Le discrédit dont souffre le libéralisme à notre époque, dans de nombreux pays, est un phénomène étonnant et regrettable. En réalité, ce discrédit repose sur des caricatures du libéralisme, complaisamment répandues par ceux qui ont intérêt à le combattre ou qui ignorent –parfois volontairement – ce qu’est le vrai libéralisme. Ainsi, on prétend que le libéralisme soutient les riches contre les pauvres, qu’il donne aux êtres humains pour seul objectif de rechercher des avantages matériels, qu’il prône l’égoïsme, etc. Rien n’est plus faux, et c’est pourquoi tous ceux qui aiment la vérité devraient se préoccuper de mieux connaître le libéralisme. Malheureusement, tout le monde a rarement l’occasion de faire ce réexamen intellectuel, et je suis frappé, par exemple, par le fait que tous les jeunes qui découvrent par hasard une explication correcte de ce qu’est le libéralisme sont stupéfaits de trouver sa cohérence intellectuelle et son fondement éthique.
Le libéralisme consiste à développer des idées basées sur le comportement individuel et les objectifs individuels pour analyser ou promouvoir le fonctionnement d’une société. Et c’est pourquoi le libéralisme doit être considéré comme un véritable humanisme, puisque l’humanisme signifie une façon de penser ou d’agir cohérente avec ce que sont les êtres humains. Par ailleurs l’humanisme peut être considéré comme le fondement de l’éthique puisque les actions et les pensées éthiques impliquent d’être respectueux de la nature même des êtres humains.
En effet, le libéralisme est à la fois une méthode d’analyse et une éthique. C’est une méthode d’analyse parce qu’il consiste à penser – et cela devrait être évident – que l’on ne peut comprendre le fonctionnement d’une société qu’en ayant une vision réaliste de ce qu’est un être humain, de sa nature profonde, de son comportement. Une société n’est pas une sorte de grande machine, mais un ensemble d’hommes et de femmes qui ont – chacun d’entre eux – leur propre individualité, mais qui interagissent les uns avec les autres et sont donc, de ce point de vue, nécessairement solidaires les uns des autres. Pour donner une illustration du problème, les économistes développent assez souvent des analyses de ce qu’on appelle la « macroéconomie ». Mais ils définissent éventuellement des concepts discrétionnaires – comme le « revenu national » – qui n’ont pas forcément de lien avec les comportements individuels. Ainsi, ils peuvent en déduire des propositions économiques qui ne respectent pas les comportements et les objectifs individuels, de sorte qu’elles ne sont pas efficaces et, surtout, qu’elles ne sont pas cohérentes avec l’éthique. Pour éviter de telles erreurs, de nombreux intellectuels sont favorables à ce que l’on appelle la praxéologie, c’est-à -dire la science de l’action humaine. C’est le cas, notamment, de Ludwig von Mises dans son ouvrage L’action humaine, et plus généralement de la théorie économique dite autrichienne (initialement développée par Carl Menger, Ludwig von Mises et Friedrich Hayek). Les « autrichiens » considèrent à juste titre qu’il est nécessaire de commencer toute analyse sociale par des hypothèses réalistes sur le comportement des individus.
En ce qui concerne l’éthique libérale, elle implique qu’il existe un devoir universel de respecter les droits légitimes de chacun. Bien entendu, chacun d’entre nous a également ses propres principes moraux personnels concernant la manière de se comporter avec les autres. Ces morales personnelles sont hautement respectables, à condition toutefois qu’elles ne soient pas incompatibles avec l’éthique universelle du respect des droits légitimes d’autrui.
On peut dire que les valeurs libérales sont des valeurs chrétiennes ou du moins qu’elles sont pleinement compatibles avec elles. C’est le christianisme qui a permis l’émergence de la liberté individuelle dans le monde occidental et qui a, en outre, permis le décollage économique et la sortie de la pauvreté de masses innombrables. Avec le christianisme, comme avec le libéralisme, l’être humain n’est pas un simple rouage de la grande machine sociale, mais une personne qui mérite le respect en tant que telle.
