Pékin a déployé avions et navires de guerre durant quelques heures dans un simulacre d’encerclement de Taïwan, manœuvres militaires visant, pour la première fois, selon le communiqué officiel à entraîner ses forces aériennes et maritimes à instaurer un blocus de l’île. Des chasseurs et bombardiers, au nombre d’environ 125, des destroyers, des frégates, ainsi que le porte-avions Liaoning ont notamment été déployés. Le régime totalitaire chinois se dit de plus en plus déterminé à absorber ce qu’il qualifie « d’île rebelle », devenue une démocratie dans les années 1990 et où règne une économie de marché très dynamique, avec notamment la production de la majorité des micro-processeurs de la planète.
L’armée chinoise a qualifié ces exercices de « sérieux avertissements » face aux « actions séparatistes des forces de +l’indépendance de Taïwan+ », quoique le nouveau président n’ait pas prononcé le mot tabou mais se soit contenté de se dire prêt à « résister à l’annexion chinoise de l’île, défendre le système constitutionnel démocratique et libre, ainsi qu’à protéger un Taïwan démocratique et à sauvegarder la sécurité nationale ». Les Etats-Unis ont dénoncé des opérations représentant un « risque d’escalade ». Depuis 1979, Washington reconnaît Pékin au détriment de Taipei comme seul pouvoir chinois légitime, mais reste l’allié le plus puissant de Taïwan, qui n’a été sous tutelle de Pékin que de 1686 à 1895.
Pékin a organisé trois séries de manœuvres de grande ampleur ces deux dernières années, au nord, sud et est de l’île. La plupart des experts en géopolitiques s’attendent à une invasion de l’île à partir de 2027, sauf réorientation spectaculaire de la ligne définie par Xi Jinping, mais n’excluent pas d’ici là un scénario en apparence moins risqué pour Pékin : un blocus aérien et naval de Taïwan. Ce qui constituerait toutefois un acte de guerre, conduisant très vraisemblablement à des sanctions économiques et diplomatiques d’ampleur des pays occidentaux, voire un passage en force de convois sous protection militaire d’Etats-Unis ne pouvant tolérer que le statut de seule hyper-puissance lui échappe au profit d’une dictature chinoise en passe, sinon, de dominer la région Indo-Pacifique.