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L’immigration est principalement due au regroupement familial

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L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a publié, fin août 2024, une série de documents sur l’immigration. On y apprend que la France accueille surtout des personnes venues rejoindre un membre de leur famille. Et non pas principalement des demandeurs d’asiles ou des réfugiés économiques, voire environnementaux comme les associations de gauche voudraient nous le faire croire.

Combien d’immigrés en France ? A cette question, hautement polémique, l’Insee répond 7,3 millions, soit 10,7% de la population française en 2023. Précisons qu’un immigré est défini comme une personne résidant en France mais née à l’étranger. Les immigrés sont 2,5 millions (soit 34 % d’entre eux) à avoir acquis la nationalité française.

Un tiers des personnes vivant en France ont une ascendance immigrée

Si, aux 4,8 millions d’immigrés qui n’ont pas acquis la nationalité française, on ajoute les 800 000 personnes nées en France de nationalité étrangère, on obtient 5,6 millions de personnes constituant la population étrangère vivant en France.

Source : Insee

Aux immigrés proprement dits, il est possible d’ajouter 7,5 millions de descendants d’immigrés de 2ᵉ génération, c’est-à-dire nées en France avec au moins un de leurs parents immigré. Ainsi que, parmi les personnes de moins de 60 ans, 4,8 millions de 3ᵉ génération, c’est-à-dire nées en France, de parents non-immigrés, et avec au moins un de leurs grands-parents immigré. Au total, un tiers des moins de 60 ans a une ascendance immigrée en remontant jusqu’aux grands-parents.

Près de la moitié des immigrés sont nés en Afrique

Les immigrés vivant en France en 2023 viennent à 47,7% d’Afrique, à 32,3% d’Europe, à 13,7% d’Asie et à 6,3% d’Amérique et d’Océanie.

Arrêtons-nous sur l’immigration africaine et asiatique, qui concentre davantage de récriminations que l’immigration européenne, principalement parce qu’elle est souvent musulmane.

Sur les 3,5 millions d’immigrés nés en en Afrique et vivant en France, 60% viennent du Maghreb. Ils étaient 93% en 1968 et 76% en 1999. On remarque une diversification des pays d’origine depuis le début des années 2000. Ainsi le nombre d’immigrés originaires d’Afrique sahélienne et d’Afrique guinéenne ou centrale a doublé depuis 2006.

Source : Insee

En 2023, sur 100 immigrés africains, 60 sont nés au Maghreb : 26 en Algérie, 25 au Maroc, et 9 en Tunisie ; 16 sont nés en Afrique guinéenne ou centrale (principalement en Côte d’Ivoire, au Cameroun et au Congo), et 11 dans la région du Sahel (en particulier au Sénégal, au Mali et en Guinée). Parmi les 13 immigrés restants, 7 viennent des Comores ou de Madagascar, et 6 du reste de l’Afrique.

Les immigrés en provenance d’Asie sont beaucoup moins nombreux : 1 million en 2023. Eux aussi sont de plus en plus diversifiés. Alors qu’en 1968, ils étaient 53% à venir de Turquie et 22% d’Asie du Sud-Est (Vietnam, Cambodge, Laos), ils ne sont plus respectivement que 24% et 15%. Les autres viennent d’Asie du Sud (principalement du Sri Lanka, d’Inde et du Pakistan) pour 18%, du Moyen-Orient (dont près des deux tiers du Liban et de Syrie) pour 16%, de Chine pour 12%. Parmi les 16 % d’immigrés asiatiques venus du reste de l’Asie, près d’un tiers sont originaires d’Afghanistan.

Source : Insee

Le regroupement familial, premier motif d’émigration

Pourquoi les immigrés viennent-ils en France ? Fuient-ils leurs pays pour échapper à l’insécurité, aux troubles politiques ou au chômage ? En partie seulement. Presque un quart des immigrés africains (23%) viennent pour trouver un travail (contre 14% des asiatiques), tandis qu’un quart des immigrés asiatiques fuient l’insécurité et les troubles politiques (contre 11% des africains). En revanche, la proportion d’Africains et d’Asiatiques venant dans notre pays pour y suivre des études est quasiment la même (respectivement 24% et 23%).

Le premier motif d’immigration est le regroupement familial : 46% des Africains et 43% des Asiatiques déclarent être venus en France pour rejoindre un membre de leur famille. Cette raison est même majoritaire chez les Turcs (73%) et les Maghrébins (53%). Au total, en 2023, plus de 2 millions d’immigrés africains et asiatiques ont rejoint un parent vivant en France.

Cela signifie que l’immigration appelle l’immigration et que le regroupement familial explique, à lui seul, près de la moitié de l’immigration africaine et asiatique.

Mais agir sur ce point est plus facile à dire qu’à faire, car le droit au regroupement familial est protégé par l’Union européenne (directive de 2003 ; Convention européenne des droits de l’Homme et des libertés fondamentales (droit au respect de sa vie familiale selon l’art.8) ; Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne et les droits consacrés par la Convention internationale des droits de l’enfant…) et par la jurisprudence du Conseil constitutionnel qui garantit les droits des étrangers à mener une vie familiale normale. Il n’est pas exagéré d’affirmer qu’en l’état du droit, il est impossible d’interdire l’immigration familiale.

Néanmoins, il est possible de rendre les conditions du regroupement familial plus difficiles comme ce fut le cas avec les lois Sarkozy et Hortefeux de 2006 et 2007. En novembre 2023, à l’occasion de l’examen du projet de loi immigration, la majorité sénatoriale a déposé plusieurs amendements pour durcir les conditions du regroupement familial. Il était notamment proposé que le résident ait séjourné 24 mois en France (contre 18 actuellement) avant de pouvoir déposer une demande de regroupement ; que ses ressources soient « régulières » (et non plus uniquement « stables et suffisantes » comme aujourd’hui) ; que les APL ne puissent plus être incluses dans le calcul de ses ressources ; qu’une assurance maladie pour lui et sa famille soit exigée ; que les membres de la famille du demandeur justifient d’un niveau minimal de langue française ; que l’âge d’éligibilité maximal des enfants du demandeur fixé à 18 ans actuellement soit abaissé à 16 ans.

On sait ce qu’il advint de toutes ces propositions : après moults rebondissements au Parlement, la loi adoptée a été largement censurée par le Conseil constitutionnel et, par conséquent, vidée de ses dispositions les plus restrictives.

Le sujet sera-t-il repris par le gouvernement Barnier ? Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a déclaré qu’il ne s’interdisait pas une nouvelle loi sur l’immigration. Sans doute s’attaquera-t-il d’abord à l’immigration illégale. S’il cherche à réduire l’immigration pour regroupement familial, il serait judicieux qu’il permette d’abord de la mieux connaître. Les immigrés venus rejoindre un parent viennent-ils aussi pour travailler ou pour dépendre des aides sociales ? Parlent-ils correctement le français ? Sont-ils impliqués dans des délits et des crimes ? Importent-ils de la pauvreté comme les « sans papiers » ou constituent-ils des forces vives en puissance ? C’est à toutes ces questions qu’il conviendrait de répondre avant de légiférer.

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