Après seize ans et quatre mandats à la chancellerie, Angela Merkel quitte son poste, avec une aura de stabilité que beaucoup de politiques pourraient lui envier. Au-delà des impressions, quelle est la réalité de son bilan ?
Seize ans, c’est la longue durée des mandats successifs d’Angela Merkel à la chancellerie, marqués par des crises sanitaires, économiques, migratoires et environnementales. Certains lui reprochent d’avoir profité des réformes de Schröder, son prédécesseur à la chancellerie et membre du SPD, sans apporter grand-chose à l’Allemagne. Il faut dire que, sur le plan économique, Merkel n’a pas brillé par les réformes proposées, mais plutôt par l’application des lois en place.
Une gestion réussie de la crise financière de 2008
Angela Merkel est arrivée au pouvoir en 2005, trois ans avant la crise des subprimes de 2008. Alors que la France peine encore à s’en remettre, l’Allemagne a très vite su rebondir. Ainsi, en 2018, la part de dette publique brute sur le PIB était revenue à son niveau de 2007, juste avant que la crise en ait entraîné une hausse brutale. La dette a diminué en 2013 pour la première fois depuis plus de vingt ans. Elle est également due à l’évolution du PIB par habitant, dont on observe une hausse importante et continue dès 2010, après une légère baisse due à la crise. Merkel a donc réussi à maintenir les réformes menées par Schröder afin de relever l’Allemagne après la crise financière.
Angela Merkel a tenu certains principes économiques phares, comme le frein à l’endettement, qui interdit à l’Allemagne d’emprunter plus de 0,35% de son PIB chaque année. Elle n’a accepté de déroger à cette règle que dans le cadre du plan de relance européen, à l’occasion de la pandémie de Covid-19. Elle ne l’a pas fait en 2008, alors que beaucoup reprochaient à l’Etat de ne pas soutenir les établissements bancaires, préférant inviter les dirigeants des entreprises à assainir leurs affaires et les banquiers à réduire leurs salaires avant de demander les aides de l’Etat. Ces décisions ont permis à l’Allemagne d’arriver à l’équilibre économique, et même à un budget excédentaire. « L’homme malade de l’Europe », ainsi que certains avaient alors dénommé l’Allemagne, est aujourd’hui la quatrième puissance mondiale.
Transition énergétique et crise migratoire : l’émotion a coûté cher à Merkel
Le mandat d’Angela Merkel ne se limite pas à la gestion de la crise de 2008. En mars 2011, deux jours après la catastrophe de Fukushima, elle annonçait un moratoire sur le nucléaire. Une décision surprenante, surtout pour une physicienne de formation, qui a pu être prise trop rapidement, sous le coup de l’émotion. Car l’abandon du nucléaire n’a, pour l’Allemagne, pas été synonyme de neutralité carbone, bien au contraire, le charbon devant suppléer le retrait du nucléaire. Ce choix a également une répercussion financière importante : au total, les coûts générés par la transition énergétique s’élèvent à plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de milliards d’euros, soit 0,4 à 2,5% du PIB de 2018 en moyenne.
Comme femme et ressortissante de l’ex-RDA, Angela Merkel a parfois été vue comme ayant une politique plus humaine, plus émotive. C’est peut-être la raison pour laquelle elle a choisi, en 2015, d’accueillir 800 000 réfugiés sur le sol allemand. Une décision qui pourrait lui être reprochée, vu les viols du Nouvel An à Cologne la même année et le muezzin qui appelle les musulmans à la prière dans cette ville depuis quelques semaines. La politique migratoire d’Angela Merkel explique sans doute pour beaucoup la montée en puissance de l’AfD, le parti d’extrême-droite allemand. En 2017, ce parti réunissait 12,64% des voix, une part importante dans un pays encore traumatisé par les génocides xénophobes de la Seconde Guerre mondiale.
Le bilan d’Angela Merkel est aux couleurs du consensus et de la continuité politique. Elle a succédé à un membre du parti social-démocrate, et c’est un membre de ce même parti, Olaf Scholz, qui lui succèdera probablement. Elle l’admet, et même le proclame, puisque c’est en compagnie de ce dernier qu’elle s’est présentée au G20, alors que Scholz n’a pas encore été investi et que le Parlement n’a pas rendu son verdict. Emotion pour le social, continuité pour le politique et rigueur pour l’économie, c’est peut-être là ce qu’il faut retenir du bilan de Merkel.
5 commentaires
Merkel, un curieux mélange d’émotion et de rigueur
Entièrement d’accord avec Madame Motte !
La ´ gamine ´ comme la traitait Mr Kohl a bien dirigé la RFA sans de grandes initiatives après Mr Schröder.
A son débit, combien de charbon polluant brûlé pour remplacer la suppression de l’énergie nucléaire, elle a cédé devant la rue ! Et encore le million de réfugiés du Moyen Orient acceptés et qui va islamiser son pays……
Il faut aussi relever que ce peuple est discipliné et travailleur, c’est plus facile ainsi !
Comme citoyen suisse francophone mais minoritaire, je suis heureux que la majorité germanophone de mon pays lui donne le ton pour une stabilité économique que beaucoup nous envient.
Merci de signer ´ le Haut-Rhône ´
Merkel, un curieux mélange d’émotion et de rigueur
Merkel : Une cheffe d’État… et non pas un « pantin »…tout simplement… !
Merkel, un curieux mélange d’émotion et de rigueur
a ouvert la boîte de Pandore sans aucune consultation avec ses voisins européens avec 1,2 millions d’immigrants dont x% d’islamistes infiltrés qui ont pu contaminer les autres pays.
Merkel, un curieux mélange d’émotion et de rigueur
une femme simple, honnête, loyale, rigoureuse, sérieuse….
bref toutes les qualités d’une bonne gestionnaire, avec certainement quelques « lacunes mineures »
il faut reconnaître les qualités des allemandes et allemands = discipline + travail
les résultats et paramètres macro économiques le prouvent
elle ne fait pas dans la « peopolade »!!
cordialement
Mr Marc Blot
Merkel, un curieux mélange d’émotion et de rigueur
L’abandon du nucléaire pour satisfaire les verts est probablement une faiblesse, la porte grande à l’immigration peut être bien aussi.
Au delà de ces deux aspects, madame Merkel a su maintenir l’Allemagne la tête hors de l’eau, ce qui est loin d’être le cas en France ou l’on voit beaucoup de gesticulations et une classe dirigeante qui ne semble pas avoir bien compris que la révolution de 1789 avait aboli la noblesse et ses privilèges.
Nos nouveaux seigneurs vivent sous les ors de la république dans des palais avec force « domestiques ». Madame Merkel en quittant son bureau le soir rentrait dans son propre appartement sans doute après avoir fait quelques courses sans nous infliger la présence de son époux…