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« Suite algérienne », par Didier POROT

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Il y a des pays si beaux qu’ils sont aimés de génération en génération, même s’ils offrent autant de malheur que de bonheur. Ici il s’agit de l’Algérie de 1830 reprise aux Ottomans jusqu’à l’Algérie entredéchirée du siècle dernier. Le style réaliste et passionné pour cette Afrique du Nord ne peut être que celui d’un descendant de ces immigrés courageux qui ne craignaient ni la malaria, ni le sirocco, ni même la guerre. Tels sont ainsi, d’origine d’Aquitaine, le royaliste Aimé de Viannac, Anne son épouse républicaine, les frères jumeaux Beaudire et Bernard Maureuil, fils d’un paysan bonapartiste qui les pousse à chercher du travail outre-mer. Alger semble recéler un inestimable trésor, non seulement dans sa beauté et ses richesses naturelles, mais dans son creuset humain. On y croise le vieux Abdallah, andalou chassé par les catholiques espagnols, désappointé de voir son fils Ibrahim revendiquer la nationalité française, Aimé de Viannac attristé par les propos racistes de son fils. On suit la descendance des Maureil dont chaque famille pourrait faire à elle seule l’objet d’un roman.

Chacun de ses membres reste inoubliable, tous ont une personnalité très attachante, aussi différente les unes des autres, mais avec un point commun : celui de l’amour de la liberté pour laquelle ils se battront sans hésitation en 14 comme en 40 et en 58. Une autre caractéristique propre à chacun d’eux : la fidélité à leur religion tout en respectant celle des autres et celle de leur conjoint. C’est pourquoi le décret Crémieux fit tant de mal avant même que le nazisme puis le nationalisme traversent la Méditerranée. Pas de parti pris politique dans ce roman où l’horreur est en filigrane. L’auteur parvient à mettre l’espérance en premier plan, convaincu que l’histoire de l’Algérie est semblable à ces amours impossibles qui meurent d’une trop forte étreinte. D’ailleurs, en route pour le continent, le dernier souhait de Louise devenue centenaire révèle l’incessant combat familial : « Ce qui compte c’est de nous montrer des pionniers dans ce vieux pays qu’est la France… Nous lui apporterons de la vigueur, comme nos ancêtres en ont donné à cette Algérie d’où nous emporte le bateau ». Livre qui mérite d’être lu et relu, comme la « Suite algérienne » de Camille Saint-Saëns qui mérite d’être écoutée inlassablement pour sa douceur orientale qui recouvre le bruit des bottes…

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