De quoi doit-on se réjouir ? Qu’il y ait moins ou plus de riches ? C’est une question qu’il faut se poser en lisant les nombreux articles, livres et rapports qui paraissent sur ce thème. On a l’impression que le riche est le pestiféré dans la société d’aujourd’hui et c’est ce que montre le dernier rapport de l’Observatoire des inégalités même si certaines de ses conclusions vont à l’encontre des clichés.
Mauvaise nouvelle : il y a moins de riches qu’il y a 10 ans
Pour l’Observatoire des inégalités, le seuil de la richesse, exprimée en termes de revenus, est à 3 700 euros (3 673 euros exactement) par mois après impôts et prestations sociales pour une personne seule. C’est le double du niveau de vie médian, il est supérieur à celui de 93 % de la population. Ainsi défini le seuil de richesse, la France, en 2020, compte 4,5 millions de riches, soit 7,1 % de la population, et 14,6 % de pauvres. Mais, les auteurs du rapport le reconnaissent, « être riche à 25 ans n’a pas la même signification qu’à 45 ans, vivre avec 3 700 euros par mois n’est pas la même chose quand on habite à  Paris ou à Charleville-Mézières ». En termes de patrimoine, l’Observatoire des inégalités définit le seuil de richesse à 490 000 euros, que 16 % des ménages dépassent. Et 4 % des ménages, soit 1,2 million, sont millionnaires. « À condition d’exclure les 500 plus grandes fortunes professionnelles, est obligé de reconnaître l’Observatoire des inégalités, nous ne constatons pas dans nos données d’explosion récente des très hauts revenus et patrimoines. En revanche, considère-t-il, la France est un pays où les riches s’enrichissent de manière régulière sur le long terme. Ni les crises ni le niveau des impôts sur le patrimoine n’y font obstacle. »
Les riches sont souvent âgés. Si l’on retient comme critère qu’un riche fait partie des 10 % des Français dont le niveau de vie est le plus élevé, alors il a en moyenne 57 ans, n’a plus d’enfant à charge, est très souvent (à 82 %) propriétaire de son logement. Contrairement à une idée reçue, beaucoup de Français n’hériteront jamais. Une petite majorité seulement (53 %) des plus de 70 ans ont hérité au cours de leur vie, selon l’Insee. Et de ces héritages, les deux tiers sont inférieurs à 30 000 euros ; 40 %, même, inférieurs à 8 000 euros. Autant de constats qui plaideraient, selon les auteurs du rapport, pour une « augmentation de la taxation de l’héritage et non sa baisse comme promis par Emmanuel Macron ».
Pourtant, le rapport montre que la part des riches dans la population est en baisse (voir le graphique joint). Ils représentaient 8,6 % de la population en 2010 et 7,1 % en 2019. Contrairement à ce que soutiennent certains, ce n’est pas une bonne nouvelle et cela ne veut pas dire que les inégalités baissent. Dans une société démocratique et capitaliste comme le nôtre, il vaut mieux que le nombre de riches augmente. C’est une preuve de la vitalité économique du pays et c’est ce qu’on a pu constater ailleurs, comme les Etats-Unis. La très grande majorité des riches américains sont des entrepreneurs et l’augmentation de leur nombre montre qu’il est possible de faire fortune en tant qu’entrepreneur et créateur d’emplois.
Pas besoin d’augmenter les impôts pour baisser les inégalités
Le dernier rapport du CPO (Conseil des prélèvements obligatoires) montre que la France n’a pas besoin de toutes ces mesures punitives car son système fiscal progressif entraîne une forte redistribution qui fait diminuer les inégalités.
Dans notre pays, contrairement à ce que soutient Thomas Piketty, les riches payent beaucoup d’impôts. Selon le rapport, les 5% les plus aisés contribuent en moyenne à hauteur de 30% de leur revenu, avant transferts, au titre des impôts sur le revenu et le patrimoine, et de 18% au titre des cotisations sociales. Ainsi, après la redistribution et les transferts sociaux, l’écart de revenus entre les 10% les plus riches et les 10% les plus pauvres est divisé par 4. Il s’agit d’une forte réduction des inégalités.
De même, une récente étude publiée dans The Economic Journal montre que ce ne sont pas les hausses d’impôts massives qui font baisser la fortune des plus riches et reculer les inégalités, mais les crises économiques. Pour Thomas Piketty, le taux de 91 % pendant le New Deal et la deuxième guerre mondiale aurait fait baisser la « concentration du capital » parmi les plus riches. En réalité, la théorie de Piketty est une erreur comptable causée par sa mauvaise compréhension des statistiques fiscales de la Seconde Guerre mondiale. Il a utilisé une mauvaise définition comptable du revenu personnel et a négligé d’ajuster les données pour tenir compte des particularités en temps de guerre sur les déclarations fiscales. Lorsque les auteurs de l’étude ont corrigé ces problèmes, quelque chose d’étonnant s’est produit. Le niveau global de concentration des revenus les plus élevés s’est aplani et son nivellement s’est éloigné des taux d’imposition de la Seconde Guerre mondiale. Les inégalités ont augmenté entre 1917 et 1928, confirmant le boom des « années folles ». Le krach de 1929 apparaît comme l’événement déclencheur du « grand nivellement » – principalement en raison de graves pertes en capital parmi les riches. Ces événements sont antérieurs aux prétendus effets de réduction des inégalités d’une imposition progressive élevée.
