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Les contribuables sont devenus des forçats fiscaux

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Plus il y a de citoyens exonérés d’impôt, plus le risque de tyrannie fiscale existe

M. Macron ne sait plus comment honorer sa promesse électorale de baisser les droits de succession. Pourtant, les contribuables sont exaspérés.

Un sondage Harris réalisé à la demande du Conseil des prélèvements obligatoires a montré que les trois quarts des Français estiment que les impôts sont trop lourds, et 69% sont insatisfaits du système fiscal. Pour masquer le ras le bol fiscal à peu de frais, Bercy va lancer une campagne de communication sur le thème « En avoir pour mes impôts » afin d’expliquer à quoi servent nos impôts et demander leur avis aux contribuables. Gageons que cette action médiatique n’augmentera guère le consentement à l’impôt qui est au plus bas en France.

Pas de démocratie sans consentement à l’impôt

Pourtant, ce consentement est à l’origine de toute démocratie et lui est consubstantiel. La démocratie anglaise a connu ses prémices en 1215 lors de la signature par Jean sans Terre et ses barons de la Magna Carta, la Grande Charte dont l’article 12 disait : « Aucun impôt ou aide ne sera imposé sans le consentement du Conseil Commun de notre Royaume ».  Le roi français Philippe IV le Bel suivit l’exemple en convoquant les premiers Etats généraux du Royaume en 1302 pour qu’ils lui permettent de lever l’impôt. Le premier consentement à l’impôt a été donné par les représentants naturels des territoires du souverain. Il faut désormais, bien entendu, qu’il soit accordé par les élus, mais aussi qu’il soit largement partagé par les contribuables. Ce qui n’est plus le cas.

Dans la France d’aujourd’hui, il ne peut plus y avoir de consentement à l’impôt alors que plus de 56% des Français – et peut-être plus demain avec les projets de Mme Borne – ne payent pas d’impôt sur le revenu, qu’ils ont presque tous été exonérés de taxe d’habitation et que moins de 0,5% des foyers payent l’IFI. Certes, tous payent de la TVA, mais ils ne le savent pas ou guère. Et alors que les élus manient plus volontiers la démagogie que la raison, il est facile de trouver une majorité qui ne paye pas l’impôt et de le faire payer en revanche, sans limite, aux autres. Il ne s’agit plus d’un impôt consenti, mais d’un impôt forcé contre lequel ceux qui doivent l’acquitter, des forçats fiscaux, sont susceptibles de se révolter.

Pour obtenir le consentement à l’impôt certains proposent que les contribuables puissent bâtir eux-mêmes le budget de l’Etat en indiquant, sur un espace dédié en ligne, les ressources et les dépenses publiques qu’ils souhaitent, dûment hiérarchisées, dont le Parlement n’aurait plus qu’à faire la synthèse. Un tel système relève d’une douce, mais dangereuse, utopie autant que la solution des essayistes Peter Sloterdijk et Hubert Étienne d’un « don démocratique » consistant à rendre volontaire une partie de l’impôt.

Le consentement serait mieux obtenu si l’impôt direct concernait les revenus de tous les Français. Un impôt proportionnel sur tous les revenus – une flat tax -, à un taux raisonnable (15% ?) aurait ce mérite, quitte à accepter des abattements de base pour que les plus bas revenus payent un taux réduit, mais de 1 ou 2% minimum de façon à participer à ce titre aux ressources publiques. En convenant par ailleurs que les deux taux, minimum et normal, soient liés de façon que l’un et l’autre soient toujours augmentés ou réduits du même pourcentage.

La solution suisse

Parallèlement, la France pourrait aussi s’inspirer de la Suisse dont la Constitution fédérale prévoit que le peuple soit appelé régulièrement, tous les 15 ans, à renouveler, ou non, le droit de la Confédération de percevoir l’impôt fédéral direct – IFD- et la TVA qui constituent les 2/3 des ressources de la Confédération. La dernière autorisation du principe même de l’impôt a été votée en 2018, pour une période courant de 2021 jusqu’en 2035 où elle devra être renouvelée.

Par ailleurs, la Constitution prévoit également les taux maxima de l’impôt :

Art. 128. La Confédération peut percevoir des impôts directs, a/ d’un taux maximal de 11,5 % sur les revenus des personnes physiques, b/ d’un taux maximal de 8,5 % sur le bénéfice net des personnes morales ;

Art. 130. La Confédération peut percevoir une taxe sur la valeur ajoutée, d’un taux normal de 6,5 % au plus et d’un taux réduit d’au moins 2,0 %, sur les livraisons de biens et les prestations de services, y compris les prestations à soi-même, ainsi que sur les importations.

