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Covid 19 : une crise de plus d’où sortira encore renforcé le Léviathan ?

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On pense souvent que la survenue d’une crise, qu’elle soit économique, environnementale ou, comme celle que nous traversons actuellement, sanitaire, exige une réponse forte de l’État. Par son appel à la « mobilisation des ressources », l’État serait l’acteur incontournable seul capable d’atténuer les effets d’une crise et de limiter celle-ci dans le temps.

Aux États-Unis, celle de 1929 conduisit le président Franklin D. Roosevelt à prendre des mesures sans précédent dans l’histoire du pays à travers le fameux New Deal, ouvrant ainsi la voie au développement du Big Government. End thisdepressionnow!(2012) fut le titre d’un livre de l’économiste liberal– au sens américain du terme – Paul Krugman : la récession de 2008-2012 commandait selon lui la suspension des politiques d’ « austérité » au profit de plans de « relance » de l’économie plus énergiques, impliquant une intervention accrue de l’État dans l’économie.

Avec la Covid-19, nous sommes montés encore d’un cran dans l’appel à une action vigoureuse de l’État pour pallier les effets de la crise : annonces de confinements généralisés, restrictions des libertés publiques, obligation faite aux citoyens de se munir d’ « attestations dérogatoires de déplacement », etc. Conscient des effets présents ou futurs du confinement et du reconfinement sur l’économie, Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France, déclare sur la chaîne de télévision CNews qu’il faudra faire fonctionner la planche à billets… Le même Jean-Paul Hamon déclarait d’ailleurs il y a quelques mois : « Maintenant qu’on a sorti la planche à billets, allons-y ! Si on est capable de larguer 300 milliards d’euros, on peut larguer 40 milliards de plus pour réorganiser le système de soins. Ce sont des économies de bouts de chandelle »1.

Dans son article « Les libertés au temps du coronavirus » paru dans la revue Commentaire (numéro 170, été 2020), Nicolas Baverez écrivait : « Ainsi, en France, les médecins font de la politique tandis que les hommes politiques font de la médecine » (p. 267). Certains médecins font donc aussi maintenant de l’économie.
Comment se fait-il que nous attendions désormais à peu près tout de l’État – au point même que des perquisitions ont eu lieu en octobre dans le cadre d’une information judiciaire pour « abstention de combattre un sinistre » ? Pour tenter de répondre à cette question, il nous faut lire ou relire l’ouvrage magistral de l’économiste Robert Higgs, Crisis and Leviathan (Oxford UniversityPress, 1987).

Robert Higgs soutient que nous vivons depuis des décennies sous le coup d’une idéologie qui n’existait pas au XIXe siècle : celle qui consiste à penser qu’une crise non seulement justifie mais commande l’intervention étatique pour en atténuer le choc et pour accompagner la société vers la sortie de crise. Higgs souligne combien cette idéologie était totalement absente des mentalités dans l’Amérique de la première moitié du XIXe siècle, les citoyens se tournant alors vers la famille, les voisins ou les associations locales pour faire face aux problèmes se posant à une même « communauté ».

Ainsi avons-nous assisté au fil des crises qui se sont succédé depuis la fin du XIXe siècle, aussi bien aux États-Unis qu’en Europe, à un élargissement de plus en plus considérable du champ d’action de la puissance d’État, celle-ci outrepassant désormais de beaucoup ses misions originelles de maintien de l’ordre et de respect de la propriétéprivée. Car, ainsi que le montre Robert Higgs, la fin d’une crise ne signe jamais le retour à la situation antérieure : tel comité mis en place, telle réglementation imposée lors de la crise risque toujours de se maintenir même une fois qu’elle est résorbée.
La possible « surréaction » des autorités à laquelle nous avons assisté depuis le début de la crise sanitaire s’éclaire donc d’un jour nouveau à la lumière de l’ouvrage fondamental de Robert Higgs. Devant la réalité de la croissance du Léviathan survenant de crise en crise, les libéraux doivent donc rester vigilants et savoir en dénoncer les méfaits susceptibles de s’inscrire dans la longue durée.

1 Cité sur https://www.leparisien.fr/societe/coronavirus-le-coup-de-gueule-du-president-des-medecins-contamine-a-son-tour-19-03-2020-8283291.php

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Jean-Michel THUREAU 23 novembre 2020 - 10:09 am

Une crise est un malheur pour une population, une aubaine pour un État non-démocratique
Les crises donnent aux États non-démocratiques l'occasion d'accroître leur emprise sur leurs populations.

Quand on dit après le Covid rien ne sera plus comme avant cela signifie : encore moins démocratique qu'avant.

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