Si le dernier roman d’Akira Mizubayashi est la fin d’une trilogie mémorable, il semble être avant tout une mise en scène des « Suites pour Violoncelle seul » de J-S Bach. Chacun des six chapitres du livre  comporte non seulement les mêmes titres de ceux attribués par Bach à ses six suites , mais aussi les mêmes thèmes, tous différents mais interdépendants. Dans « Prélude » éclate la joie de Ken Mizutani lauréat du Concours international de Lausanne de 1939 , vite ternie par un retour obligé dans son pays nippon en guerre. Dans « Allemande (1945) » c’est la révolte intérieure du docteur Ryo Kandan devant tant de jeunes compatriotes, dont son fils, morts à cause d’une dictature militaire impitoyable. Dans « Courante(2016) » le violoncelliste contemporain Guillaume Walter ressent une petite défaillance dans son violoncelle.
Qui saura mieux que quiconque soigner cette fracture de l’âme de l’instrument si ce n’est Pamina Schmidt, petite-fille de la luthière que Ken aima tant ? C’est ainsi que la musique et l’amour vont se révéler les grands vainqueurs de la guerre en  réunissant deux générations et deux continents. Bien plus qu’ une échappée musicale, c’est une aventure spirituelle commune au-delà des océans qu’offre Akira Mizubayashi. Et si Bach fut accusé de piétisme, l’auteur prouve combien sa musique portait la force des Lumières, celle qui proclame la « Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ». Livre d’une grande beauté d’esprit et de cÅ“ur, très opportune dans notre monde d’aujourd’hui , d’hier et de demain.