Jacques Attali met régulièrement en ligne des petites vidéos pour… alimenter le débat. Celle du 14 janvier intitulée « Prenons le temps ! Le repas est l’ennemi du capitalisme », vaut le détour.
Le repas contre la société de consommation
Voici ce que déclare Jacques Attali : « Le repas devrait être ce qu’il a longtemps été, le moment d’une connivence, d’une conversation, le moment véritablement anticapitaliste, où on ne consomme que ce qu’on a produit soi-même, où on ne travaille pas (…). Le repas est tellement contraire à la société de consommation (…). Si vous voulez être révolutionnaire, prenez le temps du repas fait avec amour (…) ».
Un billet paru dans Marianne (14 janvier 2024) a immédiatement fait l’éloge du polytechnicien-énarque. C’esr dans ce même magazine (20 août 2022) que le critique gastronomique très à gauche Périco Légasse avait loué Jacques Attali pour avoir passé « le consumérisme néolibéral au hachoir » dans son essai publié en 2019, Histoires de l’alimentation. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il a immédiatement manifesté son approbation sur le fait que le capitalisme s’appropriait « le temps intime » et qu’il produisait « un espace-temps général qu’il impose à tout le monde ».
La cuisine française contre le capitalisme ?
Habituellement, le domaine culinaire n’est pas trop pollué par la gauche et encore moins par l’extrême gauche. Les grands cuisiniers sont le plus souvent rétifs au socialisme et à la socialisation du fait de leur parcours, autodidacte ou non, et du fait qu’ils connaissent mieux que quiconque le goût de l’effort tout en respectant, en les renouvelant, les traditions françaises. Il existe toujours quelques exceptions, Bernard Loiseau en son temps, proche de François Mitterrand, ou Thierry Marx aujourd’hui (un nom approprié…) qui, dans sa chronique de France Info « Le mot à la bouche », verse fréquemment dans l’anticapitalisme primaire, ce qui ne l’empêche pas d’être l’un de nos meilleurs chefs.
Tout est politique
La vidéo sidérante de Jacques Attali permet de comprendre que, pour la gauche, tout est ou doit être politique. Comme le disait le vieux slogan de la collection « Points » aux Editions du Seuil, « les problèmes politiques sont les problèmes de tout le monde ; les problèmes de tout le monde sont des problèmes politiques ». Autrement dit, l’éducation est politique, la culture, la santé, le sport et donc la cuisine aussi. Mais (et ceux qui soutiennent cette idée, consciemment ou non, l’oublient), qui dit politisation dit phagocytage de la société civile par l’État, par voie de conséquence accroissement de l’interventionnisme tous azimuts et réduction des libertés.
Irréalisme et nullité économique
La vidéo de Jacques Attali est aussi révélatrice d’une certaine gauche dite caviar et qui en l’espèce n’a jamais mieux porté son nom. L’ancien conseiller spécial de François Mitterrand et chantre de L’Anti-économique, selon le titre de son ouvrage paru en 1975, manifeste toujours son incapacité à comprendre les mécanismes économiques. Pour paraphraser Leonard Read dans son opuscule de 1958, il ne saisit pas comment on fabrique un crayon. Un simple crayon est en fait le produit de la division du travail chère à Adam Smith ; il est le résultat du travail d’un nombre considérable de personnes qui coopèrent de manière spontanée, et non la création d’une autorité planificatrice et centralisée.
Il en est ainsi de l’alimentation qui suppose la production complexe d’outils, de matériaux et d’ingrédients. Il est donc stupéfiant de prétendre, comme le fait Jacques Attali, qu’un repas est ou puisse être le moment « où on ne consomme que ce qu’on a produit soi-même ».
« Prendre le temps » grâce au capitalisme
Pour « prendre le temps », comme le souhaite Jacques Attali, encore faut-il en avoir les moyens. Et c’est justement le capitalisme honni, le capitalisme vilipendé qui a permis aux individus d’opérer un arbitrage entre différentes activités à mener ou à ne pas mener, c’est lui qui a permis de créer du temps libre. Et cela parce que c’est lui qui a permis de nourrir la planète et de sauver de la pauvreté comme de l’ignorance crasse des milliards d’hommes de par le monde.
Les idées de Jacques Attali sont en réalité des résurgences de l’idée controuvée du paupérisme selon laquelle le capitalisme aurait succédé à une période de bonheur bucolique. Friedrich Engels avait écrit pareilles billevesées en 1845 dans La Situation de la classe ouvrière en Angleterre. Ludwig von Mises a fait litière de ces allégations dans son maître-ouvrage, L’Action humaine : « C’est le capitalisme qui a raccourci le temps de travail et qui a retiré des ateliers les femmes mariées et les enfants, car il a rendu le salarié si prospère qu’il est en mesure de s’offrir davantage de loisirs, pour lui-même et pour les siens ».
Plutôt que de cracher dans la… soupe, Jacques Attali ferait mieux de « prendre le temps » de savourer les bienfaits du capitalisme dont il bénéficie quotidiennement, lors de ses repas entre autres.
9 commentaires
Tout est politique, même nos toilettes. D’ailleurs, quand on créé une « comission » je me demande toujours si c’est la « grosse » ou la « petite »…
tout à fait d’accord ;
mais qui aura la bonne réponse ?
ton cousin, Jean-Peuplu de…
Attali laissera l’image de ce qu’il est : un grand bourgeois de gauche, bénéficiaire de la meilleure éducation possible, méprisant avec les autres, dogmatique et sans vision.
