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Education prioritaire : un grand gaspillage contre-productif

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L’objet de cet article n’est pas de débattre du système éducatif français dans son ensemble et sur les alternatives au financement public, l’IREF ayant déjà écrit sur ce sujet à plusieurs reprises, mais plutôt de poser l’extrême nécessité de repenser la politique d’éducation dite « prioritaire ».

Depuis la mise en place de l’éducation dite « prioritaire », en 1982, face à la baisse du niveau scolaire et au décrochage de quelque 150.000 élèves par an, l’Etat n’a cessé d’empiler les dispositifs, en saupoudrant l’argent public de façon contre-productive et en dissimulant l’absence de véritables réformes sous des acronymes toujours plus élaborés.

En 1982, la création des ZEP avait mis en place 363 zones de ce type. En 1991, Lionel Jospin mène la première des réformes en matière de ZEP et les porte à 555, totalisant plus de 6.300 écoles et établissements. En 1997, la seconde réforme de l’éducation prioritaire met en place les contrats de réussite des réseaux d’éducation prioritaire, les REP, ce qui ajoute globalement environ 1.000 écoles et établissements au dispositif. En 2006, sont créés les réseaux ambition et réussite (RAR), au nombre de 250 environ, pilotés par l’Etat, et les ZEP et REP sont regroupés en plus de 820 réseaux de réussite scolaire (RRS), gérés localement. En 2010, les dispositifs Collège-Lycée ambition innovation réussite, CLAIR, puis Ecole-Collège-Lycée ambition innovation réussite, ECLAIR, remplacent les RAR. En 2012, il y a donc environ 2.400 écoles et collèges ECLAIR et plus de 5.200 établissements en RRS. Aujourd’hui la réforme proposée par le gouvernement vise à remplacer les ECLAIR et RRS en REP et REP+.

En effet, il est indispensable d’en finir avec l’empilement de statuts et la dispersion de moyens qui en résulte. Le problème majeur de cette réforme, même si elle a le mérite de simplifier les dispositifs, est qu’elle perpétue encore et toujours cette tradition bien française de saupoudrage inefficace de l’argent public. Les nomenclatures restent des fourre-tout permettant d’acheter la paix sociale, en alignant des millions que l’on n’a plus.

Toujours plus de moyens, toujours plus mal utilisés !

D’abord, cette habitude démagogique consistant à répondre aux difficultés scolaires par un déblocage de quelques millions supplémentaires met en péril le modèle de l’Ecole Républicaine. En effet, plus d’argent public pour les établissements dits prioritaires, c’est, mécaniquement, moins de moyens pour les autres : une façon indirecte de pénaliser les meilleurs. De facto, les millions distribués par l’Etat accentuent les inégalités qu’ils étaient supposés combattre : d’une part, parce que les moyens octroyés aux ZEP ne se concrétisent pas etne garantissent pas une élévation du niveau scolaire ; d’autre part, parce que les autres établissements, parce qu’ils ont de moins mauvais résultats, n’intéressent pas les politiques. Cette politique de saupoudrage, c’est le meilleur moyen de fracturer définitivement le système scolaire entre des établissements dits prioritaires où le niveau général dégringole et les décrochages augmentent, et des établissements traditionnels délaissés pour les écoles privées.
Ensuite, l’utilisation concrète des moyens attribués à la politique d’éducation prioritaire est contre-productive : 70% de ce budget sert à créer de nouveaux postes, alors que seulement 8% finance le soutien et le suivi personnalisé et moins de 10% la rémunération additionnelle des personnels déjà présents. Or, le véritable levier est bien celui-ci : il faut attirer des professeurs expérimentés. Et ce n’est ni 1H30 de cours en moins par semaine, ni 50€ par mois qui permettront d’attirer un personnel volontaire et suffisamment qualifié.

Instiller une habitude de management par l’objectif et une culture de la réussite

Ce n’est pas parce que l’on dépense plus que les résultats sont meilleurs ! La France est l’un des pays industrialisés qui dépense le plus en matière d’instruction : premier poste budgétaire représentant près de 7% du PIB. Pourtant, la France n’est que 25° au classement PISA. Dans le top 5 de ce classement figurent la Finlande, où le coût annuel de la scolarité d’un élève est équivalent au nôtre, et le Japon, où la scolarité d’un élève est financée à 70% par de l’argent public, contre presque 90% en France. Donc, le problème, ce n’est pas la quantité de moyens débloqués mais la façon dont ils sont utilisés !

Une véritable réforme structurelle visant à relever durablement le niveau des établissements dits prioritaires, serait de leur octroyer davantage d’autonomie dans leur gestion, dans l’aménagement des programmes et des horaires, dans la possibilité de conclure des partenariats avec des associations ou des entreprises, dans le recrutement de certains professeurs. Effectivement, il faut arrêter d’envoyer les jeunes diplômés enseigner dans des établissements difficiles, ce pour quoi ils ne sont ni volontaires, ni suffisamment expérimentés. Et cela passe par la mise en place d’un système d’incitation financière véritablement attractif, un système de prime au résultat, en fonction par exemple, des moyennes trimestrielles des élèves.

