Institut de Recherches Economiques et Fiscales

Faire un don

Nos ressources proviennent uniquement des dons privés !

Journal des Libertes
anglais
Accueil » Une société sous conditions de ressources ?

Une société sous conditions de ressources ?

par
97 vues

Il ne suffit plus de niveler par l’impôt. Les prestations sociales y contribuent aussi, et de plus en plus. La liste est innombrable des allocations attribuées en fonction du revenu :les allocations de rentrée scolaire, le complément de libre choix du mode de garde, les prestations d’accueil du jeune enfant, les allocations logement, le RSA, l’ASS, l’ATS, l’ATA, l’AAH, l’ASPA, l’ASI, l’AVTS, la CMU et tant d’autres acronymes barbares…Oui, ils existent tous ! Et en même temps les tarifs sociaux se multiplient pour qu’en fonction de son revenu chacun paye différemment son métro, la halte-garderie, ses vacances, l’eau (loi Brottes du 15 avril 2013), le gaz ou l’électricité (avec respectivement le Tarif Spécial de Solidarité –TSS- et le Tarif électrique de première nécessité –TPN- élargis depuis le 1er novembre 2013)… Demain ça sera le pain qu’il faudra acheter en produisant sa feuille de paye !

Cette politique d’assistance a un coût et il est supporté de plus en plus par les contribuables, parce que les cotisations sociales ne sont pas plafonnées et au travers de la CSG qui rapporte deux fois plus que l’impôt sur le revenu et qui finance les dépenses sociales abyssales de la France : près d’un tiers du PIB, un record mondial hors les derniers pays communistes où tout est collectif !
Il restait les allocations familiales, intouchables par tradition autant que par une morale sociale qui a ses vertus, reconnaissante de la famille comme force de vie et d’éducation des enfants. Mais le tabou est tombé au nom de cette obsession égalitaire pour laquelle il faut que ceux qui payent plus reçoivent moins. A défaut de politique, le gouvernement a inventé la progressivité dégressive. Une politique bien volontiers mise en œuvre par cette majorité de fonctionnaires dès lors que ces apparatchiks bénéficient, eux, à l’inverse, d’un supplément familial qui augmente avec leur salaire ! Un agent qui gagne 2 000€ par mois perçoit 180€ de supplément mensuel tandis que celui qui touche un salaire de 3 500€ reçoit 281€ à ce titre. Ils profitent du système en forgeant pour les autres la triste médiocrité des sociétés uniformes.

Car leur mécanisme est diabolique tant il contribue par lui-même à le renforcer en « désincitant » les individus au travail, en les poussant à rejoindre les immense bataillons des exonérés d’impôt sur le revenu, de taxe d’habitation, de charges sociales… Ces mesures « créent les pauvres qu’elles assistent » comme le disait Malthus. Les différences s’estompent tant entre ceux qui travaillent et ceux qui vivent de l’aide publique généralisée, qu’ils sont de plus en plus nombreux à se demander pourquoi ils se donnent encore de la peine. L’IREF a calculé qu’une famille de trois enfants dont les deux parent gagnent 1500€ chacun, à peine plus que le SMIC, ne dispose in fine que de 500€ de plus par mois que la même famille dont les deux parents ne travaillent pas et sont abonnés aux aides sociales. Un même couple avec deux salaires de 1.500€ par mois, cotise aux allocations familiales environ 160€ par mois et reçoit 129€ s’il a deux enfants. Avec un salaire de 1.500€, est-on à ce point « riche » pour cotiser plus que ce que l’on perçoit ? Arthur Laffer se demandait déjà dans les années 1980 « pourquoi travailler si à chaque fois que vous travaillez, vous recevez une facture et à chaque fois que vous arrêtez de travailler, vous recevez une allocation » ?

Il y a au demeurant des laissés pour compte, des paumés incapables. Il y en a toujours eu depuis que le monde est monde et le devoir des autres est de leur porter attention et assistance. Mais ils sont infiniment moins nombreux que ceux, innombrables, que l’Etat entretient désormais, comme à Rome avant sa chute. Aujourd’hui se multiplient les allocataires auxquels un Léviathan bienveillant tend la main pour mieux les enfermer dans sa dépendance. La pauvreté se propage sans chance de s’en relever. Pour en sortir, précisément, c’est la porosité sociale qu’il faut favoriser, que tous aient l’espoir de regagner demain la décence vitale un moment perdue, que tous aient la possibilité et la liberté de reprendre une activité, même mal payée, pour retrouver une dignité.

L’égalité n’est pas un but en soi, mais plutôt la réduction de la pauvreté. Et nous n’y parviendrons pas en appauvrissant tout le monde, mais en enrichissant le plus grand nombre. Il ne sert à rien d’abaisser, mais plutôt d’élever ceux qui le peuvent, ce qui suppose un apprentissage de la responsabilité. A cet égard il vaudrait mieux permettre à chacun de s’assurer librement pour la santé comme pour la retraite, d’entreprendre sans contrainte, d’embaucher ou débaucher plus facilement… La croissance libérée et les économies opérées permettraient à l’Etat de s’occuper aisément de ceux qui en ont vraiment besoin, ou, mieux encore, de donner force aux initiatives collectives et individuelles capables de les prendre en charge. La liberté partage mieux la richesse que la dépendance.

Cette Tribune a été publiée dans Le Figaro du 29 octobre.

Abonnez-vous à la Lettre des libertés !

Vous pouvez aussi aimer

Laissez un commentaire

1 commenter

DURFRE 5 novembre 2014 - 6:02

assistanat
Autre facon de mettre en évidence l'interet de travailler entre 2 familles avec une assistée et l'autre à 2×1500 €/mois: 500 € de pouvoir d'achat en plus pour 2×152 h / mois signifie que l'état francais fait travailler ces 2 personnes pour 1.64 €/h. Si l'employeur respecte le droit du travail avec une rémunération > au SMIC, d'un point de vue moral, l'état ne le respecte pas.
Avez vous calculé le point bas de pouvoir d'achat supplémentaire entre ces 2 familles? est ce 2 x 1500 €? est ce 2 x 1100 €?
Pour résoudre nos problèmes francais de chomage et/ou d'assistanat, je propose une solution.
On pourrait batir un outil pour conseiller les familles. En fonction de leur situation, le pouvoir d'achat est de X €/h. Compte tenu du risque (accident du travail, maladie professionnelle, fatigue) et des aléas financiers (cout d'habillage, de déplacement, non disponibilité pour travaux presonnels…), on peut fixer arbitrairement un minimum de 1€/h.
En dessous, l'état suggère à 1(ou2) parents d'arrêter le travail, donc de libérer un poste: chomage résolu. Le mieux étant de contraindre le couple à arrêter au moins un poste, ce qui est la moindre des choses dans un état socialiste.
Second avantage: dès qu'un million de couple a suivi ce conseil, le système explose et la démonstration sera faite de son ineptie

Répondre