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Réforme des retraites

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Vous avez certainement vu l’annonce de la grande réforme des retraites dans le programme présidentiel: « L’euro cotisé donne les mêmes droits, quel que soit le moment, quel que soit le statut de celui qui a cotisé ». Et vous en avez donc déduit le plus simplement du monde le slogan à la mode: « à cotisations égales, retraite égale pour tous ». Ah, la belle histoire, pourtant la réalité est beaucoup moins lumineuse et elle commence même à interroger pour peu que l’on s’attache tout simplement au sens des mots.

En effet, tous les calculs, même ceux du Conseil d’Orientation des Retraites majoritairement constitué de fonctionnaires, montrent que l’équilibre financier du régime de la fonction publique civile d’État ne tient que grâce à une cotisation patronale – en fait, une grosse subvention – qui incorpore suivant les présentations qu’on en fait et les retraitements qu’on lui impose une majoration de 20 à 200% . des cotisations patronales en vigueur dans le privé (la moyenne effectuée entre les cinq présentations distinctes du COR révèle un doublement!) . Et compte tenu de spécificités qu’on comprend mieux du fait notamment de carrières souvent plus courtes, la fonction publique militaire est plus coûteuse encore. En réalité, d’une manière ou d’une autre, c’est toujours l’État et donc le contribuable qui paye l’essentiel et de très loin des retraites des fonctionnaires… comme d’ailleurs de celles des autres régimes spéciaux.

Alors si l’on décide sans rien changer d’autre et sans revenir sur le poids relatif extrêmement dispersé des cotisations patronales qu’un euro de cotisations rapportera pour tous les mêmes droits, on abuse et on amuse le public (même si c’est vrai que trop souvent échaudé, il a appris à se méfier!). Tant qu’elle demeure ainsi, les fonctionnaires et les régimes spéciaux n’ont quasiment rien à craindre de cette grande réforme qui en réalité pérenniserait leurs privilèges, puisque l’État continuerait comme par devant à prodiguer ses largesses au sein de cotisations patronales surdimensionnées valant un commode supplément de retraites à ses fonctionnaires. Or normalement et c’est d’ailleurs ainsi que l’OCDE raisonne au grand dam du COR et des autres officines publiques, c’est la contribution salariale qui doit constituer la référence de vérité et la justice veut que ce soit à l’aune du taux de rendement de cette seule cotisation que se mesure l’équité du système. Cette approche vertueuse sous-tend évidemment des cotisations patronales de niveaux quasiment identiques pour la presque totalité des régimes et on peut se demander dans quelle mesure l’assurance contraire avançant qu’il n’en serait rien n’annonce pas en fait un autre biais en vue du maintien discret des privilèges de certains statuts bien en cour, notamment chez les régimes spéciaux (le cas des indépendants étant réservé à cause de leur contribution unique).

De même, si l’on décide certes et à juste titre de revenir sur l’usine à gaz de la pénibilité (sinistre avatar d’une intelligence de gauche passablement tourmentée et parfaitement étrangère aux réalités de l’entreprise), on prévoit de bloquer sagement le curseur à un plafond de deux ans d’anticipation de la retraite, contre quatre à cinq ans en réalité dans les catégories dites « actives » de la fonction publique et des autres régimes spéciaux. Tout le monde sait bien en effet que les métiers pénibles le sont infiniment plus dans le secteur public où ils sont largement reconnus (c’est d’ailleurs sans doute pour cela que les horaires effectifs sont souvent « allégés » ou très favorablement « aménagés » comme pour les contrôleurs aériens) que dans le secteur privé où ils donnent lieu à de mesquines palabres et à des contestations infinies.

Après les retraités rançonnés par la majoration brute de la CSG qui iraient aux dires du pouvoir se refaire une santé sur l’exonération progressive de la taxe d’habitation et sur la suppression promise du reste à charge sur les prothèses dentaires et les lunettes, voici donc la grande et généreuse promesse de la retraite (quasiment) égale pour tous, assortie enfin d’un correctif de pénibilité qui sera simple et performant. Assurément, à travers les quelques questions abordées ci-dessus ( et il y en a beaucoup d’autres: on ne sait toujours pas par exemple si la majoration annoncée de csg sera déductible, entièrement, partiellement ou pas du tout !), la prestidigitation médiatique est un domaine dans lequel « En Marche » et son Chef sont très forts. Ils y sont en tout cas beaucoup plus à l’aise que pour indiquer précisément les domaines où ils vont « loger » les quelque 60 milliards de réduction de la dépense publique qu’ils ont promis sur cinq ans (soit même pas 3% d’un PIB annuel et donc 0,60% du PIB quinquennal, à peine plus de 1 % du total de la dépense publique : quel exploit!).

Mais – ne nous pressons pas – cinq ans, c’est un délai suffisant pour que nous ayons à coup sûr l’occasion de revenir à loisir sur ces questions et tant d’autres, toutes nimbées pour l’instant et comme à dessein d’un halo hautement protecteur.

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2 commentaires

flamand râleur 21 juin 2017 - 12:43

Retraites
J'ai, depuis 07/2000, beaucoup étudié le rapport répartition/capitalisation. On démontre mathématiquement que la répartition est impossible car elle concerne toute une population et non une part seulement comme dans l'assurance. Cédric VILLANI médaille FIELD de mathématique élu récemment député LREM pourra-t-il cautionner cette tromperie sans ternir sa médaille. Il ne s'agit que de calculs d'intérêts et de croissance d'un échantillon la forme la plus simple du calcul exponentiel.

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Thierry BENNE 21 juin 2017 - 4:49

UN VENT MAUVAIS…

Il est certain que , contrairement aux lieux communs les plus éculés qui circulent en sa faveur, la répartition est un système fragile qui suppose de préférence la conjonction durable d'une démographie favorable avec une croissance économique significative. On en est loin et les deux piliers se fissurent en même temps depuis plusieurs années.

Or on constate que les prévisions du Conseil d'orientation des Retraites soufflent alternativement le chaud (avant les élections) et le froid (après). C'est ainsi qu'alors qu'on nous assurait voici quelques mois encore, que le mieux était à notre porte , il se recule brusquement suite à la révision par l'INSEE de ses prévisions démographiques dans un sens défavorable qui repousse l'objectif d'équilibre à des années où toute prévision s'apparente à de la conjecture.

Dans ces conditions, il n'est pas sûr du tout que la grande réforme promise par le Chef de l'État puisse conserver encore l'élan et les ambitions que lui assigne le Chef de l'Etat, présentement d'ailleurs le seul à savoir exactement ce qu'il veut faire, sans pourtant être sûr de pouvoir encore le faire .

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