L’intelligence artificielle trouve son point de départ dans les années 50, notamment grâce aux recherches d’Alan Turing, et se définit comme « une discipline mathématique et technique destinée à reproduire l’intelligence humaine »[[« Intelligence artificielle : État de l’art et perspectives pour la France », DGE, Études économiques, Prospective, synthése, février 2019, p.10]]. Deux cycles successifs ont marqué son émergence : dans les années 80, le concept d’apprentissage automatique se développe et permet à une machine de déduire une règle à suivre à partir de l’analyse de données, c’est le véritable lancement des algorithmes apprenants qui ont permis, par exemple, à l’ordinateur deep blue de battre Gary Kasparov aux échecs. A partir des années 2000, l’avènement d’Internet et des grandes infrastructures de calcul permet d’avoir accès à un volume de données croissant et de créer des techniques d’apprentissage profond où les machines commencent à surpasser les meilleurs experts humains dans des domaines variés, tel que la reconnaissance visuelle, l’analyse documentaire ou la traduction.
État d’avancement de l’intelligence artificielle
En 2017, 5 Mds€ ont été investis au niveau mondial dans l’IA, dont les performances reposent sur la disponibilité des données décrivant un grand nombre d’évènements (plusieurs milliers) et la puissance de calcul capable de générer un apprentissage. De son côté, le cerveau humain est bien plus performant et n’a besoin que d’une dizaine d’exemples pour généraliser l’apprentissage de quelque chose à d’autres situations.
L’innovation cherche désormais à reproduire trois grandes tâches cognitives : la perception de l’environnement, la compréhension d’une situation et la prise de décision, selon une graduation illustrée par le tableau suivant[[Ibid, p.13]] :
L’immense majorité des opérations de compréhension et de décision réalisées par les humains restent hors de portée des machines. Même si l’IA demeure associée à une discipline mathématique, elle se déploie au fil de la vie de la donnée : sa génération, son traitement, sa restitution et son utilisation. Si les infrastructures de calcul, et notamment les performances de stockage, progressent peu depuis l’invention des disques à état solide, les infrastructures de diffusion de la donnée, 4G, Fibre, 5G, sont en pleine expansion.
Les principales composantes de l’IA sont illustrées par le tableau suivant[[Ibid, p.14.]] :
Les usages finaux de l’IA sont liés aux tâches statistiques confiées aux algorithmes, telles que trouver un objet sur une image, reconnaître un spam ou un virus dans un flux de données, recommander un achat en fonction de ses goûts, traduire un texte, analyser un sentiment.
Enjeux et positionnement de la France
L’enjeu économique pour les entreprises porte aujourd’hui sur le développement de solutions transverses, comme l’amélioration de la précision d’analyse des images et de solutions sectorielles, comme la détection de la fraude dans les transactions financières par exemple.
3 641 start-ups travaillent dans l’IA au niveau mondial, dont 40 % aux Etats-Unis, 11 % en Chine, 10 % en Israël, 7 % au Royaume-Uni et seulement 3,1 % en France, au même niveau que le Canada, le Japon et l’Allemagne.
Cette suprématie américaine voit San-Francisco (17%) et New-York (5%) occuper la première et la quatrième place des villes concentrant le plus de start-ups, tirées notamment par la croissance exponentielle des GAFA et par les programmes fédéraux de recherche sur l’énergie, la défense (2 Mds $) ou encore par la NASA.
La Chine, grâce à son immense marché intérieur et aux protections qu’elle a mise en œuvre face aux GAFA, a vu éclore 383 start-ups spécialisées dans l’IA, notamment dans le domaine de la reconnaissance faciale. Celles-ci sont majoritairement localisées à Pékin (43 %) et Shenzen (20%).
Talonnant la Chine, Israël bénéficie d’un écosystème de 362 start-ups, dynamisé par la présence de plus de 300 centres de R&D, une forte culture entrepreneuriale et des liens étroits avec l’armée.
La France ne récolte qu’un lot de consolation en devançant l’Allemagne (huitième) avec 109 start-ups, dont 73 à Paris, qui concentre également les centres de R&D en IA de Facebook et Google, ainsi que 45% des laboratoires publics et privés possédant des compétences en IA. Les secteurs impactés par l’IA sont assez disparates en fonction de leur digitalisation. La santé, l’industrie et les transports arrivent en tête du classement quand l’éducation, les télécommunications et les médias sont en bas de tableau.
Le secteur de la santé, par exemple, est le plus dynamique en la matière, en ce qui concerne notamment la médecine préventive, qui bénéficie des données transmises par un nombre croissant d’objets connectés, et l’aide au diagnostic où les données d’imagerie, d’électrocardiogramme ou de publications médicales sont déjà très digitalisées.
