Le journal Les Echos, propriété de M. Bernard Arnault, défend-il l’économie libérale ? A lire l’article d’une page que l’un de ses journalistes a consacré à l’économie irlandaise, le doute est permis. Les lecteurs du quotidien économique – dont l’auteur de ces lignes- y cherchent en vain les références et propositions libérales que l’IREF promeut quotidiennement.
Il y a longtemps que certains journalistes des Echos ont cédé aux sirènes du conformisme progressiste, celui de l’étatisme, celui des sentiments européens béats, couronnés  désormais d’un wokisme de bon aloi. Ce ne sont que références à la diversité, à l’inclusion, à la RSE… En matière économique, ils relaient les poncifs du « planisme » que fustigeait Friedrich von Hayek, ignorant qu’il mène, selon le grand auteur autrichien, à  « la route de la servitude ».
L’économie irlandaise est-elle dynamique ? Le titre nous met en garde :  « Anatomie d’un dérapage en pleine vitesse ».
Le réquisitoire se veut accablant : la croissance est « insolente » et immorale, semble considérer le journaliste qui décoche sa première flèche aux  officiers de l’immigration, qui prétendent contrôler les papiers d’identité des passagers avant leur débarquement de l’avion, au cas où ils auraient ensuite l’idée de les détruire afin de ne pouvoir être réembarqués…
La croissance irlandaise ? Suspecte, éminemment suspecte
Venons-en à l’économie. Un taux de croissance en 2015 de 25 % ? Même dans ses rêveries d’écrivain à temps partiel, Bruno Le Maire n’y songerait pas. Cette croissance est éminemment suspecte, « boostée aux stéroïdes par la puissance d’une poignée de multinationales américaines ». Vivement le prochain sommet Choose France, prévu le 13 mai prochain, afin que notre président de la République puisse admonester ces dirigeants des sociétés internationales qui préfèrent le sol irlandais au pays de Voltaire qui, est-il nécessaire de le rappeler ici, est aussi celui d’un dirigisme séculaire.
Il est vrai que ces capitalistes présumés immoraux dans leurs choix préfèrent investir dans un pays qui taxe les profits à un taux moyen inférieur de moitié au taux français – en réalité, compte tenu des exonérations pratiquées, de l’ordre du tiers du taux français En fait de lumières, en matière d’impôts, de déficits publics, d’endettement, de performance des services publics, la France s’illustre comme le cancre de la classe de l’OCDE.
Les ressorts du miracle irlandais, un pays sans ressources naturelles, éloigné des principales voies de communication, qui a souffert pendant des décennies d’une pauvreté de loin supérieure à celle des pays continentaux de l’Union européenne, sont marqués du péché capital d’avoir accueilli en trop grand nombre les entreprises de la technologie et de la santé (laboratoires, Medtech). En somme d’avoir créé une forme de dépendance à ces secteurs d’avenir ! A croire que ce pays aurait dû céder à la facilité de l’emploi public, à nos fonctionnaires en grand nombre que le monde entier nous envierait, à notre capitalisme de connivence.
L’Irlande a fait la folie de ne pas copier notre modèle
Or les Irlandais accumulent, année après année, les excédents budgétaires. Preuve que – n’en déplaise aux collectivistes, ainsi que les nomme le nouveau président argentin – la baisse de l’impôt sur les sociétés est bien le facteur clé de l’attractivité et du succès économique.
Poursuivons la démonstration des Echos. Selon l’auteur de l’article, l’alimentation en électricité et l’état des réseaux d’eau montrent les faiblesses du pays. Pour la première, il est vrai que dans notre pays, la faillite d’EDF est un exemple : une faillite complaisamment passée sous silence, renflouée par le contribuable… Quant aux seconds, la déperdition en eau évaluée en France jusqu’à 50 % des volumes injectés n’existe pas… A écouter les écologistes et leurs ONG, ce sont les agriculteurs qui méritent notre vindicte, eux qui ont l’indécence de vouloir arroser leurs cultures pour nous nourrir.
Le reste de l’article est à l’unisson. Haro sur une économie irlandaise caractérisée par une pénurie de logements locatifs, des retards lors de la construction de lignes ferroviaires, un système de sante irlandais supposé exsangue. Ils sont décidément fous, ces Irlandais qui ont choisi le capitalisme plutôt que notre « modèle social français » qui ne souffre d’aucun de ces défauts ?
Nous devrions plutôt saluer leurs choix. A « la médiocrité mais la médiocrité pour tous » qui pourrait être la prochaine devise de la Nation – un terme étonnamment disparu du discours de nos représentants – ils ont préféré l’économie de marché. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le PIB par habitant irlandais est désormais le double de celui de nos concitoyens (106 351 dollars contre 50 541 dollars).
6 commentaires
Nous n’avons pas lu cet article du journal Les Échos mais partageons cette analyse.
Pour notre part nous ignorons si la détention de son capital est à l’origine de cette ligne éditoriale que vous dénoncez et ne pouvons qu’observer qu’en ce qui concerne Radio Classique dont la détention du capital nous semble-t-il appartient également au même propriétaire, nous sommes surpris de constater le parti pro écologiste que certains de ses journalistes ont adopté de manière récurrente sous couvert de défendre la terre, la nature, le climat et dénoncer le réchauffement des températures et valoriser le RSE et la responsabilité environnementale des entreprises.
Alors à notre tour nous nous interrogeons sur le fait de savoir s’il n’y a pas effectivement une relation entre ces lignes éditoriales de ces deux médias et la rétention de leur capital par le même propriétaire. Cela étant il est plutôt rassurant que le propriétaire d’un média puisse encore agir sur l’orientation éditoriale des médias qu’il détient, comme il est utile d’en dénoncer le fait qu’ils sont très conformistes à l’environnement politique très centriste dans lequel nous sommes qui risque de déboucher sur le contraire de ce qu’il prône
L’Ena que le Monde entier nous envie…
Les Echos(los) ont effectivement perdu la boussole économique. On peut aussi y lire les délires d’Attali, ce qui confirme la posture « progressiste » de ce journal.
On peut aussi s’interroger sur la préemption de certains mots ou préfixes par cette « pensée » bien pensante qui domine le monde médiatique (y compris le journal dont même la date est fausse) : à nous d’exercer le droit d’utiliser le préfixe « éco », les mots « écologie », « progrès », « social », etc. dans leurs sens premiers et légitimes.
Courage et grand merci pour vos articles.
Le libéralisme conduit à la prospérité. Les Irlandais ont choisi la prospérité, pas les Français.
Vraisemblablement, les Irlandais méconnaissent les énarques dont nous sommes -pour notre malheur- abondamment pourvus, sans compter les Pisani-Ferry et autres experts dont nos ministères et organismes aux noms pompeux débordent…
Ami de l’Irlande et des irlandais, de sang majoritairement celte, je suis pour l’Irlande et souhaite la fin de la colonisation anglaise dans l’Irlande occupée, afin qu’elle se réunisse avec l’Eire!