Cet imminent représentant de la gauche « bavard » mérite tous nos compliments pour ses judicieux conseils qui ont aidé au déclin de notre pays. Pour ce qui est de se gaver ces individus stériles savent de quoi ils parlent!
Attali jouit de l’argent des autres depuis sa naissance. Je connais ce type d’oisifs qui n’a de cesse de prétendre que tous les autres « ne font rien » en faveur du climat, de l’environnement, des pauvres, etc.
Attali devrait répondre des effets de ses « conseils au prince » qui ont ruiné la croissance de notre pays durant les sombres années Mitterrand.
Sincères salutations et merci à l’IREF (dont je suis un modeste soutien et il me semble que, dans ma vie de contribuable et à mon grand regret, j’ai bien davantage soutenu l’oisif et nuisible Attali).
Un collègue vient de se voir proposer une plaque gault et millau alors que le client témoin venait de manger une cuisine d’assemblage surgelée !
Bien à vous
Si l’on considère que le capitalisme est un modèle économique reposant sur la propriété privée des moyens de production et d’échange, j’ai tendance à considérer que la capitalisme n’a jamais succédé à rien : de tout temps, des gens ont possédé des moyens de production et d’échange qu’ils faisaient fructifier par le travail d’autres.
Quelle différence fondamentale entre le seigneur féodal d’autrefois et le conseil d’administration d’un géant de l’agroalimentaire ? Tous deux possèdent des terres, emploient des ouvriers pour les exploiter et engrangent du profit de la vente de cette production. Et sont soumis à l’impôt ; du suzerain ou de l’État.
Je n’ai toujours vu, dans le Communisme, qu’un capitalisme dans lequel l’État serait en situation de monopole sur toute l’économie. Un État ou un conseil d’administration, quelle grande différence ? Les deux possèdent, emploient et profitent. Et à quel moment une personne cesse-t-elle réellement d’être privée ? Parce qu’on lui accorde le pouvoir au nom de plus nombreux qu’elle-même ? Dans ce cas, le PDG aussi est une personne publique. Il n’existe pas d’Humain altruiste qui ne pense d’abord aux intérêts des autres avant les siens. L’État, est plus particulièrement l’État communiste, ce n’est qu’une puissance faites de personnes privées prétendant se mettre au service des autres. Qui parfois le font, certes, mais souvent ne le font pas.
La propriété (privée ou publique) et l’exploitation des fruits du travail par les possédants sont deux constantes intemporelles de notre espèce. Une petite minorité possède les moyens de production qu’une immense majorité exploite : c’est vieux comme l’Humanité, en fait. Il n’existe pas de société humaine qui dépasse l’échelle de la tribu qui ne pratique que le partage équitable des tâches et des richesses produites ; il y a au contraire toujours eu des propriétaires, des ouvriers et des commerçants. Et l’ouvrier a toujours été le moins bien rémunéré, quelle que soit l’époque, car ce n’est pas le travail qui enrichit, mais le commerce du travail des autres (il n’existe aucun ouvrier milliardaire, n’est-ce pas ?).
Mais le progrès, lui, est plus récent. Beaucoup plus récent. Si on le résume en peu de mots, il tient à l’expansion de l’économie européenne à l’ensemble du globe. Cette richesse immense, concentrée entre quelques mains, a alimenté le progrès technologique. Qui, à son tour, a encouragé le progrès démographique. Plus de ressources produites vendues à plus de clients, cela engendre une élévation du niveau de richesse globale qui, par effet de ruissèlement, atteint finalement le bas de l’échelle.
Faut-il y voir un succès du capitalisme ? Je réponds non puisque le capitalisme a toujours été, quelque nom qu’on lui donne. Il y a donc d’autres facteurs à considérer : le génie scientifique en premier lieu ; mais les Romains n’étaient ni plus bêtes, ni moins riches ni moins mondialistes que les Européens modernes, en témoignent les routes, les aqueducs et les comptoirs commerciaux qu’ils ont semés sur tout le monde méditerranéen. Quelle civilisation peut-on me brandir dans l’Histoire de l’Humanité en prétendant qu’elle ne pratiquait ni la propriété privée, ni l’exploitation du travail ni le commerce ? Alors pourquoi l’Europe et pas une autre civilisation du monde ? Et pourquoi le dix-neuvième siècle et pas le quinzième ?
Oublions les étiquettes un instant pour admettre que le même modèle économique a toujours prévalu dans toutes nos sociétés de tout temps : celui que l’on définit aujourd’hui comme capitaliste et dont je préfère pour ma part considérer qu’il correspond tout simplement à l’expression de la nature profonde de l’être humain (propriété, exploitation, commerce). Il devient risible de considérer que ce modèle universel a pu produire, de lui seul, un phénomène aussi ponctuel dans le temps et l’espace qu’un tel progrès humain. S’en tenir à une telle analyse me semble pour le moins superficiel.
Attali nouveau Saint-Paul sur la route de Damas ? On en rigole… Mais après tout, Saint-Paul avait commis bien des horreurs avant sa conversion! Comme Attila et Attali..
Selon Attali: …on ne consomme que ce qu’on a produit soi-même ! Est il seulement capable de faire cuire un oeuf ? Dans l’affirmative, je l’encourage fortement à y aller sans tarder…