La position décevante de la France en terme d’intelligence artificielle, surtout comparée à celle du Royaume-Uni, est essentiellement due à un régime réglementaire et fiscal encore trop contraignant pour les start-ups, contrairement au modèle en vigueur Outre-Manche. Combinée à un financement massif de programmes de défense dédiés, la mise en œuvre d’une réduction d’impôt de 30 %, majorée à 50% pour l’IA et plafonnée à un million d’euros pour tout investissement direct ou indirect dans les start-ups, permettrait sans doute de rejoindre nos voisins britanniques en la matière.
5 commentaires
État des lieux et perspectives de l’intelligence artificielle en France
Parler d’intelligence artificielle est une aberration totale. Un super calculateur ne possède strictement aucune intelligence. Car l’intelligence est directement liée à un corps complexe, à une biologie hautement complexe, à des milliards et milliards de cellules vivantes possédant une mémoire, et une forme d’intelligence (on parle d’intelligence cellulaire.), à un nombre incalculable de bactéries, aux gènes (et une partie de l’intelligence est transmise par les parents).
Sans corps, aucune intelligence n’est possible.
Ces gens qui parlent d’intelligence artificielle et y travaillent, ne savent même pas comment exactement leur propre intelligence fonctionne.
C’est tout de même comique.
État des lieux et perspectives de l’intelligence artificielle en France
Cher Monsieur,
Quel terme est donc, selon vous, le plus adéquat ?
Au plaisir de vous lire,
État des lieux et perspectives de l’intelligence artificielle en France
Aussi, l’intelligence humaine ça n’est pas juste résoudre des problèmes. C’est résoudre des problèmes en étant confronté à de multiples conditions (corporelles, psychiques, psychologiques et environnementales). Soumis à certaines forces.
Le super calculateur deep blue n’a pas été soumis aux mêmes conditions que celles auxquelles Kasparov a été soumis, donc aux problèmes liés à la concentration. S’il fait trop chaud dans la salle, si vous avez une douleur intestinale en pleine partie, si quelqu’un parle, cela va avoir un impact sur votre manière de raisonner.
Il y a donc eu triche.
Comme un cycliste qui serait super dopé, ne ressentirait plus la douleur, et qui gagnerait le tour de France.
Et résoudre un problème par -40° avec les pieds congelés en n’ayant pas mangé depuis 3 jours, ça n’est pas la même chose que de résoudre un problème dans votre salon confortablement installé dans un canapé.
Aussi, il est question de « réseau de neurone » en « intelligence » artificielle. On peut le voir dans le schéma de l’article, avec un petit logo sur lequel est dessiné un cerveau humain… — c’est tout de même terrible que de réduire le cerveau humain à ce gadget électronique.
Je rappelle qu’il y a dans le cerveau humain entre 86 et 100 milliards de neurones et qu’il y a en moyenne 7 000 dentrites par neurone.
Et il n’y a pas de neurones (unités structurelles du vivant) dans ce soi-disant réseau de neurones qui n’est pas vivant. C’est juste une calculatrice améliorée. Et voilà le schéma complet d’un neurone : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b3/Complete_neuron_cell_diagram_fr.svg
Quand aux fondements neuronaux de l’intelligence…
État des lieux et perspectives de l’intelligence artificielle en France
Romain Delisle, bonjour.
Le terme d’IA apparaît en 1956 durant une conférence au Dartmouth College à Hanovre. Aujourd’hui, 65 ans plus tard, Il n’y a aucune « intelligence artificielle » ressemblant de près ou de loin au fonctionnement de notre cerveau.
Le terme « IA » est hype…
Le terme, qui n’est pas de moi, qui me semble le plus approprié est : informatique cognitive.
Mais à vrai dire, le problème n’est pas vraiment le mot, le problème réside selon moi dans le fait que certains fassent croire aux gens qu’il sera, un jour, possible de reproduire l’intelligence humaine de manière artificielle, et que l’intelligence humaine fonctionne comme fonctionne un super calculateur. Et des gens le croient.
Et concevoir l’esprit humain comme un ordinateur est selon moi très grave. Car c’est une négation de ce qu’est l’esprit humain, de ce qu’est l’intelligence humaine, de ce qu’est l’être humain et de son corps (l’esprit humain coopérant avec tout l’ensemble du corps qui n’est pas neuronale).
Bien à vous
État des lieux et perspectives de l’intelligence artificielle en France
Il y a dans la musique de Ravi Shankar,
une folie.