Trump se bat contre les discriminations réelles ou imaginaires en discriminant à tout va : il épargne la Russie et la Biélorussie de droits de douane supplémentaires, il livre à la Turquie des avions F35 sans évoquer la mise en détention inadmissible du maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu… Le mal soigne pourtant rarement le mal.
La diversité se valorise par le mérite
L’ambassade américaine à Paris a signifié aux entreprises françaises que pour travailler avec le gouvernement américain, elles devraient respecter aux Etats-Unis le décret 14173 pris par Donald Trump au début de son mandat pour mettre fin aux programmes promouvant l’égalité des chances au sein de l’État fédéral. Si elles veulent travailler avec le gouvernement fédéral, elles devront donc justifier du fait qu’elles n’opèrent « aucun programme faisant la promotion de la diversité, de l’équité et de l’inclusion. »
L’Europe s’en offusque, mais en arroseur arrosé tant elle a elle-même multiplié les politiques en faveur de l’égalité des chances, de la diversité des genres et des couleurs, en cherchant à les imposer au monde entier, et notamment à l’Amérique du Nord, en même temps que ses normes (DSA/DMA par exemple) et sa fiscalité anti-GAFA. Elle est donc très mal placée pour déverser son fiel sur Trump, sans que pour autant soit défendables les discriminations anti-discrimination de ce dernier, qui sont aussi des discriminations.
La discrimination dite positive reste pourtant une discrimination. Elle n’est donc souhaitable qu’au profit de ceux qui, eu égard à leur âge, à leur état physique ou mental ou encore plus exceptionnellement à un empêchement économique ou social avéré, n’ont pas la capacité d’obtenir par eux-mêmes de quoi répondre à leurs besoins essentiels. Hors ces cas, elle nuit même à ceux qu’elle veut protéger en les trompant sur leurs propres capacités, en réduisant leur responsabilité dans leur propre accomplissement, en leur accordant une égalité factice, artificielle et dès lors méprisée.
On ne combat pas les mauvaises idées en les interdisant, mais en démontrant leur inanité, voire leur perversité. Le rôle de l’autorité publique est de veiller à ce que chacun puisse s’exprimer librement, pas de punir ceux qui ne pensent pas comme elle. Pour elle-même, elle doit choisir les meilleurs produits et services tout en pouvant escompter que les entreprises capables de les lui fournir seront celles qui s’occuperont de leur métier plutôt que d’idéologie et qui recruteront les gens en fonction de leurs mérites et habiletés plutôt que de leur couleur de peau ou de leur genre.
L’envers des droits de douane
La France est encore bien malvenue de critiquer les droits de douane après avoir refusé, stupidement, de l’extrême gauche à l’extrême droite, le traité du Mercosur qui les réduisait très sensiblement avec l’Amérique du sud. Et elle réagirait aussi bêtement que Trump en les augmentant à l’égard des Etats-Unis.
Comme tous les impôts, les droits de douane sont toujours payés, in fine, par le consommateur. Avec cette particularité que le pays qui les instaure en souffre généralement autant, sinon plus, à long terme que celui auquel il les impose. Comme les péages autrefois, les droits de douane se nourrissent illégitimement du mouvement productif du commerce. Ils entravent les marchés et nuisent à leur développement, donc au progrès et à l’enrichissement général qui prospèrent à proportion de l’augmentation des échanges. Car les échanges libres créent de la valeur ajoutée en permettant à chaque coéchangiste, tout au long des chaînes de production comme de commercialisation, d’améliorer services et produits et d’y trouver son intérêt.
En augmentant de manière délirante et arbitraire, donc discriminatoire, les droits de douane, les Etats-Unis vont se faire du mal à eux-mêmes peut-être plus qu’aux autres : augmentation des prix des produits et services importés pour les composants de produits américains ou directement pour les consommateurs, réduction de la concurrence qui entraînera une baisse de la compétitivité américaine, difficultés pour exporter dans les pays victimes de la vindicte américaine…
Ne serait-il donc pas souhaitable que la France, et plus généralement l’Europe, se retienne de représailles, c’est-à-dire ne fasse pas la bêtise de faire du Trump pour combattre la bêtise de Trump ? La loi du talion reste rudimentaire et a ses limites. Crever l’œil de celui qui vous en a crevé un ne vous permet pas de retrouver la vue. Un tarif français douanier de 20% sur le bourbon américain ne permettra pas aux producteurs de cognac de mieux vendre aux Etats-Unis qui leur ont imposé un tarif de 20%.
L’Angleterre de Peel et Gladstone avait compris, à la mi-temps du XIXème siècle, qu’elle s’enrichirait mieux en supprimant ses droits de douane, même sans réciprocité, plutôt qu’en les augmentant. Ce qui lui permit de consolider sa puissance. Ce serait la meilleure réponse aujourd’hui à Trump. A condition bien sûr que parallèlement, la France et l’Europe fassent un véritable effort pour libérer l’économie des excès de contraintes normatives, sociales et fiscales qui pèsent sur elle.
Trump paiera vite le prix de ses décisions irraisonnées. L’élection du 1er avril perdue par les républicains dans le Wisconsin et la réduction sensible de l’électorat républicain lors des deux dernières élections à la Chambre des représentants en Floride, également ce 1er avril, témoignent déjà de la désaffection de l’électorat.
Mais il risque de faire peser longtemps l’opprobre sur les réformes nécessaires qu’il aura bâclées. C’est dommage.
2 commentaires
Trump revient à un peu de bon sens en luttant contre le délire woke qui empoisonne le monde autrefois dit libre . Il ne sera jamais assez remercié d’avoir allumé un peu d’espoir.
Bonne nouvelle : Trump a fait marche arrière pour St Pierre-et-Miquelon, initialement taxée à 50 % : il s’est rendu compte que ses riches amis n’apprécieraient pas de payer leurs homards 50 % plus cher