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Pandémie étatique

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La Chine a réussi le tour de force d’étendre au monde son modèle de contrôle social au prix d’une épidémie. Et M. Macron qui en rêvait a saisi l’occasion dans son discours de ce 12 mars. L’Etat déjà surpuissant prend en mains les manettes qui lui manquaient. En attendant peut-être de confiner tout le monde chez soi, il demande aux : « personnes âgées de plus de 70 ans… de rester autant que possible à leur domicile ». Mais rassurez-vous, elles sont autorisées, par exception, à « sortir de chez elles pour faire leurs courses, pour s’aérer, mais elles doivent limiter leurs contacts au maximum ». Les enfants, transmetteurs sains, ont été envoyés dans la rue, dans les cafés ou chez les papis-mamies qui n’ont pas le droit de sortir mais qui pourront être infectés à la maison. Mais sans tarder, le gouvernement s’est aperçu de l’erreur et l’a rectifiée en fermant tous les cafés et restaurants et en recommandant d’utiliser si peu que possible les transports en commun. Pas de problème pour le président et ses ministres qui ont des cuisines privées et des chauffeurs !

En fait, on ne sait pas bien quel sera le développement de ce virus. Certes, il s’agit d’autre chose que d’une banale grippe, plus contagieuse et plus mortelle. Mais on nous donne des décomptes qui sont faux à défaut de disponibilité de tests, sauf bien entendu pour les ministres – encore eux – ou leurs collaborateurs, qui y ont accès au moindre rhume. Il y a sans doute des dizaines de milliers de Français qui ont été atteints sans symptômes si graves qu’ils aient dû aller aux urgences. Dès lors, le calcul de la létalité (proportion de morts par rapport au nombre de contaminés) est impossible à calculer et il est possible qu’elle ne soit guère supérieure à celle de la grippe saisonnière. Il faut aussi relativiser le taux de mortalité : au 13 mars, il y avait 5 065 décès dus au Coronavirus dans le monde, dont 3176 en Chine (sous réserve de la fiabilité des chiffres chinois), où l’épidémie décroît sérieusement ( 8 nouveaux cas seulement le 13 mars), sur près de 1,4 milliard d’habitants, soit un taux de mortalité à ce jour de 0,000226%. En France, au 15 mars, il y avait 120 morts, soit une mortalité de 0,0000018 %. Elle est appelée à s’accroître bien sûr. Mais fallait-il mettre la France sous cloche pour autant ? Et est-ce constitutionnel ?

Les pouvoirs publics ont peur que le système de santé soit débordé. Ils ont moins la prétention de repousser la vague des malades que de l’étaler. Ils veulent protéger l’hôpital public plus que les personnes contaminées. C’est en fait la défaillance du système de santé étatique que démontrent ces mesures, et non, comme l’a clamé M. Macron jeudi, que «la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, notre Etat-providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe ». C’est même tout le contraire. Notre système ne sera pas capable d’accueillir un rush parce que déjà il n’y plus suffisamment de généralistes, que les urgences sont en surchauffe permanente, que les hôpitaux manquent de lits par suite de quotas stupides imposés depuis des décennies aux examens de médecine. Ajoutons à cela une sécurité sociale impotente qui paupérise progressivement médecins et personnels hospitaliers, une politique centralisatrice, restrictive et néanmoins très onéreuse (11,2% du PIB en 2018 selon l’OCDE, parmi les quatre pays dont le financement est le plus élevé de l’OCDE). Et l’infection court d’autant plus vite que le gouvernent n’a pas su éviter la pénurie de masques protecteurs et produits de désinfection des mains que madame Buzyn a envoyés en Chine il y a quelques semaines !

Avec l’annonce impromptue du passage en stade 3 des mesures de santé à la veille du premier tour des municipales, LREM a peut-être essayé ainsi de reprendre la main sur les élections qui lui échappaient. Il n’y a pas réussi en l’état. Mais il avance désormais à découvert sur ses ambitions plus importantes qui veulent saisir toute la société. Il aurait pu augmenter la réponse sanitaire en mettant en œuvre, comme en Corée du Sud où l’épidémie a été l’une des plus importantes et semble déjà sur le déclin, un accès plus facile et très rapide aux tests ainsi qu’un traçage des personnes contaminées, pour les mettre en quarantaine et les soigner autant que pour savoir qui a eu contact avec elles, sans mettre tout le pays à l’arrêt. Mais la Corée dont le système de soin est très largement privatisé est mieux outillée. En France, M. Macron pratique la politique de la peur chère à Machiavel et utilise cette « pandémie » pour renforcer l’Etat. Ainsi soutient-il « qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie au fond à d’autres est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle… ». Ses ministres sont à l’unisson et se réjouissent de pouvoir dépenser, d’élargir leur pouvoir, de croire qu’ils existent en contraignant les gens et en les imposant. Car bien sûr, il faudra payer les dizaines de milliards que l’affaire va “coûter à l’Etat” selon l’annonce de M. Le Maire. En fait, elle ne coûtera pas à l’Etat, mais aux contribuables.

