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Enjeux biotechnologiques. Des OGM à l’édition du génome, par Catherine Regnault-Roger

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Alors qu’en matière d’agriculture le lobby du bio et les décroissants ont pignon sur rue, ce livre arrive à point nommé. Catherine Regnault-Roger est professeur émérite des universités à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, membre de l’Académie d’agriculture de France et de l’Académie nationale de Pharmacie. Elle vient de publier aux Presses des Mines Enjeux biotechnologiques, un ouvrage qui à première vue semble destiné aux initiés des questions agricoles et agronomiques, mais qui en réalité s’adresse à tous les publics.

Il explique ce que sont les biotechnologies, ce qu’elles peuvent nous apporter, maintenant et dans le futur, et aussi une réflexion sur les aspects réglementaires. Dans les premières pages, Mme Regnault-Roger raconte que la modification génomique est une pratique agricole ancestrale, utilisée dès le début de l’agriculture : exemple le maïs, dont l’épi que nous connaissons aujourd’hui (un hybride) n’a rien à voir avec les premiers maïs découverts puis cultivés. En réalité, le génie génétique ne fait que  reproduire en laboratoire des phénomènes déjà observés dans la nature comme la mutagénèse et la transgénèse. Les résultats sont bien plus rapides et bien mieux adaptés aux besoins de l’humanité que les évolutions « naturelles ».

Catherine Regnault-Roger dénonce des choix politiques insensés scientifiquement, et des controverses instrumentalisées afin d’interdire les OGM dans certains pays, ou de rendre la recherche plus complexe. Elle se désole que l’on empêche de grandes entreprises internationales comme BASF, énorme pourvoyeur d’emplois et acteur majeur dans l’agriculture, de mener ses essais de terrain au sein de l’Union Européenne, l’obligeant à aller s’installer outre-Atlantique. Non seulement la réglementation européenne est lourde (elle laisse tout de même une once de liberté pour les OGM, le maïs MON 810 étant cultivé en Espagne et au Portugal), mais les normes françaises, le laxisme judiciaire envers le vandalisme des faucheurs volontaires, ont réduit à néant la recherche sur les biotechnologies végétales. Il y a vingt ans, on comptait chez nous 800 essais expérimentaux d’OGM en champ ; aujourd’hui il n’y en a plus aucun. Ce blocage réglementaire, politique et surtout idéologique, est néfaste pour l’avenir de notre agriculture.

Avec pédagogie, se référant à des sources nombreuses et détaillées, Catherine Regnault-Roger nous plonge dans ces explorations qui touchent des domaines divers, végétal, animal mais aussi médical. Lutte contre les maladies, meilleure sécurité alimentaire, gains pour l’environnement et productivité accrue pour les agriculteurs, ce livre démontre que l’avenir de l’humanité dépend en grande partie de ces recherches dont les perspectives sont immenses. Dans un monde où la population pourrait à moyen terme atteindre 10 milliards d’individus, qui devront faire face à des conflits mais aussi s’adapter aux aléas climatiques, les biotechnologies sont une arme géopolitique et un atout stratégique majeur. Dommage que l’Union Européenne et la France ne soient pas montées dans le wagon du progrès, en tête, mais dans celui du principe de précaution, en queue…

Ce livre est une œuvre pointue de spécialiste. C’est aussi un « cri » contre les fake news propagées à foison dans les médias. Catherine Regnault-Roger souhaite que la société, abreuvée de propagande mensongère et obscurantiste, se réconcilie avec la parole scientifique. Un tel livre peut y contribuer.

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