Les socialistes français devraient profiter de ce moment pour faire leur « risorgimento ». C’est le moment de la naissance – enfin – d’une gauche française réformatrice, débarrassée des vieilles lunes marxistes. La France a besoin d’une gauche moderne qui reconnaisse la faillite du modèle social et qui propose des réformes « blairistes ».
La mine d’enterrement de François Hollande lors de son intervention télévisée en a dit long sur les pratiques françaises. Premièrement, il est très difficile de trouver une situation équivalente à l’étranger où le Président (ou le Premier ministre) s’invite au journal de 20 heures, en l’interrompant, pour faire une déclaration. Le président des Etats-Unis, les Premier-ministres britanniques ou allemands organisent des conférences de presse pour des sujets très importants. Ce n’était pas le cas lors de l’apparition de François Hollande pour entendre des affirmations mensongères concernant un pitoyable bilan.
La posture lucide et honnête aurait été non pas d’annoncer qu’il ne serait pas candidat (ce qui aurait été impensable vu ses records d’impopularité) mais de reconnaître l’échec d’une politique. C’est l’échec de l’Etat, de l’interventionnisme et des politiques publiques. Assumer la faillite du socialisme aurait permis à François Hollande de partir la tête haute et aurait signifié le point de départ d’une nouvelle ère pour le Parti socialiste français. Car il ne faut pas se réjouir trop vite.
L’abandon de Hollande n’est pas qu’une bonne nouvelle pour tous ceux – très nombreux – qui ne supportaient plus sa Présidence. Ca pourrait être interprété comme un signal pour un Mélenchon et autres Montebourg, des dinosaures de l’âge marxiste. Or, cet événement devrait, au contraire, provoquer un courant réformateur à l’intérieur de la gauche française.
Il est temps de voir surgir un Tony Blair ou un Gerhart Schröder en France aussi. Le premier a compris que le socialisme ne marchait pas et a complètement transformé le Labour britannique en faisant des réformes libérales sur la voie de Margaret Thatcher.
En Allemagne, le Premier ministre Gerhart Schröder, leader de la gauche, a profondément transformé le marché du travail allemand entre 2003 et 2005. Il n’a pas hésité à faire appel à quelqu’un du secteur privé, Peter Hartz, industriel, ancien Directeur du personnel chez Volkswagen, pour libéraliser l’économie qui souffrait terriblement à l’époque. Il n’a pas été question de « préserver un quelconque modèle » mais de reconnaître la faillite du modèle et le réformer en profondeur. Jean Chrétien au Canada a non seulement réformé le pays au milieu des années 1990 mais aussi le Parti libéral, de centre gauche. L’ancien Premier ministre canadien a réduit les budgets des ministères de 18 à 30 % et a licencié des milliers de fonctionnaires, tout en gagnant trois élections législatives de suite, entre 1993 et 2000. Pareil en Suède, pays étatisé au bord de la faillite au début des années 1980 et soumis à une cure d’austérité sans précédent et à des privatisations massives (transports, postes, télécommunications, hôpitaux…) par un Premier ministre socialiste, Ingvar Carlsson, au pouvoir entre 1986 et 1996.
Les socialistes français devraient profiter de ce moment pour faire leur « risorgimento ». C’est le moment de la naissance – enfin – d’une gauche française réformatrice, débarrassée des vieilles lunes marxistes. La France a besoin d’une gauche moderne qui reconnaisse la faillite du modèle social et qui propose des réformes « blairistes ». Les succès électoraux de la gauche réformatrice à l’étranger devraient l’inspirer et la convaincre de la nécessité de changer de cap. Tout le monde serait gagnant.