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Pourquoi la fin de la Clinton Global Initiative

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La fin de la présidence d’Obama et l’investiture de Trump ont largement fait passer en arrière plan une information assez croustillante en matière « d’influence » : la fermeture imminente de la Clinton Global Initiative (CGI) de la famille Clinton. Simple hasard ou preuve de la connivence entre le politique et l’économique sous le masque de l’humanitaire ?

Lors de son discours d’investiture le 20 janvier Donald Trump a pu clamer que sous son administration, le pouvoir allait revenir de « Washington au peuple américain ». Même si elle peut sembler populiste au premier abord, l’idée sonne assez juste. La volonté de Trump de « drain the swamp », c’est à dire « assécher, vider le marécage » – Washington est bâtie sur un marais – consiste à remettre de l’ordre dans la politique qui se fait à Washington autour de lobbies et d’agents d’influence. L’intention est bonne – difficile de le contredire sur ce point.

Il se trouve justement que le flot incessant de « nouvelles » sur le départ d’Obama et l’investiture de Trump a largement fait passer en arrière plan une information assez croustillante en matière « d’influence » : la fermeture imminente de la Clinton Global Initiative (CGI) de la famille Clinton. Les vingt-deux derniers employés seront remerciés le 15 avril. Fondée en 2005 par Bill Clinton et son homme de main Doug Band, la CGI tenait des réunions pour VIP avec, selon les termes de Bill Clinton, « l’objectif de créer un réseau mondial d’activistes qui se tendent la main au-dessus des divisions de notre monde interdépendant, afin de bâtir de vraies communautés avec des opportunités partagées, des responsabilités partagées et un sentiment authentique d’appartenance ». Si la CGI n’était pas une fondation charitable directe comme la Clinton Fondation, elle entendait tout de même œuvrer pour un monde meilleur.

Le monde est-il donc devenu meilleur depuis l’élection de Trump ? La pauvreté s’est-elle soudain éteinte dans le monde ? Dans l’optique d’une élection d’Hillary Clinton, Bill Clinton avait annoncé la future fermeture de la CGI en août dernier. Il aurait en effet été difficile de concilier l’existence de la CGI avec Madame Clinton Présidente des USA pour des raisons de conflits possibles d’intérêt. Pourtant était-il si facile de concilier la CGI avec les différents mandats ou postes de Madame Clinton (sénatrice de l’état de New York de 2001 à 2009, responsable du Département d’État de 2009 à 2013) toutes ces années ? Madame Clinton est désormais hors course, le moment serait donc rêvé pour au contraire pousser sereinement la CGI – et sans doute contrer l’action de M. Trump au plan international.

Mais le conflit d’intérêt, notamment autour de la personne de Bill Clinton, était permanent comme ont pu en témoigner les emails fuités par Wikileaks avant les élections. En 2011 Doug Band, qui vient de lancer son entreprise Teneo, envoie un mémo à Bill, Chelsea, et John Podesta (directeur de campagne de Clinton, dont les emails ont été piratés) et d’autres membres de la Fondation Clinton pour clarifier ses activités. Il rappelle qu’il a à la fois levé des fonds pour la fondation et assuré des contrats d’orateur de conférence et de conseil pour l’ancien président. Il explique qu’il a obtenu non seulement des avantages en nature pour le président et sa famille, mais aussi permis au président de toucher 50 millions de dollars en activités lucratives avant 2011 (et 66 millions à venir). Ce qu’il en ressort évidemment est que la frontière entre les activités charitables et les activités lucratives de Bill Clinton était pour le moins floue.

Il aurait pu être opportun de faire le ménage et de se concentrer réellement sur la tâche officielle de la CGI à un moment crucial. Mais voilà, il semblerait que les belles causes défendues par la CGI n’intéressent soudain plus ses donateurs. Le gouvernement australien, qui avait financé la CGI à hauteur de 88 millions de dollars sur dix ans a annoncé ne pas souhaiter continuer à donner. La Norvège a de son côté très fortement réduit sa participation, passant de 20 millions en 2015 à 4,2 millions de dollars en 2016. Le nombre de donateurs s’est réduit comme peau de chagrin.

L’explication qui semble la plus logique est que des États ou sociétés finançaient la CGI en échange d’un accès au pouvoir et à l’influence de Madame Clinton – dans l’espoir que cette dernière soit Présidente et prenne des décisions les favorisant. Madame Clinton écartée du pouvoir, son influence est quasi inexistante et il ne sert plus à rien de financer son initiative. La CGI aurait été ainsi un instrument de réseau et d’influence au service de la dynastie Clinton, lui permettant d’amasser pas mal de cash – nécessaire pour les campagnes. La théorie du Public Choice qui s’intéresse aux « marchés politiques » explique d’ailleurs très bien ce phénomène : c’est un simple échange de faveurs. Il sort ici du cadre purement national pour prendre une dimension internationale, les États-Unis étant évidemment un acteur mondial majeur.

L’affaire de la Clinton Global Initiative montre à quel point la connivence entre politique et économique (et le politique d’autres pays) peut venir empoisonner la démocratie et, bien évidemment, la reddition des comptes et la transparence du politique, qui devraient constituer un pilier de la démocratie. De ce point de vue, même s’il n’est pas un pur produit de Washington, M. Trump a lui aussi été critiqué pour son « capitalisme de connivence ». Saura-t-il se débarrasser de ces pratiques et, par ailleurs, réellement « drain the swamp » comme il l’a promis ? Étant donné que son programme est fondé sur « la protection », on peut en douter : le protectionnisme enfante naturellement la connivence. Il est ainsi peu certain que « la protection mènera à la prospérité et à la force », comme le nouveau Président l’a soutenu.

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