Une analyse terrible de la recherche française a été publiée par Les Echos du 19 mai. L’auteur insiste sur la « paupérisation de la recherche » en France, sur sa bureaucratisation excessive et sur… la « précarité grandissante parmi les trentenaires », elle-même cumulée avec un nombre de postes en baisse sensible. Ces derniers constats mériteraient quelques précisions.
Oui, la recherche française étouffe sous la bureaucratie et les réglementations ! Mais elle n’est pas la moins bien dotée en moyens de tous les pays. On dépense environ 43.4 Mds d’euros, ou 2.24 % du PIB, contre 1.77 du PIB au Royaume Uni, 1.74% du PIB au Canada, 1.84 % en Chine, 2.04 % du PIB aux Pays-Bas et en Belgique, 2.77 % aux Etats-Unis, enfin 2.84 % en Allemagne. Il est vrai que la Suède dépense environ 3.37 % du PIB pour sa recherche. Mais ses chercheurs n’ont pas le statut des chercheurs français ainsi que leur emploi à vie. Les universités suédoises sont pour la plupart totalement autonomes et ont été réorganisées en fondations. Leurs présidents ont le pouvoir d’embaucher et de débaucher les enseignants-chercheurs. C’est la même structure en Allemagne, où les chercheurs signent des contrats de droit privé.
De plus, notre pays compte, en moyenne, plus de chercheurs que d’autres pays : 8.5 chercheurs pour 1 000 actifs, contre 7.5 au Royaume-Uni et en Allemagne. Le nombre de chercheurs est en forte augmentation : dans les entreprises, ils sont passés de 70 000 en 1997 à plus de 140 000 en 2011. Dans les administrations, ils sont passés de 80 000 en 1997 à plus de 110 000 en 2011. Sur 10 chercheurs, 6 travaillent en entreprises et 4 dans les administrations.
Depuis 2000, les effectifs de chercheurs en France ont progressé de 42 %, soit un taux de croissance annuel moyen de 3,6 %. Ce taux constitue une progression plus forte que celui que l’on enregistre en Allemagne (2,4 % de croissance annuelle moyenne), aux États Unis (1,0 %) et au Japon (0,1 %). En 2010, la part des chercheurs dans les entreprises s’élevait à 58 % en France, contre 80 % aux États-Unis, 77 % en Corée du Sud, 75 % au Japon.
Oui, il existe bel et bien un problème pour la recherche française ! Pourtant, ce n’est pas l’insuffisance des moyens qui pose problème, mais l’étatisation excessive de cette activité et le statut conféré aux chercheurs, d’une autre époque… Pour y remédier, il suffirait de libérer la recherche publique, en l’ouvrant à la concurrence et aux fonds privés.
3 commentaires
PLETHORE DE FONCTIONNAIRES, CA C EST LA FRANCE !
Vous pouvez évoquer la majorité des domaines : les fonctionnaires sont pratiquement partout en surnombre. Deux exemples :
– la météo : nous avons plus de métérologues que les USA et pourtant la surface à traiter y est autrement plus importante que celle de notre France
– le CNRS : déjà le Général de Gaulle disait que nous avions beaucoup trop de chercheurs et
pas assez de trouveurs, (Le Général est mort en 1970, depuis rien ne s'est arrangé)
J'ai pourtant entendu (pendant une grève…) des fonctionnaires interrogés dire qu'ils "étaient à l'os " !!! et tout récemment j'ai même entendu "qu'ils étaient à la moelle" !!!
Je leur conseille de démissionner immédiatement et d'aller dans le privé.
Un mal bien français !
Bien des raisons sont souvent avancées afin « d’expliquer la situation » de la France: taille et stagnation de nos P.M.E. ; nature, qualité et catégorie des produits porteurs à l’exportation ; nos salaires et les diverses contraintes et rigidités ; etc…… ; et alors bien des solutions ont été suggérées : Relance ? Rigueur ? Croissance ? Austérité ?…. mais le « compte » n’y est pas ! D’autre part, quelque soit le remède envisagé, le malade est déjà trop faible ! Il faut donc nécessairement envisager un "préalable"…..