Le libéralisme et le christianisme partagent une base commune en termes de valeurs universelles. Mais, bien sûr, à l’intérieur de ce cadre général, chacun peut développer ses propres concepts moraux. Ainsi, le christianisme considère l’altruisme comme une vertu. Mais cela n’est pas incompatible avec le libéralisme. En effet, un libéral doit être intransigeant avec le devoir universel de respecter les droits d’autrui, mais il ne prétend pas suggérer une conduite particulière aux êtres humains, par exemple suggérer – ou, encore moins, imposer – un comportement altruiste ou égoïste envers telle ou telle personne ou catégorie de personnes. Il considère qu’il s’agit là d’une question de responsabilité personnelle et qu’il est de son devoir de respecter cette éthique personnelle tant qu’elle ne contredit pas le devoir universel de respect des droits d’autrui. C’est pourquoi il est absurde de dire que le libéralisme soutient l’égoïsme. Fondé sur un respect absolu des individus, le libéralisme s’abstient de porter des jugements sur la conduite et les opinions des individus, à moins qu’ils ne portent atteinte aux droits légitimes d’autrui. Ainsi, il considérera le comportement généreux d’une personne comme parfaitement respectable. Mais il contestera la prétention de l’État à redistribuer les ressources en recourant à la coercition, ce qui constitue en soi une atteinte à la liberté et aux droits des individus. La solidarité est digne de respect lorsqu’elle est volontaire ; elle ne l’est pas lorsqu’elle est obligatoire. Dans ce dernier cas, d’ailleurs, elle est d’autant moins une valeur morale qu’en réalité elle est le plus souvent utilisée comme un moyen pour les hommes politiques de servir leurs intérêts personnels : Ils obtiennent des voix aux élections en distribuant les ressources qu’ils ont prises de force à certains contribuables. Et ceci est d’autant plus contestable que de nombreuses personnes supportent le poids des impôts sans le savoir.
En se donnant un quasi-monopole dans l’exercice de la solidarité, l’État détruit la solidarité naturelle. Il détruit les incitations à travailler, à épargner, à innover et à entreprendre pour créer des ressources (puisqu’il prélève une grande partie des fruits de tous les efforts), ce qui compromet la prospérité de tous et nuit en particulier aux plus pauvres. Mais dans le même temps, il détruit la propension des individus à faire preuve de générosité, car ils sont amenés à considérer que ce rôle est joué par l’État.
Cela montre combien il est faux de prétendre que le libéralisme est attaché à des valeurs matérielles, qu’il défend les riches contre les pauvres, les puissants contre les opprimés. C’est au contraire un interventionnisme étatique qui, en privant les individus du plein exercice de leur liberté, provoque une guerre de tous contre tous. Comme l’a si bien dit le célèbre économiste français Frédéric Bastiat au début du XIXe siècle, « l’État est la grande fiction par laquelle chacun cherche à vivre aux dépens de tous les autres ». Il ne faut donc pas s’étonner si, dans un pays comme la France, on a le sentiment que la plupart des citoyens sont aigris, exigeants, frustrés : leur sort ne dépend plus que marginalement de leurs propres efforts et de leur sens des responsabilités, il dépend de ce que l’État va leur prendre et leur donner dans cette guerre de tous contre tous.
Quel contraste avec ce que serait une société parfaitement libérale, fondée sur la liberté de chaque individu et donc sur la responsabilité individuelle ! Une telle société, totalement respectueuse des droits de chacun, serait pacifique et prospère. Elle permettrait à chacun de vivre selon ses propres principes moraux, ses propres objectifs et ses propres décisions. Ne pourrions-nous pas alors faire confiance aux êtres humains pour construire, par leurs interactions, la société pacifique que chacun d’entre nous désire profondément au sein de sa société ? Et ne faut-il pas s’étonner que les citoyens remettent tant de décisions concernant leur vie à des hommes et des femmes qui ne sont pas choisis pour leur sens de l’éthique ni d’ailleurs pour leurs compétences, mais le plus souvent pour les promesses qu’ils font et qui sont financées par la captation de ressources qu’ils n’ont pas créées et qui ne leur appartiennent donc pas ? Il ne faut d’ailleurs pas s’étonner non plus que dans ce monde immoral construit par les hommes d’État, on trouve toutes sortes de scandales de corruption et d’enrichissement illicite à travers le monde. Ce sont évidemment les mêmes qui partent en guerre contre le libéralisme parce qu’il menace leurs privilèges et leurs spoliations. Ils n’hésitent pas à travestir la réalité et à présenter le libéralisme comme ce qu’il n’est pas. Dans ce monde terriblement politisé dans lequel nous nous trouvons malheureusement, la confusion des idées atteint un niveau incroyable. On en vient à reprocher aux politiques dites libérales (qui ne le sont pas) les échecs dus à l’interventionnisme étatique. Et on en vient même parfois à prétendre que le libéralisme est un totalitarisme, alors qu’il est et a toujours été le seul véritable ennemi du totalitarisme !
4 commentaires
Excellente analyse, merci. On pourrait ajouter que le libéralisme est exigeant, contrairement à beaucoup d’activités publiques où la faute n’est pas toujours sanctionnée. Un libéral doit être performant et attentif aux autres, sinon la sanction tombe : les clients s’en vont.
