Cette question est plus fondamentalement celle de la compatibilité de l’islam avec les valeurs occidentales de liberté, de responsabilité, de démocratie… D’une manière générale, l’islam peut permettre le libéralisme économique par indifférence, parce qu’il ne s’en occupe pas ; il admet certaines libertés privées, mais il nie le libre arbitre de l’homme. Il ne peut donc pas être libéral dans son acception pleine, et non seulement économique, qui croit que la liberté est au fondement de toute humanité — pour permettre la recherche par chacun de ses propres fins — et qui fonde l’avenir et la prospérité des civilisations sur la liberté humaine.
L’espoir Mo’tazilites
C’est vrai qu’à l’origine tout n’était pas perdu pour la liberté humaine en terre d’Islam. A Baghdâd se développa le mouvement des Mo’tazilites dès le IIème siècle de l’Hégire dont « la doctrine est centrée sur deux principes : à l’égard de Dieu, principe de la transcendance et de l’Unité absolue ; à l’égard de l’homme, principe de la liberté individuelle entrainant la responsabilité immédiate de nos actes » [[Henry Corbin, Histoire de la philosophie islamique, Gallimard, folio essais, 2014, p.158.]]. Cette conception veut que les hommes soient responsables de leurs actes, donc libres conformément à cette sourate du Coran selon laquelle « Celui qui fait le bien, le fait pour soi-même ; celui qui fait le mal, le fait contre soi-même » [[Sourate 45 – Al Jathiya (L’agenouillée), 15.]]. Cette idée était proche de l’aristotélisme selon lequel, à la différence de l’animal, l’homme est libre de faire le bien ou le mal et « c’est le choix que nous faisons de ce qui est bien ou de ce qui est mal qui détermine la qualité de notre personne morale » [[Aristote, Éthique à Nicomaque, III, 4, 1112a, traduction J. Tricot, Librairie Philosophique Jean Vrin, 1971, p. 131.]]. Sinon, l’idée de récompense ou de châtiment dans l’au-delà perd tout son sens. La justice divine implique que ne soient pas traités de la même manière celui qui est fidèle et celui qui ne l’est pas. L’homme est libre de ses choix, ce qui l’en rend responsable. Mais si tout ce qui nous arrive est connu de Dieu, si tout ce que nous faisons est écrit dans un registre céleste comme le Coran le dit [[« Il détient les clefs de l’Inapparent, nul ne les connaît hors Lui. Il sait ce qui est sur terre comme en mer ; pas une feuille qui ne tombe sans qu’Il en ait connaissance, pas une graine en les ténèbres du sol et pas une pousse fraîche ou sèche, rien qui ne soit en un Recueil établi. », Sourate 6, Verset 59.]], alors, quelle liberté reste-t-il à l’homme ? La doctrine Mo’tazilite, élaborée sur la notion de l’Unité divine (la Tawhid), pose donc les mêmes questions existentielles que le christianisme et elle y répond dans des termes bien proches de ceux de Saint Augustin si l’on s’en réfère à la conception Mo’tazilite selon laquelle Dieu a la préscience de nos agissements sans que cela nous empêche d’être libres parce que le savoir de Dieu est atemporel[[H. Corbin, idem, p.161.]].
Cette notion Mo’tazilite de liberté fut à l’époque plus généralement adoptée, dans un souci aussi que la raison accompagne la foi, par les Chiites, tournés plus volontiers vers la métaphysique et l’ésotérisme, plutôt que par les Sunnites plus attachés à la lettre du Livre au point d’en être prisonniers. Le Mo’tazilisme connut un certain succès pendant les premiers siècles de l’Hégire après avoir été officiellement adopté par le Calife Abbasside al-Mâ’mûn (786/833). Sa pratique de la liberté était au demeurant relative puisqu’il institua tout aussitôt une inquisition pour poursuivre ceux qui ne se ralliaient pas au Mo’tazilisme, avant que celui-ci soit condamné au profit d’autres écoles, sunnites ou chiites, toutes favorables à la prédestination et à la négation du libre arbitre.
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4 commentaires
La réponse est claire: NON!
Le coran dit que:
-les mécréants sont l’ennemi d’allah et des musulmans S8/V59-60
-que haïr à jamais ceux qui ne croient pas en allah et croient en autre chose est un bel exemple à suivre selon allah S60/V4
-de combattre ceux qui ne croient pas en allah ni au jour dernier S9/V29
-Capturez-les, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade. Si ensuite ils se repentent (en se convertissant à l’islam), accomplissent la salat (la prière musulmane) et acquittent la zakat (l’impôt musulman), alors laissez-leur la voie libre, car allah est pardonneur et miséricordieux. » (S9, V14) : Combattez-les.
L’islam est-il compatible avec les valeurs de liberté ?
Pour moi qui suis un praticien du monde musulman, la question n’a pas de sens. En effet ce qui existe ce sont des musulmans, du djihadiste au soufi, pas l’islam. Le christianisme est est-il compatible avec la démocratie ? Les chrétiens ont-il appelé au massacre des mécréants ? La réponse a varié dans le temps et dans l’espace,
Quant aux remarques de « Chris », fondées sur « le Coran dit que », elles sont largement diffusées, mais inexactes : d’une part le Coran ne « dit » rien de précis ni de compréhensible, et les « lettrés » en débattent depuis 14 siècles. En particulier les citations évoquées doivent être remises dans leur contexte car les personnes visées le sont souvent dans le contexte d’une dispute locale de l’époque et ne sont pas les non-musulmans en général.
Ce qui est inquiétant c’est que la lecture wahhabite (ou analogue) soit diffusée par la télévision internationale et Internetet Internet
Pouvez-vous avoir l’amabilité de me dire si ce commentaire a été validé ?
L’islam est-il compatible avec les valeurs de liberté ?
Les musulmans ne croient que dans le Coran qui est en fait * leur code civil * et comme ce code a été écrit au moyen âge ,il causé le retard de ces populations qui heureusement bénéficient des technologies inventées pendant des siècles par les chrétiens et les laïques .D’ailleurs qui apporte de la nourriture aux peuples musulmans du Sahel ou du Mali ou encore du Soudan ……’les chrétiens et les laïques .
L’islam est-il compatible avec les valeurs de liberté ?
L’Islam est il compatible avec les valeurs de la liberté? Même si des musulmans ont essayé et essayent encore à l’heure actuelle de réfléchir à une évolution de leur religion, la réponse à l’heure actuelle, et chez nous est clairement non. Sans aller chercher des théories savantes il suffit de considérer la place de la femme dans cette religion. Vous nous direz que chez nous il y a encore des progrès à faire, certes, mais chez les musulmans, à part quelques exceptions, ça vole très, très bas.