Coup de théâtre dans la fixation semestrielle du taux du livret A. La formule actuelle de fixation des taux, qui a été modifiée et qui est moins favorable à l’épargnant que la précédente, aurait impliqué de faire passer le taux de 0,75% à 1%. (L’ancienne formule aurait donné 1,25%). Il s’agissait donc d’une mini-aumône, pour ce qui est considéré comme une forme d’épargne populaire, largement répandue.
Mais même ce taux de 1% a paru excessif au gouverneur de la Banque de France, qui a proposé au gouvernement de laisser le taux à 0,75%, soit sensiblement moins que l’inflation actuellement légèrement supérieure à 1% : le taux réel est donc négatif. Car le gouvernement, avec un empressement surprenant, a accepté quelques heures plus tard la proposition du gouverneur : ce sera 0,75%, taux inchangé donc. Rien ne bougera au 1er août !
Voilà un comportement extraordinaire : l’Etat définit une formule de calcul totalement arbitraire et encore moins favorable que la précédente. Le résultat ne plait pas au gouvernement, qui décide de ne pas appliquer la formule, pourtant définie par les pouvoirs publics. Pourquoi ? Pour permette à la Caisse des dépôts, qui reçoit l’essentiel de l’épargne déposée au livret A, de se financer à faible taux, pour mener à bon marché des opérations voulues par l’Etat, et d’abord le financement des HLM. Moralité : c’est sur le dos de l’épargnant que l’Etat finance ses activités. Et cela pour la forme d’épargne la plus répandue, qui concerne même les plus bas revenus,. C’est à la fois l’arbitraire le plus total et le mépris des épargnants, sans pudeur : il n’y a même pas l’aumône annoncée pour faire passer la pilule. Il est grand temps de séparer l’épargne du pouvoir politique.