Une partie de l’important et intéressant Rapport Gallois — revivifier la France par une compétitivité industrielle retrouvée — avait retenu mon attention par…… une absente « petite, indirecte et donc sournoise » cause , jamais mise en évidence d’ailleurs !
Oui, la France ne manque pas d’atouts, d’idées ( ?)…..
Malheureusement, je me dois d indiquer une caractéristique bien française : « notre désintérêt pour la sauvegarde des dites idées »……… qui explique largement la situation (de marasme) actuelle, et de notre futur !.
Deux exemples :
— Pierre-Gilles de Gennes, prix Nobel, n'a jamais déposé, de sa vie, une demande de brevet d’invention. Il me l’avait écrit ! Quant à Serge Haroche, notre nouveau Prix Nobel, je n’ai trouvé trace que d’un seul brevet !! A qui fera t’on croire, qu’à un moment ou à un autre, un « découvreur (physicien) » n’a pas été ou ne sera pas, obligatoirement voire involontairement, un « inventeur » ?
— Depuis des années, nos amis allemands déposent 2 à 3 fois plus de demandes de brevets d’inventions (nationaux et européens) que nous ! Et souvent pour des biens d’équipement ( dont les productions viendront en retour « télescoper » les nôtres !).
Pourquoi ?……. Parce que la finalité, voire la stratégie de la « Propriété Intellectuelle et Industrielle » n'est pas "enseignée" dans nos "Ecoles" (si, mais en 5* année de Droit et….. seulement en module de spécialisation !! et peut-être à l’ESPCI de Paris ?)……..Pouah ! s’abaisser à enseigner cela ! Pouah : le contraire de la vision universaliste des chercheurs français attachés à la diffusion du savoir. Cela doit venir de notre tradition issue de la Révolution (Mon très vieux « Larousse » n’indique t-il pas en Préface « Je sème à tout vent » ? Quant à Louis Pasteur, ne déclarait-il pas, il y a plus d’un siècle : « La science n’a pas de patrie ! »).
J'ai donc développé ce sujet, dramatique, dans des notes envoyées, depuis des années, à droite comme à gauche…… Jamais de réponse! (peut-être parce que ce que j’y propose ne coûte rien) .
Un pays ne peut avoir d’avenir sans une activité « productrice, matérielle / immatérielle », diversifiée, importante et renouvelée, grâce à une innovation pérenne et récurrente :
…….. (1) ce qui exige obligatoirement une Propriété Intellectuelle (ouverte ou fermée) conséquente. Et si ceci est enfin admis, alors……
………(2) une de mes questions : Quand rendra t’on obligatoire l’enseignement de la Propriété Intellectuelle, conjointement dans toutes les écoles d’ingénieurs et de commerce et dans tous les cursus universitaires ayant un lien, même ténu , avec « l’activité ».
C’est à ce moment là qu’on en acquiert la culture (donc la finalité) : avant, c’est à fond perdu ; après, c’est beaucoup trop tard !….C’est comme d’un outil, il faut apprendre à s’en servir…..au bon moment !
Le CNRS sabote par le gouvernement en 1986
Vos articles critiquant le manque de résultats du CNRS semblent ignorer le sabotage organise par J. Chirac en 1986 qui a coupe les budgets et fige les embauches et salaires.
J'ai travaille au CNRS de 1985 a 1989, je suppose que Mr Marc Lassort n'était meme pas né, alors qu'il évite de critiquer ce qu'il ne connais pas, et je vous passe les erreurs en physique de Mr P.G. de Gennes qui avait notemment declare qu'il n'y aurait jamais de supreaconducteur au dessus de 50Kelvin, ce qui s'est révélé 15 ans plus tard entièrement FAUX.