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Les gilets jaunes passent au rouge

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La récupération politique des gilets jaunes est à cette heure incontestable. Mais qui récupère qui ?

Les récupérés sont la large majorité de ces Français en colère, contre le gouvernement certes, mais surtout contre le poids de l’Etat : les impôts, les réglementations, les ingérences, les gaspillages, les insécurités. Le ras-le-bol fiscal peut être vu comme l’un des volets du ras-le-bol de l’Etat, de la classe politique, de la centralisation, de la bureaucratie, de la technocratie. Voilà des réactions au socialisme régnant dans ce pays depuis un demi-siècle, et voici peut-être le premier acte d’une conversion au libéralisme –simple frémissement pour l’instant, puisqu’il faut passer de la critique des impôts à la critique des dépenses publiques et de la critique des dépenses à celle de l’Etat impotent et impuissant.

Je note au passage que l’impuissance de l’Etat a été criante dans la gestion des manifestations. Notre ministre de l’Intérieur n’a-t-il pas déclaré qu’il avait eu pour premier souci de protéger les policiers ? La protection des fonctionnaires passe avant celle des biens et les personnes : que meure le pays, le tourisme et la croissance pourvu que le personnel de l’Etat soit indemne ! C’est dans ses missions régaliennes, seules de nature à justifier ses impôts, que l’Etat est le plus nul.

Mais quid des récupérateurs ? La lenteur et la stupidité des réactions du pouvoir en place ont permis la pénétration, puis le contrôle, puis l’aliénation de la masse des gilets jaunes. A cette masse jusque là hétéroclite et désorganisée a succédé une minorité très agissante, dite « radicalisée ». Mais aujourd’hui les radicaux sont rouges, il s’agit de marxistes, communistes, anarchistes, à coup sûr anticapitalistes. La mutation n’a même pas été cachée : les gilets et drapeaux rouges de la CGT ont réapparu dans les défilés (comme à Marseille), syndicalistes, politiciens et intellectuels prennent la parole dans la grande presse et sur les plateaux de télévision pour drainer les mécontentements vers la révolution prolétarienne.

A la revendication première qui portait sur le prix des carburants, l’attaque du diesel et plus globalement la fiscalité et la réglementation, incompréhensibles et inadmissibles, viennent maintenant se substituer les arguments classiques des adversaires de la liberté économique et de la propriété privée. Retour à l’étatisme et au marxisme. La hausse du SMIC devrait accompagner la baisse des taxes pour accroître le pouvoir d’achat. Les services publics devraient être soutenus, la santé, l’école, les transports devraient enfin disposer des hommes et des financements qui leur manquent. Les cadeaux faits aux riches devraient disparaître : retour à l’ISF, progressivité accrue, plafond des salaires mensuels. Les discriminations qui frappent les femmes seules et mal payées devraient disparaître. Les aides scandaleuses données aux entreprises (le CICE en particulier) devraient être immédiatement supprimées. Evidemment la mondialisation devrait s’arrêter aux frontières de la France.

Pour présenter et mettre en valeur ces arguments démagogiques, mais surtout liberticides, les professionnels rouges monopolisent désormais la parole, et veillent à ce que n’émerge spontanément aucun leader des gilets jaunes– certains candidats potentiels ont dit avoir été menacés et invités à se taire. Le scénario évoque celui de mai 1968 : après les barricades et les amphis, place à la CGT et au Grenelle, place à Mitterrand et au stade Charléty.

Il y a pourtant deux différences avec mai 1968. D’une part le pouvoir en place avait encore un soutien populaire, la France profonde n’avait pas rompu avec le gaullisme, alors que le macronisme est confronté à son vide consubstantiel. D’autre part il y avait une opposition organisée autour de partis et syndicats puissants, alors que nulle autre option politique sérieuse n’apparaît aujourd’hui. Récupération pour les européennes ? La « droite », le « centre », tout comme les extrêmes, se réjouissent de la probable défaite annoncée du parti macroniste aux élections européennes. Mais peuvent-ils présenter, au cours de ce premier trimestre de 2019, des équipes et des programmes pour éviter au pays le chaos et la ruine ? La majorité silencieuse des électeurs ne leur fait pas grand crédit.

Et la récupération libérale ? Elle a l’avantage de ne pas être partisane, puisque pour l’instant aucun parti, aucune personnalité connue ne se réclame du libéralisme : tous contre « l’ultralibéralisme » de Macron. Mais est-elle possible ? Tôt ou tard la société civile s’ouvrira aux valeurs libérales, et pour l’instant je demeure persuadé que les libéraux ont pour mission prioritaire de dénoncer la tyrannie du statu quo et d’expliquer comment on peut se passer de l’Etat et retrouver la liberté, donc la prospérité économique et l’harmonie sociale.

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2 commentaires

Dominogris 10 décembre 2018 - 5:58

Récupération ou…?
Mélenchon est l'allié objectif du pouvoir en place. Cette "récupération" se fait au bénéfice du gouvernement. L'extrême gauche a toujours été l'idiot utile des étatistes de tout poil! Et les médias ne sont pas en reste, on peut supposer qu'ils se sont fait taper sur les doigts d'avoir trop donné la parole à des gilets jaunes "non contrôlés".

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claude 11 décembre 2018 - 8:05

une solution
La solution est d'avoir des dirigeants vraiment chrétiens tant au niveau des entreprises que des administrations et de l'Etat et pourquoi pas restaurer la monarchie avec Louis XX

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