L’obsession des inégalités travestit les réalités et pousse les politiques à taxer encore plus ceux qui créent des richesses. Ce n’est pas en taxant plus les riches qu’on fera baisser le nombre de pauvres. Et si l’on laissait les riches tranquilles ?
7 commentaires
Il y a riches et riches.
Si mon patrimoine provient d’une activité délictueuse ou d’abus de positions dominantes, je suis un ennemi public avéré. On aurait raison de me faire rendre gorge, on devrait. La loi devrait y pourvoir.
Si mon patrimoine provient d’une activité productive ou d’une spéculation licite (acheter en bourse au plus bas, vendre en bourse au plus haut, emprunter en période d’inflation etc.) ma richesse est totalement légitime. M’envier ou me détester est, à juste titre, un péché capital. Me taxer est une injustice.
Bref, l’attitude vis à vis des riches demande réflexion.
Notre Société, nos partis politiques, manqueraient-ils de réflexion?
Le bon sens a « Sa » Loi : Tout est une question d’équilibre…! ».
• La question est de savoir OU METTRE précisément le « curseur » dans les différentes composante d’une société !
• La question est de savoir QUI POSITIONNE précisément le « curseur » dans les différentes composante d’une société !
Dualité entre les « Politiques » qui ont leurs exigences électorales et le « Reste Du Monde » qui a ses logiques à géométrie variable selon les intérêts et les causes défendues… :
Telle est l’éternelle « quadrature » du cercle qui varie selon les évolutions de nos sociétés… !
Un simple conseil : réécoutez Coluche. Dans ses sketches tout est dit. On aurait bien besoin d’un « Coluche » aujourd’hui, mais je crains qu’il soit immédiatement mis en examen.
Bonjour
Votre descriptif est bien vague. Quand est-on riche réellement?
Dépend des revenus (1)
Dépend du patrimoine (2)
ou dépend des deux ???
Sur la base des revenus, critère (1), si j’étais seul, étant situé à 2/3 du montant mentionné, je suis encore assez loin du seuil pour être déclaré RICHE.
Vivant avec mon épouse ayant à peu près les mêmes revenus nous dépassons très légèrement le seuil des 5 500€ (que vous n’avez pas mentionné) et suis donc, déclaré RICHE.
Déjà une contradiction
Sur la base du patrimoine, critère (2); habitant dans l’Euro-métropole strasbourgeoise à moins de 10km du centre, accessible par les transports en communs,
dans un pavillon récent et bien équipé de 140m² sur un peu plus de 6 ares de terrain arboré, ce bien peut-être estimé entre 350 000 et 450 000€ actuellement.
En y rajoutant le reste du patrimoine (produits financiers divers quelques part de SCI), nous serions situés dans le dernier décile de la population française.
D’où ma question à vous monsieur Lecaussin:
Est-ce que je suis riche ou pas riche?
La réponse ne sera pas simple à donner, ce n’est pas binaire 0 ou 1.
Bref toutes ces considérations ne font qu’alimenter la rancÅ“ur des personnes situées dans la partie inférieure (cinq premier déciles) du patrimoine et/ou des revenus.
Elles vous trouverons toujours un critère: trop de revenu sinon trop de patrimoine pour vous en faire les reproches..
Il est vrai qu’à 67 ans et, depuis deux ans à la retraite (au début de la Covid), je me considère comme privilégié et suis largement satisfait de mon train de vie.
Cette situation est le fruit d’une éducation dispensée par des parents ayant connu la guerre de 39-45; qui ont su nous inculquer les valeurs du respect, du travail et de l’économie.
Sans nous priver, nous ne sommes pas des adeptes de la « Consommation à tout va » et conservons nos équipements (électroménagers, etc….) le plus longtemps possible.
Mon épouse et moi-même avons pu faire des études supérieures dans les années 1970 nous assurant ensuite un travail à chacun, permettant de bien gagner notre vie (enseignante et moi ingénieur).
Notre maison a été « construite » après avoir travaillé 15 ans, quand j’ai eu 40 ans, avec nos économies: un apport personnel permettant d’acheter le terrain et démarrer les premier travaux.
Et l’utilisation de nos deux Plans Epargne Logement sur 7 ans ainsi qu’un prêt complémentaire sur 10 ans au taux de 6,5% à l’époque.
Depuis 2005 nous sommes enfin propriétaires de notre domicile.
Après notre départ dans « l’au-delà  », il nous semble normal que nos biens reviennent à nos deux enfants sans s’en faire « piquer une grosse part  » par l’Etat..
Un des gros problèmes de la société actuelle: les gens veulent TOUT t et TOUT de SUITE!
Pour mémoire, l’achat du premier téléviseur par mes parents: à l’époque une chaine en N&B, nécessitait plusieurs mois de salaire d’architecte.
J’attendes, monsieur Lecaussin vos commentaires, merci d’avance
PhB
Ce n’est pas mon descriptif, c’est celui d el’Observatoire des inégalités.
Cordialement,
NL
Quand quelqu’un vous parle de réduire les inégalités, demandez-lui toujours : « Jusqu’à quel point ? »
Le graphe ne dit strictement rien de l’évolution des inégalités. Il faudrait voir l’évolution des distributions de salaires en fonction du temps (ou au moins la variance et la médiane ou moyenne).
Une augmentation de la moyenne et diminution de la variance pourrait alors être interprétée comme une diminution des inégalités (en ajustant avec l’inflation bien entendu).