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Fillon et Thatcher : points communs et différences

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Depuis la victoire à la primaire de son parti « les Républicains », François Fillon est souvent comparé à Margaret Thatcher. On peut certes comparer la France qui, comme la Grande-Bretagne à l’époque, fait pâle figure face à ses partenaires comparables, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Mais au-delà la situation peu reluisante de leur deux pays, y-a-t-il de réels points communs permettant cette comparaison ?

Les inspirations

Commençons par leurs inspirations respectives. Dans son livre « Faire » écrit avant les primaires, François Fillon cite de nombreuses personnes qui l’ont influencées : de Gaulle ; Seguin ; Messmer, etc. On trouve Péguy aussi, mais à titre indicatif après une citation. Il ne semble pas que François Fillon ait d’autres modèles que les hommes politiques, ou bien il se garde de le mentionner dans ce recueil. A l’inverse, Mme Thatcher se référait explicitement à des penseurs politiques tels F. Hayek ou K. Popper. Si M. Fillon cite une fois Thatcher, c’est pour lui reconnaitre le mérite d’avoir « sauvé son pays » mais aussi pour s’en démarquer en insistant sur des nuances. Alors que Thatcher est armée de principes, Fillon serait plutôt un pragmatique (ce que confirme le titre de son livre programmatique).

Assainir les comptes publics

Déficit budgétaire prévu

Déficit budgétaire prévu

M. Fillon souhaite réduire les déficits publics jusqu’à l’équilibre, mais cela en 2022. Il est difficile de comparer des souhaits avec un bilan mais il se trouve que Margaret Thatcher n’a pu équilibrer les budgets anglais qu’à la fin des années 80 (en 1988). Ce serait donc comparable mais cet équilibre était cependant une réelle et constante préoccupation outre-manche. Alors que la situation était bien pire, le FMI ayant était appelé au secours en 1976, on peut estimer que l’effort était plus grand.

Recul des dépenses publiques

Ce chapitre peut sembler le même que précédemment mais il ne l’est pas. L’on peut très bien envisager, théoriquement, de réduire la dette sans dépenser moins, par l’augmentation des recettes. François Fillon considère que les dépenses publiques représentant 57,1% du PIB « étouffent notre économie ». Il propose 110 milliards d’économie sur 5 ans. Cela représente environ 1 point de PIB par an. . En Angleterre, les dépenses publiques, de 45% avaient diminué de 10 points, à 35%.

Diminuer le nombre d’emplois publics

Selon l’Insee, 6 900 000 personnes travaillent pour le secteur public ou semi-public en France en 2012 soit 24 % de la population active. La suppression de 500 000 postes de fonctionnaires correspond donc à une diminution de 2 points maximum. Entre 1977 et 1990, de 30%, l’emploi public tombe à 22% en Grande-Bretagne. Encore une fois, la mesure est bien différente. De plus, les structures publiques, ou parapubliques britanniques, peuvent embaucher en contrat privé.

Privatisations

François Fillon ne fait pas mention de privatisations quand c’est une des principales réalisations de Mme Thatcher : transports (1981), télécommunications (1984) (c’est cependant Fillon qui a engagé la privatisation de France Télécom alors qu’il était ministre pour la première fois en 1995), gaz (1986), électricité (87), eau (89).
Pourtant, la cour des comptes a sévèrement critiqué la gestion des portefeuilles d’Etat (APE, BPI ou CDC). Peut-être ce rapport récent fera-t-il changer le programme du candidat sur ce point ?

Réformer le syndicalisme

Ici, le défi n’est pas le même : entre le syndicalisme moribond qui sévit en France aujourd’hui et les « Unions » britanniques, la comparaison ne tient pas. Cependant, il reste certains aspects à réformer en France et F. Fillon entend s’en emparer en transformant le « dialogue social » : place aux accords collectifs d’entreprise. Avec une telle perspective, quelques grèves viendraient peut-être rappeler la situation connue par M. Thatcher. Tout dépend encore une fois de l’ampleur que prendraient ces modifications, F. Fillon reste prudent cependant dans ses intentions écrites.

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Pour conclure, il est un peu abusif de comparer ces deux personnages dont ni les idées, ni les situations ne sont comparables. Certes, un des premiers chapitres du livre de F. Fillon est intitulé « Liberté !», cela n’en fait pas pour autant un libéral comme Mme Thatcher l’était. Pour chaque grande mesure résumant la politique anglaise des années 80, l’on voit que F. Fillon prévoit de faire moins, largement parfois. Moins idéaliste, il reconnait tout simplement de façon pragmatique qu’un certains nombres de réformes sont aujourd’hui indispensables. Il n’est pas absurde de penser qu’un surcroit de liberté ne nuirait pas aux français, cela ne suffit cependant pas à faire de F. Fillon un thatchérien. Encore un effort Monsieur le peut-être prochain président !

Déficit budgétaire prévu
Déficit budgétaire prévu
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2 commentaires

Sébastien 31 janvier 2017 - 12:42 pm

Beaucoup d'erreurs
c'est troublant de la part d'un site qui se présente comme un institut sérieux de présenter des articles avec autant d'erreurs factuelles et de biais. par exemple Fillon a bien parlé de relancer les privatisations…

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Jean-Baptiste Boone 31 janvier 2017 - 1:55 pm

Bonjour Monsieur,
L'idée des privatisations ne figurent pas dans le projet que l'on trouve à http://www.fillon2017.fr. Il n'en fait pas mention dans son livre "faire" sauf erreur de ma part.
En revanche, il est fait mention clairement de la dépense publique: elle serait ramenée à 49% du PIB 2022, j'ai choisi de parler de PIB constant, considérant que les estimations de pré campagne ne sont pas fiables. Cela explique l'écart mais je ne le souhaite pas pour autant.
Je ne vois pas où il y aurait des erreurs factuelles.
Enfin, il ne s'agit pas d'une critique négative du programme de Fillon, qui reste le plus libéral de tous, mais une critique de la comparaison que l'on en fait avec Thatcher.

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