Cher Monsieur,
Merci de votre article. Comme vous l’écrivez : « Et on en vient même parfois à prétendre que le libéralisme est un totalitarisme, alors qu’il est et a toujours été le seul véritable ennemi du totalitarisme ! »
Le mot libéralisme a été transformé, galvaudé, au point que sa signification réelle est inconnue !!?? vous avez raison de parler de vrai libéralisme afin de remettre les pendules à l’heure ! mais je doute qu’une majorité de français comprenne ???
Quelques Suggestions de mesures destinées à remettre enfin la France sur le chemin de la prospérité (25 Avril 2022).
Inscription dans la constitution des mesures suivantes :
1- Privatisation de tout le secteur public à l’exception des fonctions régaliennes de l’état (Police, armée) ce qui permettrait de transférer, dans le secteur privé, 20 % environ des 7 millions de fonctionnaires actuels au maximum, chiffre largement suffisant et pouvant être revu à la baisse car une gestion rigoureuse doit s’imposer en priorité; le secteur privé pourra gérer ce transfert en fonction de vrais critères économiques de rentabilité, à l’inverse de l’état
2- Réduction et simplification massive du code du travail à quelques pages
3- Refonte de tous les codes avec suppression et simplification des textes
4- Liberté totale pour les chefs d’entreprises d’engager et de licencier du personnel
5- Suppression de toutes les subventions d’état versées aux Associations en tout genre
et à toutes les agences de l’état.
6- Suppression de toutes les subventions versées par l’état aux syndicats; ils ne devront compter que sur leurs seuls adhérents pour leurs cotisations
7- L’Assemblée Nationale et le sénat seront composés exclusivement de chefs d’entreprises ou d’anciens chefs d’entreprises, consultants en gestion, avec un système électoral à 100 % proportionnel. Tout fonctionnaire aura l’interdiction de se présenter.
8- Rétablissement de la souveraineté des états membres de l’union européenne et
annulation de la convention européenne des droits de l’homme (CEDH); suppression du
regroupement familial incluant le droit du sol, le droit d’asile, les allocations familiales
pour les étrangers ou la double nationalité.
Les mesures de solidarité à réserver aux nationaux; Expulsion de tous les délinquants
devenus Français et ceux étrangers, avec déchéance automatique de la nationalité.
Retrait de la France de l’union européenne; il faut simplement quitter cette Europe
inadaptée pour tous les Pays membres. Ainsi, il ne sera plus question de Schengen et
chaque Pays devra protéger ses frontières, ce qui n’empêchera pas ces dits Pays de
commercer entre eux. Il est évidemment impossible de gérer les frontières à travers
le dispositif Schengen qui est une passoire.
9- Suppression du mille-feuilles territorial afin de répondre ainsi efficacement aux besoins
de la population en réglant les problèmes directement et rapidement sur le terrain au plus
près des administrés; liberté pour les communes de se regrouper entre elles à la condition
de toujours privilégier l’économie de gestion et la baisse des impôts locaux, en liaison avec
le département en supprimant le
…/…
personnel inutile et en permettant des actions de proximité, contrairement aux régions, communautés de communes, dont les coûts de gestion sont hallucinants pour les contribuables et les délais d’exécutions inacceptables (usines à gaz et doublons).
10- Ouverture à la concurrence de l’assurance maladie et vieillesse ce qui permettra de
redonner du pouvoir d’achat aux entreprises et aux particuliers par le biais du secteur
privé
11- Suppression de toutes les normes et règlementions instaurées depuis 1981
12- Les nouvelles lois éventuelles importantes (à définir) devront être approuvées par le
biais d’un référendum avec obligation d’exécution et décidées par le peuple
13- Réduction de la TVA à 10% maximum afin que l’état soit contraint de gérer comme il
convient le Pays
14- Suppression des taxes sur le tabac, l’alcool; plafonnement à 20 % de la taxe sur les
produits pétroliers; suppression des multiples taxes et surtaxes sur le gaz, l’électricité.
(Pouvoir d’achat amélioré pour les contribuables)
15- Suppression totale des droits de succession et des taxes sur les plus values immobilières
et sur les cessions d’entreprises
16- Défiscalisation à 100 % pour les particuliers employant des aides à domicile ou pour les
garde d’enfants
17- Suppression du permis à points (la Suisse n’a pas de permis à points) et du pouvoir
Administratif. Seuls les tribunaux judiciaires pourront juger les fautes commises sur la
route, s’il y a lieu.
Suppression de l’actuelle sécurité routière sous l’égide de l’état, remplacée par une
instance privée et indépendante composée d’anciens pilotes et de spécialistes de
l’automobile. Rétablissement d’un barème d’indemnité kilométrique pour les
professionnels correspondant à l’amortissement réel des véhicules, ce qui n’est plus le
cas depuis des années.