Il s’agit donc de donner davantage de liberté et d’autonomie aux établissements ZEP/REP pour qu’ils puissent moduler leurs programmes selon différents objectifs qu’ils préétabliraient – maîtrise de telle et telle compétence à la fin de l’année – et qu’ils mesureraient et réadapteraient selon les résultats lors du passage en sixième, du brevet des collèges ou du baccalauréat. Une telle réforme implique, pour la financer, de dégager des sources d’économies, en rationalisant impérativement les effectifs de l’Education Nationale et en supprimant, par exemple, les dispositifs de bourses aux écoliers, collégiens et lycéens.

On l’aura compris, l’enjeu est d’insuffler une culture de la réussite. Mais nous en sommes malheureusement bien loin avec la lubie de la suppression des notes et de l’éradication des redoublements…

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7 commentaires

Roger Simonet 16 décembre 2014 - 12:24 pm

Suppression des bourses
Désolé mais la suppression des bourses va à l'encontre du relèvement du niveau moyen en éliminant des filières d'excellence les élèves de condition modeste. Sans les bourses, je n'aurais jamais pu faire les Arts et Métiers.

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IREF 17 décembre 2014 - 2:38 pm

Réponse
Merci de votre fidélité sur notre site.

Attention, on ne remet pas en cause les bourses universitaires ! – qu'il faudrait par ailleurs développer, via les entreprises ou les clubs sportifs.

Il s'agit là des bourses pour les écoliers/collégiens/lycéens, qui relèvent d'un saupoudrage -encore un ! – puisque la bourses des collégiens, par exemple, s'étalent entre 84 et 357€ par an. D'autre part, un mineur scolarisé gratuitement, près de son domicile, et vivant à la charge de ses parents doit-il bénéficier d'un pécule de l'Etat pour se rendre au collège?

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Lexxis 17 décembre 2014 - 11:24 pm

RISETTE!
Si j'ai bien compris, mais je n'en suis pas sûr, tellement la nouvelle donnée au journal télévisé d'une chaîne publique m'a paru absurde, les enseignants des établissements relevant des quelque 200 ou 300 nouveaux REP et + percevront immédiatement les avantages liés à ce nouveau classement, ce qui paraît normal, tandis que les enseignants rattachés aux établissements des quelque 200 ou plus ZEP supprimées continueraient à percevoir pendant trois ans les avantages financiers liés à leur ancien classement.

Sous réserve de confirmation (mais on a vu ces dernières années que le pire était toujours à peu près sûr), en pleine période d'austérité, Madame VB aurait tout compris: le sourire et la gratitude d'un enseignant n'ont pas de prix. Finalement, si quand même: trois ans d'indemnité!

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Astérix 23 décembre 2014 - 9:01 am

Éducation ?
Depuis 1968, l'éducation nationale est le repère des socialo-bolchéviques. A quand un grand coup de pied dans la fourmilière et la mise en place d'un système entèrement privé géré comme les sociétés du même nom ?

Il n'y a rien à attendre d'un système collectiviste encouragé par notre ministre Najat qui porte bien son prénom (Le naja est l'un des serpents les plus dangereux)…

Il suffit de la regarder..

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sab70 12 mai 2015 - 11:17 am

prime à la moyenne?
Une prime en fonction des moyennes? Non mais sans rire! Et qui les donne les notes? On ne peut être juge et partie. Il y a le même type de relation avec les systèmes de certification qui sont conseil ET certifiant. Et d'expérience je sais qu’il y a des conséquences. Je m'apprête aujourd'hui a devenir professeur des écoles et je trouve cette idée d’un drôle!

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simone 19 septembre 2015 - 11:17 am

alors là !! j'en reste coite !!
comment est il possible d'aligner autant de poncifs et d'absurdités sur un sujet que vous ne connaissez manifestement pas du tout !! je renonce à les passer en revue …

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simone 19 septembre 2015 - 11:40 am

reponse à l'interrogation de risette
Les personnels enseignants des ex ZEP vont garder juste un indemnité minimale pendant 3 ans pour leur laisser le temps nécessaire de muter sur d'autres écoles .Très souvent ,sur le terrain les conditions :moins d’élèves par classe surtout ,enseignant en plus quelquefois sur l'établissement ,financement de projets qui demandent des heures et des heures de préparation et d'énergie .les heures passées à dialoguer avec les familles ,ont permis d’améliorer la scolarisation régulière,la compréhension des parents et la non fuite des élèves de classes sociales plus aisées ,et a donné le goût du travail des élèves.Comme justement ces moyens ont porté leurs fruits ces établissements ont perdu leur label..mais les enseignants ,bien que donneurs plus plus de leurs personnes ne sont pas non plus masochistes et vont pour la plupart s'en aller ..ce maintien est un essai (voué à l’échec à mon avis )de les faire rester un peu

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