Bruno Le Maire est un jeune et brillant ministre des Finances. Il ne manque pas d’ambition : candidat à la présidence des Républicains, puis à la primaire. S’il devenait un jour président de la République, sa politique serait-elle libérale ou interventionniste ? Son livre répond clairement : les intentions seraient libérales, mais pas l’exécution.
Les intentions seraient libérales :
– Il lancerait un vaste programme de privatisations. « Ne garder dans le giron de l’Etat que les entreprises stratégiques de transport, de production nucléaire ou de défense, et céder le reste ». EDF (hors nucléaire), la Caisse des dépôts, la Banque publique d’investissement, etc, devraient donc être vendues.
– « Je ne crois pas au matraquage fiscal… Nous avons le taux de prélèvements obligatoires le plus élevé des pays de l’OCDE… Si nous voulons toucher à la fiscalité nous ne devons plus le faire par une augmentation des impôts nationaux ». Il souhaite faire retrouver aux entreprises françaises leur compétitivité, « une réalité dont il faut tenir compte ». Bruno Le Maire est apparemment favorable à l’impôt à taux unique : « tout le monde doit contribuer à proportion de ses revenus ».
– « Laisser filer les comptes publics aurait été un échec politique majeur ». Il faut réduire les dépenses publiques. « Notre volonté première était de réduire (la dette) de cinq points sur la durée du quinquennat ».
– Il veut « simplifier les procédures administratives » et supprimer la loi sur les
prospérité ». Il évoque le « risque de décrocher définitivement de l’Allemagne qui a pris au début des années 2000 des mesures difficiles mais nécessaires ».
– Il a manifesté au Conseil des ministres son désaccord sur les retraites : « je proposai de modifier les règles de cotisation dès 2020 ». « Le recul du départ de l’âge à la retraite est impératif ».
– « Je choisis le courage de refonder nos institutions ». « Il est nécessaire que les élus démissionnent de la fonction publique quand ils embrassent la carrière politique ». Il faut « alléger des deux tiers le gouvernement » et supprimer le poste de Premier ministre. Il veut renouveler la démocratie : « l’individu ne veut plus être citoyen le seul jour des élections. Il veut être citoyen en permanence ». Il apprécie donc la décision d’« abaissement du seuil de déclenchement du référendum d’initiative populaire de 4,5 à 1 million de signatures ».
– Il est favorable au libre-échange : « L’hégémonie européenne passée a été un produit de notre ouverture, pas de nos frontières ».
Mais « en même temps » ses décisions ont été contraires à ces belles promesses libérales :
– Il n’a pas privatisé Aéroports de Paris, alors que sa loi Pacte le prévoyait, et a nationalisé les Chantiers de l’Atlantique. Comme « nous étions en mal de projets concrets », il a décidé avec les Allemands des dépenses publiques pour « l’Airbus des batteries » alors que Total et PSA s’étaient mis d’accord pour le lancer. Il veut financer « l’hydrogène vert » qu’Air Liquide produit, le traitement des déchets, l’intelligence artificielle, le stockage des données. Il a régulièrement augmenté les dépenses publiques, massivement depuis le Covid.
– Il s’est battu bec et ongles pour faire voter par le Parlement français une taxe GAFA que la Cour des Comptes a déclarée « de nature à porter atteinte à nos intérêts » et qu’il a dû « suspendre » devant les menaces de Donald Trump d’accroître les droits de douane sur les vins français. Il a réduit de 1,76 milliards la baisse de l’impôt sur les sociétés précédemment votée. Il prône une énorme taxe carbone. Il veut que l’Europe décide une « taxation minimale à l’impôt sur les sociétés », « mettre fin à la compétition fiscale délétère », « faire payer les impôts français aux Français expatriés ». « Un des débats à venir pourrait porter sur la transmission des patrimoines ».
– Il répète sa volonté de lutter contre « la montée des inégalités » qui « peut être mesurée par le coefficient de Gini », lequel a pourtant baissé depuis 10 ans. Il fustige « les rémunérations vertigineuses des présidents d’entreprises ». « En inscrivant dans le code civil la notion de « raison d’être » nous avons donné la possibilité aux entreprises de participer à ce mouvement nécessaire de lutte contre les inégalités », comme si la « raison d’être » n’était pas autre chose qu’un simple habillage de communication et que les entreprises n’avaient pas précédemment cette « possibilité » qu’il a fallu leur donner. Il veut une « réinvention du capitalisme : le profit ne vaut plus en tant que seule ligne de conduite pour les entreprises ». Il veut «réguler les géants du numérique, voire les démanteler » . « La lutte contre le réchauffement climatique est un objectif parmi les plus nécessaires ». Les accords de libre-échange doivent être « conditionnés par le respect des accords de Paris ». Bref « la politique doit se réapproprier l’économie ».
Pour conclure citons sa formule, qui s’applique exactement à ses promesses libérales :« Les mots dissimulent autant qu’ils montrent. Ils trompent souvent ».
L’Ange a fait la Bête.
3 commentaires
Fraudeur, vrai politicien
Platon disait : « la perversion de la cité commence par la fraude des mots «
Donc à éliminer des prétendants crédibles
Un lecteur de VA laissait entendre qu'il pourrait démissionner à la fin de l'année pour se présenter en 2022 ayant l'expérience pour être crédible.
Pourquoi pas effectivement au cas où l'actuel président ne se représente pas ou qu'il ait peu de chance d'être au second tour.
Article donc éclairant pour qui souhaite un libéral à la tête de l’État.
B. Le Maire, se gave de mots mais reste avant tout un énarcotechnocrate socialiste, qui appliquerait les mêmes méthodes imbéciles de gestion de la France basées sur les taxes, les normes, les règlementations, les prélèvements hallucinants ! bref, une catastrophe nationale.
Désolé mais B. Le Maire est tout sauf un libéral.
Regardez la définition du libéralisme…. !
Bien à vous.