Fier de sa troisième place au premier tour de la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon tend la main aux autres formations de gauche en vue des législatives, sous les couleurs de l’Union populaire.
« La stratégie de l’Union populaire, c’est rassembler par la base, puisque les sommets ne veulent rien savoir, sur un programme. […] Je demande aux Français de m’élire Premier ministre. Je leur demande pour cela d’élire une majorité de députés Insoumis et j’appelle tous ceux qui veulent rejoindre l’Union populaire à se joindre à nous pour cette belle bataille. Il y a donc un troisième tour » affirmait Jean-Luc Mélenchon face à Bruce Toussaint sur BFM TV, mardi 19 avril, quitte à s’imposer par des chemins de traverse. « Si ça ne se passe pas comme prévu, il faudra aller chercher la victoire dans la rue. La mobilisation populaire est l’une des clefs pour faire avancer la société » assurait quant à elle Clémentine Autain, députée LFI de Seine-Saint-Denis, le 27 avril face à Caroline Roux sur le plateau de l’émission Les 4 vérités. L’idée, toujours la même : conduire aux urnes un électorat plutôt jeune et populaire, qui a tendance à bouder les législatives une fois la présidentielle passée, mais qui n’hésite pas à se mobiliser pour manifester sur la chaussée et poursuivre la lutte populaire sans s’en remettre uniquement au suffrage universel.
C’est donc en tête de ce fameux « troisième tour » que le candidat LFI s’imagine lorsqu’il ouvre, dès l’annonce des scores du premier tour de la présidentielle, une nouvelle étape de sa campagne. A l’entendre, les chiffres sont éloquents : sans les Insoumis, point de gauche au pouvoir. « L’Union populaire est en tête dans 104 circonscriptions [sur 577, ndlr] et réunit aujourd’hui 1,5 millions de voix de plus que M. Macron aux législatives de 2017, donc sur le papier, la réserve existe » affirmait encore le chef de file LFI lors d’une conférence à la Maison de la Chimie jeudi 21 avril. Le héraut auto-proclamé de la voix du peuple ouvre la porte à une union des gauches, mais sous ses propres conditions.
Union ou adhésion ?
Le calcul est simple : Jean-Luc Mélenchon ne réitérera pas ses erreurs de 2017, lorsqu’il a refusé tout compromis avec les autres partis. Cette fois, le dialogue est ouvert, en apparence du moins : si coalition il y a, elle se fera sur la base du programme du candidat, « L’avenir en commun ». Dans une lettre adressée à EELV, les responsables LFI, Adrien Quatennens, coordinateur de La France insoumise et Mathilde Panot, présidente du groupe à l’Assemblée Nationale, proposent notamment aux électeurs déçus de Yannick Jadot « l’attribution du label commun pour des candidatures aux élections législatives » dont « la base de répartition pourrait être celle établie par les électeurs au premier tour de l’élection présidentielle, dans l’application du principe proportionnel commun à nos programmes respectifs ». Il ne s’agit donc pas, selon la proposition des Insoumis, d’être d’accord sur toute la ligne, mais d’adhérer aux mesures majeures du programme du parti : retraite à 60 ans, abrogation de la loi El-Khomri, augmentation du Smic, blocage des prix des produits de première nécessité et planification écologique, entre autres. Union ou adhésion ?
Jeudi 14 avril, Fabien Roussel, candidat du PCF, appelait à l’union avec LFI lors d’une conférence de presse, en vue des élections de juin, dans le but de « faire gagner la gauche aux législatives » : « Je lui propose d’additionner nos voix » avait-il ajouté. Plébiscité par ses anciens adversaires — insoumis mais pas rebelle — Jean-Luc Mélenchon s’est adressé le 15 avril dernier aux écologistes et aux communistes par deux lettres rendues publiques en excluant, dans un premier temps, le Parti socialiste. Le 21 avril, sur le plateau de BFM TV, Manuel Bompard, ancien directeur de campagne du candidat Insoumis, confirmait : « Des discussions sont engagées avec le PCF, avec EELV, avec le NPA ». Le marxisme justicier et l’illusion verte ont-ils de beaux jours devant eux ?
Dissonances au sein de l’Union populaire
Rancunier ? Mathilde Panot, assurait en effet dans une interview accordée au JDD qu’« il n’y aura pas de discussion avec le PS, et ce refus est définitif. […] Le PS a été très clair. Anne Hidalgo ne voulait rien construire avec nous. Nous avons pris acte de ses attaques et de son refus à tirer un bilan lucide du quinquennat de François Hollande. Dans les dernières semaines de campagne, Jean-Luc Mélenchon était devenu l’ennemi numéro 1. Pendant ce temps, elle ne disait rien sur Marine Le Pen ou sur Emmanuel Macron ». Trois jours plus tard, le 19 avril, un vote était pourtant organisé au bureau national du Parti socialiste pour se positionner sur un rapprochement avec LFI : 160 votes pour ; 75 contre. L’opportunisme a enterré la hache de guerre.
Jean-Luc Mélenchon s’impose donc comme le maître des alliances à gauche : « Oui, Jean-Luc Mélenchon peut structurer l’arc humaniste ! 1) Battons Le Pen dimanche, en votant Macron et en évitant le pire : l’extrême-droite au pouvoir. 2) En juin, élisons une majorité de députés de gauche et écologistes. #Melenchon1erMinistre » déclarait sur Tweeter Eric Piolle, maire EELV de Grenoble, jeudi 21 avril. L’ancien candidat aux primaires EELV soulignait également que « Jean-Luc Mélenchon peut structurer l’arc humaniste ». Toujours au sein de la frange écologiste, le parti de Benoît Hamon, Génération.s, s’est lui aussi prononcé dans un communiqué en faveur de la coalition proposée par les Insoumis : « Que ce gouvernement soit dirigé par le candidat de l’Union populaire est légitime au regard du résultat de l’élection présidentielle ». La galaxie des gauches gravite désormais autour d’un nouveau roi Soleil.
2 commentaires
D’un Roi à un autre, puis à un autre… il n’en demeure pas moins qu’il ne sera jamais que le Roi des « C… » !.
Mélenchon ? Un trotskiste à la tête d’une pseudo coalition de gauche ? Jusqu’au lendemain des élections sûrement. Les Verts nous montrent leur vraie couleur, c’est vrai qu’avec cet âne de Piolle qui veut imposer le burkini dans les piscines de Grenoble, il est plus gauchiste que vert, quant à Faure il est en train de planter les derniers clous dans le cercueil du PS, tout ça c’est la faute à Rousseau comme chantait Gavroche.