été fournie au départ de M. Madouri. Le président avait laissé transparaître son mécontentement quant à l’action gouvernementale ces dernières semaines.

Il a par ailleurs jugé suspects une vague récente de mouvements sociaux et d’immolations par le feu. Des dizaines de personnes comprenant les plus grands noms de l’opposition en Tunisie sont jugées dans le cadre de ce procès qui a débuté le 4 mars, dénoncé comme “politique” par les militants des droits humains. Les discours du président alternent depuis des mois entre théories du complots et désignation de bouc émissaire, ou d’ennemis intérieurs.

Depuis le coup de force de M. Saied le 25 juillet 2021, que ses opposants qualifient de “coup d’Etat”, ONG tunisiennes et étrangères déplorent une régression des droits et libertés dans le pays berceau du Printemps arabe. Kais Saied a d’abord limogé son Premier ministre et gelé le Parlement puis révisé la Constitution pour réinstaurer un régime ultra-présidentiel où il dispose de facto de tous les pouvoirs. M. Saied a été réélu le 6 octobre 2024 à une écrasante majorité des voix (plus de 90%) dans un scrutin toutefois marqué par une très faible participation de moins de 30%.

La Tunisie traverse une profonde crise économique, avec une croissance d’à peine 1,4% en 2024, un taux de chômage de 16% et une dette équivalente à environ 80% du PIB, sans oublier une immigration mal maitrisée, en parallèle à une émigration des jeunes du pays.  Très proche de l’Algérie voisine, qui soutient la Tunisie par des crédits et des envois d’hydrocarbures à prix d’ami, M. Saied a rompu il y a plus d’un an des négociations entamées avec le Fonds monétaire international (FMI) qui avait proposé un prêt de 2 milliards de dollars en échange d’une série de réformes, notamment dans les subventions étatiques aux produits énergétiques.

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2 commentaires

duriez 22 mars 2025 - 11:06 am

Chassez le naturel, il revient au galop. La Tunisie promettait mais elle aussi est mal gérée et peut-être handicapée par un fondamentalisme religieux galopant.

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Yves Heulenote- Poh 22 mars 2025 - 11:25 am

Bonjour Yves ,
Vous écrivez : “La Tunisie traverse une profonde crise économique, avec une croissance d’à peine 1,4% en 2024, un taux de chômage de 16% et une dette équivalente à environ 80% du PIB ” .
Mais comment qualifiez vous alors la situation de la France qui affiche en 2024 une croissance d’à peine 1% , un taux de chômage de 7.5% ( officiel) et un endettement de 113% de son PIB ?
J’aurais plaisir à vous lire sur ce sujet . Je crains de partager votre avis .

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