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France : les relations incestueuses entre les Banques et l’Etat

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Depuis les ministres jusqu’au Président de la République, en passant par le gouverneur de la Banque de France, les critiques ne cessent de s’abattre sur la justice américaine qui demande à la BNP – banque privée – jusqu’à 10 Mds de dollars d’amende, en même temps qu’une interdiction temporaire de traiter les transactions en dollars.

Le monde politique est même beaucoup plus actif que la banque elle-même. François Hollande en personne a décidé d’envoyer une lettre au président Barack Obama afin de le convaincre d’intervenir dans ce dossier. Ces agitations politiciennes montrent à quel point l’interventionnisme est ancré dans les mÅ“urs françaises, comme les connivences entre l’Etat et le monde bancaire. Cela prouve aussi la méconnaissance de la société américaine. La Justice reproche surtout à la BNP d’avoir dissimulé des violations d’embargos, ce qui peut s’assimiler à un parjure chez les hommes politiques américains. Un méfait, malheureusement, inconnu sur la scène politique française … De plus, la BNP n’est pas du tout la seule banque condamnée. Plus d’une dizaine de banques américaines ont payé depuis 2012 plus de 78 Mds de dollars en amendes diverses.

Ecrire à Obama pour qu’il intervienne provoque la risée de l’autre côté de l’Atlantique…, car les procureurs américains sont élus et indépendants. Voir un président américain intervenir en faveur d’une banque privée (américaine ou étrangère) serait interprété là-bas comme une trahison de sa fonction. Cette situation cocasse me fait penser à une autre histoire concernant la BNP et dont j’ai été, involontairement, l’instigateur. Dans un article publié par le Wall Street Journal, le 13 septembre 2011, dans lequel j’avais fondé mon propos sur le témoignage d’un cadre supérieur de la BNP, j’avais attiré l’attention sur le problème des liquidités des banques françaises et le danger des nationalisations. J’ajoutais que le meilleur remède pour soigner les banques françaises n’était pas leur nationalisation, mais le fait de se détacher de l’Etat, en évitant la mainmise des énarques (anciens inspecteurs des finances) sur les conseils d’administration (ce qui est le cas pour la BNP, la Société générale et d’autres grandes banques).

Mon article déclencha alors l’ire des dirigeants de la BNP qui saisirent même l’AMF (Autorité des marchés financiers). Deux jours après la parution de mon article, la rédaction du Wall Street Journal recevait un appel téléphonique provenant d’une «?haute personnalité politique française?», qui se disait «?choquée?» par l’article de M. Lecaussin, tendant à «?nuire au prestige de la BNP et des banques françaises en général?». Simple coïncidence ? Dans mon article, je dénonçais justement la connivence entre les banques françaises et l’Etat?!

Mais qui avait pu se permettre d’appeler et d’invectiver la rédaction du Wall Street Journal ? Le Canard enchaîné devait donner la réponse à ce mystère quelques semaines plus tard?: c’était Xavier Musca, le secrétaire général de l’Elysée… Habitué aux pratiques françaises, il n’avait pas hésité à admonester l’équipe du Wall Street Journal pour ce qui lui apparaissait comme une faute professionnelle. C’était comme si le Directeur de Cabinet de la Maison Blanche appelait à propos d’un article sur la Bank of America. Aux Etats-Unis, il aurait été obligé de démissionner… Mais en France, ces méthodes d’apparatchiks sont monnaie courante.

Quelles que soient les conséquences de cette nouvelle affaire BNP, elle prouve, une fois de plus, que les relations incestueuses entre les banques et l’Etat français n’ont jamais cessé… et que nos dirigeants sont profondément atteints par le virus interventionniste.

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