En ajoutant qu’il existe un « frein à la dépense » selon lequel les ressources et les dépenses du budget doivent en principe être équilibrées (article 126), les contribuables sont garantis contre tout excès et leur consentement à l’impôt y est plus facile.

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9 commentaires

cybernetik77 1 mai 2023 - 6:21

Nos voisins Suisses pourraient nous servir d’exemple sur de nombreux sujets, mais je ne suis pas sûr que nous, Français en soyons désireux ou capables de les suivre.
Je laisse le choix à chacun d’imaginer les réponses françaises dans trois exemples de « votation » de nos voisins avec des votes négatifs majoritaires : 1) en 2021, referendum sur la baisse des impôts sur les salaires et augmentation des impôts sur le capital. Résultat NON à 65%. 2) en 2019 : Déduction fiscale des frais de garde des enfants par des tiers : NON. 3) Suppression des redevances radio et télévision : NON à près de 72%.

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Astérix 2 mai 2023 - 7:16

Bien vu CYBERNETIK77, mais vous avez d’un coté un peuple intelligent, pragmatique, et de l’autre un peuple de crétins complètement abruti qui préfère la ruine ! ?

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Thoma 1 mai 2023 - 6:38

Et personne ne parle de la CSG et de la CRDS qui aujourd’hui est plus lourd que l’impôt sur le revenu, un impôt qui devait disparaître mais qui au contraire n’a cessé d’augmenter.

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Astérix 2 mai 2023 - 7:13

Tout à fait THOMA, mais que font les français ??? Ils votent pour ces escrocs !? Rien ne changera puisque nos compatriotes préfèrent les taxes, les impôts hallucinants, la baisse de leur pouvoir d’achat, la misère, la ruine prochaine, alors qu’il serait tout à fait possible d’arrêter ces conneries; encore faudrait-il savoir gérer ce qui est impossible pour des énarcotechnocratofonctionnaires !?
Continuons à favoriser l’imbécilité !?

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Roven 1 mai 2023 - 6:39

Le consentement à l’impôt est faussé dès lors que :
– ce sont les dépenses de l’État qui sont contestées, encore plus que le montant des prélèvements. L’administration met en ligne sur son site de sauvetage « En avoir pour mes impôts », le coût de chaque « service ». Or plus que le coût, bien qu’énorme, ce sont les domaines d’interventions indus et le gaspillage qui sont insupportables.
– les députés sont majoritairement fonctionnaires et votent des impôts payés par d’autres. Comment veut-t-on qu’ils en soient satisfaits ?
Derrière les prélèvements se cache surtout le problème de la représentativité démocratique et les politiques dépensières à tout va qui permettent aux institutionnels qui se font élire d’acheter les voix qui leur sont nécessaires, à défaut de vision et de compétence…

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Goufio 1 mai 2023 - 7:14

L’enquête sur le site gouvernemental est un QCM. Il est biaisé par les questions fermées. À la fin il vous est demandé votre avis. Sur un tel sujet il faut du recul et des chiffres pour étayer vos propos , il vous manque le temps pour cela.
Très mauvaise façon d’enquêter
Une idée: le sondé aurait pu déjà pouvoir renseigner les impôts et les montants dont il fait l’objet; puis le questionnaire lui donner à chaque question des éléments de comparaison . Il est urgent de laisser des Français croire ou dire qu’ils paient trop d’impôts.etc.
Cette enquête est inutile mais certainement pilotée pour faire croire au consentement à l’impôt

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Koerckel 1 mai 2023 - 7:25

Aussi longtemps qu’on nous promettra de baisser les impots sans parler de réduction des dépenses ce n’est que de la poudre aux yeux. Or aucun parti politique ne travaille sur la baisse des dépenses donc on continuera à creuser le trou.

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Astérix 2 mai 2023 - 6:59

Tout à fait KOERCKEL, mais le problème vient aussi des français qui votent et revotent pour les énarcofonctionnaires qui ne savent que dépenser et écraser les entreprises et les particuliers d’impôts, de taxes, de prélèvements, alors que nos compatriotes devraient favoriser les personnes de bon sens !???
La France devra descendre au fond du trou pour que les français arrivent peut-être à comprendre ?????? et encore !?

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Faivre Daniel 7 mai 2023 - 2:26

Vous oubliez de parler des très pauvres Rackettez par les finance public, Nous sommes des citoyens exonérés d’impôt sur le revenu, mais parler de tous les autres impôts que nous payons, la Taxe foncière, la TVA l’octroi de Mer la CSG, et autre retrais sur nos retraites

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