L’Allemagne est officiellement entrée en période électorale vendredi avec la décision du président Frank-Walter Steinmeier de dissoudre le parlement et de fixer les élections législatives anticipées au 23 février, dans un contexte de crise économique. Cette campagne de deux mois, anticipée de sept mois par rapport à la date initialement prévue, est la conséquence de l’implosion de la coalition gouvernementale du chancelier social-démocrate Olaf Scholz.
Les conservateurs de la CDU menés par Friedrich Merz sont donnés nettement gagnants, avec 32% des intentions de vote, devant le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD, 19%), le SPD (15%) et les Verts (13%), selon une moyenne pondérée des sondages à la date de vendredi. Au vu de l’état actuel des forces, un futur gouvernement mené par les conservateurs, en coalition avec le SPD comme allié, constitue le scénario le plus probable. Quoique pas sans précédent puisque l’Allemagne a déjà été dirigée en 1965-69, puis 2005-2009 et enfin de 2013 à 2021, par cette Grosse Koalition, surnommée GroKo entre les deux partis dominant largement la vie politique du pays depuis 1945, cet attelage serait assez bancal. En effet, la CDU est nettement plus atlantiste que le SPD, et compte livrer des missiles longue portée Taurus à l’Ukraine, et plus libérale, logiquement, sur le plan économique, ce qui impliquerait la préparation d’un budget à Etat providence beaucoup moins généreux… Toutefois, les deux seules coalitions alternatives, entre la CDU et le FDP, d’une part, ou la CDU et les Verts d’autre part, peineraient à rassembler une majorité de députés, d’autant plus que le FDP n’est pas sûr d’être représenté au Parlement.
Formée par le SPD, les Verts et les libéraux du FDP, l’alliance au pouvoir depuis la fin 2021 avait volé en éclats le 6 novembre avec le limogeage par Olaf Scholz du ministre des Finances libéral. Motif : des différends devenus insurmontables sur la politique économique et budgétaire. Sans majorité parlementaire depuis, le chancelier avait posé la question de confiance au Bundestag mi-décembre dans le but de lancer la procédure pour des élections anticipées, dont M. Steinmeier a donc confirmé la date.
Cet événement rarissime en Allemagne s’inscrit dans la grave crise que traverse la première économie européenne, menacée d’une deuxième récession annuelle d’affilée et d’une remise en cause de son modèle industriel fondée sur une énergie russe bon marché. Les énergies renouvelables allemandes font défaut et la concurrence chinoise, notamment dans l’automobile, s’avère redoutable. Olaf Scholz prône un assouplissement des règles d’endettement pour faire des investissements afin de relancer l’économie, quand l’opposition conservatrice plaide pour un maintien du frein à la dette, mécanisme ancré dans la Constitution. Parmi les autres préoccupations majeures pour l’Allemagne, M. Steinmeier a cité “les guerres au Proche-Orient et en Ukraine” ainsi que les “questions de contrôle de l’immigration et de l’intégration, et du changement climatique”.
3 commentaires
Et tous ça parce que l’Allemagne a écouté les écolos…
Le bateau “Allemagne” coule normalement ,avec dans sa cale les centrales nucléaires civiles,l’industrie automobile,et la Grosse Koalition,était à la barre la Reine de l’Europe A.Merkel. Ils Leur restent les hélices, les plaques chauffantes et le majeur de Poutine.
Si l’Allemagne ne maintiendra pas le frein à la dette, ça va finir comme en France. Les agences financières vont dévaluer l’Allemagne.