A titre d’exemple, suppression de l’agence nationale des titres sécurisés (ANTS) en
remplacement des préfectures et des mairies qui est censée délivrer les permis de
conduire, les cartes grises, les cartes d’identité, les passeports, etc .. et dont l’activité est
complètement paralysée (conséquences très grave) pour cause de technocratie
(différents entre les services et incompétence !!!!!)
Refonte totale du système judiciaire afin de faire cesser le laxisme actuel et retrouver la
sécurité dans le Pays (application réelle des lois existantes)
18- Privatisation de l’ensemble du secteur hospitalier afin d’obtenir enfin une gestion saine;
suppression de toute la paperasserie inutile qui grève l’efficacité et le coût de l’hôpital
avec du personnel administratif en surnombre; priorité absolue aux personnels
soignants et médecins
…/…
19- Interdiction pour l’état de dépasser 30 % du P.I.B. en dépenses publiques. A défaut, le
gouvernement en place et le Président de la République seront démis de leur fonction,
dès la constatation des résultats, par une structure privée, indépendante et habilitée.
20- Concernant l’euro, cette monnaie a complètement détruit le système monétaire. La France,
comme les autres Pays concernés, doivent récupérer leurs monnaies initiales.
En effet pour être compétitif, les monnaies doivent pouvoir être dévaluées ou être
réévaluées uniquement en fonction de la qualité de gestion des Pays.
Si déficits et mauvaise gestion ce qui est le cas de la France, la dévaluation s’impose ce
qui s’avère impossible avec l’euro.
La France ne peut plus être compétitive avec l’euro. Lorsque vous avez, par exemple, une
différence de compétitivité de 20 % avec l’Allemagne, c’est le simple bon sens.
La France est paralysée au niveau de ses exportations.
Par ailleurs aucun des Pays d’Europe ne dispose des mêmes règles sociales et fiscales,
sans compter les différentes langues ! dès lors l’Europe actuelle est vouée à l’échec.
21- Suppression de la cour des comptes qui ne sert à rien puisqu’elle édite des
rapports intéressants mais immédiatement remisés dans les placards.
20- Rétablissement de l’état de droit et de la séparation des pouvoirs
RAPPEL :
(Sous le Président Pompidou les dépenses publiques étaient de 30 % du P.I.B., à ce jour elles sont à presque 70 % !!! demandez à n’importe quel économiste, la faillite de la France
est certaine puisque le secteur privé ne peut supporter, à lui seul, une telle charge.
Toujours sous le Président Pompidou, la France n’avait AUCUNE dette.
A ce jour:
– Dette : 2750 Milliards d’euros
– Engagements hors bilan de l’état : 5000 Milliards
– Déficit budgétaire : 200 Milliards d’euros par an
– Déficit commercial : 100 milliards par an
Le 25 Avril 2022
Et bien d’autres mesures encore …! Merci par avance de vos suggestions qui viendront en complément.
Rappel de la vraie définition du LIBÉRALISME :
« Doctrine économique qui défend la libre entreprise, la non intervention de l’État dans le secteur économique. »
Bien sûr, mais il faudrait lutter contre l’hégémonie de la gauche qui a fait florès depuis des décennies en France, en Europe désormais et en Occident pour ne pas parler du reste du monde.
Un seul exemple que je viens d’étudier, parmi mille : la manière dont on nie la réalité du socialisme hitlérien, du socialisme mussolinien et du socialisme vichyssois (tel que prôné par l’Amiral DARLAN et Pierre LAVAL notamment, sans parler de Marcel DEAT et de Jacques DORIOT), et sans parler du socialisme soviétique, du socialisme de Mao,…
Je me suis livré à cet exercice d’exégèse historique si j’ose dire en décortiquant les ouvrages historiques et en allant aux sources des discours… Ce travail figure dans l’article ci-dessous, très indigeste à lire car truffé de citations pour permettre au lecteur de vérifier mes affirmations… Quelques ouvrages existent pour rétablir la vérité mais si peu, et tellement étouffés. Surtout, la complexité historique apparaît dans son épais manteau… Il est vrai que la capitalisme avait fait des dégâts !
Au travail pour mieux faire !!! Comment voulez-vous que nos jeunes générations puissent dépasser l’endoctrinement qu’elles subissent si un contre-feu n’est pas créé !
https://www.alliance-republicaine-de-progres.com/2021/08/la-lutte-mondiale-entre-socialisme-et-capitalisme-au-xxieme-siecle-prefiguration-d-un-futur-choc-des-continents-au-xxiieme-siecle.ht
Je ne commente que le titre : le libéralisme c’est avant tout la rigueur. L’humanisme n’a rien à voir là dedans car l’humanisme n’est pas définissable. Je considère que je suis humaniste et pourtant je suis pour la peine de mort. S’il vous plait ne mélangeons pas les genres, pas d’euphémisme. Pour le reste l’article est excellent.