M. Macron prône un repli sur soi au vent d’un nouveau virus passager sans réfléchir aux conséquences des mesures qu’il a prises. Il y a ce qu’on voit disait Bastiat, le combat qui pourrait être utile, voire nécessaire autrement, contre le coronavirus, et ce qu’on ne voit pas, cette France qui va payer très cher son immobilisation forcée. Les entreprises en faillite, les chômeurs et la pauvreté qui gagnent…, ce sont autant de Français affaiblis, susceptibles d’être atteints d’autres maladies et frappés d’autres souffrances peut-être plus graves et peut-être en nombre beaucoup plus important.

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5 commentaires

zelectron 17 mars 2020 - 1:30

et les tests systématiques ?
comme en Corée du sud où ils sont pratiqués par dizaines de milliers par jour !

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Titus19 17 mars 2020 - 4:00

Pandémie etatique
Pandémie étatique.. ..
Beau titre choc pour fustiger, comme à votre habitude…,toute initiative publique !
Je pense être d'essence libérale, mais on peut reconnaître l'impérieuse nécessité d'un leadership pour mener et gagner une guerre…et qui peut l'assumer si ce n'est le PR et le gouvernement ?
"ILS…veulent protéger plus l'hôpital public que les malades contaminés"…. belle formule d'essence comploto-populiste!

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Jean-Philippe Delsol 19 mars 2020 - 2:36

Hélas pour craindre que j'aie raison il suffit de lire le projet de loi d'urgence pour faire face à l'épidémie de Covid-19 selon lequel « La déclaration de l’état d’urgence sanitaire donne pouvoir au Premier ministre de prendre par décret pris sur le rapport du ministre chargé de la santé, les mesures générales limitant la liberté d’aller et venir, la liberté d’entreprendre et la liberté de réunion et permettant de procéder aux réquisitions de tout bien et services nécessaires… afin de lutter contre la catastrophe sanitaire mentionnée à l’article 4. Ces mesures sont proportionnées aux risques encourus et appropriées aux circonstances de temps et de lieu".
Ca n'est pas moi qui fait du complotisme! C'est le gouvernement qui sans le dire prend tous les pouvoirs. Certes, je ne crains pas que MM Macron et Philippe institue aujourd'hui un Etat totalitaire, mais ils peuvent y prendre et goût et pour le moins y habituer les esprits

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TISO 17 mars 2020 - 5:38

La destruction de l'Europe
Le but est la destruction de la civilisation occidentale, un enfant de sept ans non vacciné, serait à même de le comprendre.

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Henri 18 mars 2020 - 10:31

Manque de nuances…
J'ai beaucoup de respect pour le travail d'analyse que vous faites régulièrement et je partage un grand nombre de vos opinions. Mais sur ce coup, je trouve que vous manquez singulièrement de nuances. Il y aurait beaucoup à dire sur le rapport à la mort et à la maladie de la société moderne occidentale qui effectivement entre en panique très (trop?) rapidement sur ces sujets. Ce que nos gouvernants ont une large tendance à amplifier au travers de communications a minima très imprécises. Pour autant, sur cette maladie qui semble faire consensus sur sa viralité et ses conséquences, je ne vois pas bien en quoi un système libéral serait la solution? Je crois vraiment que la question n'est pas d'être libéral ou pas. La question est de savoir être libéral sur les bons sujets aux bons moments, conservateur quand il faut et même autoritaire à certains moments critiques. Etat, frontières et le marché bien sûr sont des atouts. Encore faut-il apprendre à utiliser ces outils judicieusement… ce que nous savons absolument pas faire correctement aujourd'hui. Pourquoi, comment jongler d'une approche à l'autre, voilà ce qu'il faudrait creuser à mon sens. Cordialement.

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