Alors que l’Etat et les ARS (agences régionales de santé) organisaient le déplacement de malades, en TGV de l’Est vers le Sud, par avion vers l’Allemagne ou la Suisse, et qu’un hôpital militaire était monté en urgence, les cliniques privées, auxquelles on avait demandé de faire de la place, se retrouvaient en sous-capacité.
Début de crise : cri d’alarme et retard à l’allumage
Le 22 mars, la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) lançait un appel : « Faites appel à nous ! ».
Les hôpitaux privés comptaient au début de la crise près de 4000 lits de réanimation, tandis que les hôpitaux publics en avaient 5018 avant la crise contre environ 8000 actuellement.
Les soignants des cliniques privées ont dénoncé le fait que leurs établissements ont été, dans un premier temps, sous-utilisés. « Dans plusieurs régions y compris parmi les plus touchées par le coronavirus, des lits de réanimation et de soins critiques libérés dans les cliniques restent vides ou sous-occupés. Les médecins et anesthésistes libéraux des établissements privés sont peu sollicités », déclarait la FHP dans un communiqué le 23 mars.
Si la coopération semblait correcte en Ile-de-France, ce n’était pas réellement le cas dans les autres régions métropolitaines.
Courant mars, dans le Grand Est, région la plus touchée, plusieurs patients atteints du Covid-19 ont été évacués vers Marseille, Bordeaux, voire en Allemagne et en Suisse, par TGV médicalisé et par hélicoptère. Alors que dans la région, 70 places de réanimation avaient été libérées mais non sollicitées dans les cliniques… De même, Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF (premier syndicat de médecins libéraux, généralistes et spécialistes) s’indignait le 26 mars de la situation perpignanaise. L’hôpital public était surchargé alors que la clinique privée de la ville avait, selon les dires du médecin catalan, un étage vide, 9 respirateurs et 40 lits inutilisés. En outre, plutôt que de lui envoyer des patients, l’hôpital lui demandait des respirateurs … ! La clinique a même dû inciter certains soignants à prendre des jours de congés.
Une absence de coordination, entre établissements privés et publics, qui laisse perplexe. Fort heureusement, le problème semble à l’heure actuelle résolu. Pour Marie-Sophie Desaulle, présidente de la FEHAP (Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne), il y a eu un certain retard à l’allumage mais les lits des hôpitaux privés commencent à recevoir des patients en nombre important.
Une situation actuelle plus coordonnée
La Fédération des hôpitaux privés a indiqué fin mars que « les différents acteurs travaillent désormais main dans la main après avoir su mettre en place une action coordonnée et efficace sous l’égide des Agences régionales de santé ».
Lamine Gharbi, président de la FHP, s’est réjoui de voir les établissements privés « pleinement mobilisés », et s’est félicité de la « complémentarité » avec le secteur public, notamment « sur les échanges de disponibilités et de matériel en fonction des situations locales ». Les établissements privés étaient peut-être sous-utilisés en mars, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Selon la FHP, début avril, 500 cliniques de court séjour ainsi que 300 établissements privés de soins prolongés étaient désormais pleinement opérationnels. Son président révélait le 3 avril dans une tribune au Figaro que 1500 patients atteints du COVID-19 étaient hospitalisés dans des cliniques privées en Île-de-France. Le privé représentait 14% des hospitalisations pour raison de coronavirus. Dans le même temps, environ 50 lits étaient libérés par établissement, afin de répondre à la demande de malades du COVID-19.
Alors que les hôpitaux privés se plaignaient de n’être pas assez sollicités, la Direction générale de la Santé indiquait cependant n’avoir pas eu écho de problèmes particuliers. Elle concédait bien une petite période de flottement au moment de la mise en place du dispositif, mais rien de plus.
Le manque de complémentarité entre public et privé était néanmoins indéniable. La raison ? Administrative.
Plan Blanc et ARS : le privé en dernier
Les ARS, agences régionales de santé, centralisent dans chaque région la demande et l’offre de soins, établissement par établissement. La cellule de crise mise en place dans les ARS, spécialement pour le COVID-19, a dû trouver des solutions alternatives. Et ces solutions suivent à la lettre le plan Blanc de gestion de crise sanitaire, qui donne la priorité au public quitte à délaisser le privé.
Le plan établit une hiérarchie entre les hôpitaux. Les hôpitaux publics disposent d’un service d’urgences et d’un siège au Samu, ce qui leur donne un avantage sur les hôpitaux privés. Ils possèdent aussi des moyens plus importants. C’est pourquoi ils ont largement la priorité dans les procédures du plan Blanc.
Voilà pourquoi aussi le plan préconise de surcharger les hôpitaux publics avant d’orienter les malades vers les cliniques privées.
La sous-utilisation des cliniques, la mauvaise coordination entre public et privé, ont bien évidemment causé des dommages, contribuant à accroître la fatigue du personnel soignant et à amoindrir, peut-être, la qualité des soins. Le problème est en partie résolu, mais pas entièrement : le privé souffre toujours du manque de matériel de protection, masques, gants, surblouses. Le président demande aussi le dépistage de toutes les familles des soignants, particulièrement exposées elles aussi. Enfin, nous attendons toujours les tests de dépistage pour l’ensemble de la population.
Comparé à celui d’autres pays proches, notre système de santé ne brille guère par son efficacité. Il est évident qu’il doit être réformé. Balayer toute la poussière administrative, introduire un peu plus de liberté et faire une part plus belle au privé, voilà la clef du monde hospitalier de demain.
Sources :
huffingtonpost.fr
LCI
Le Figaro
9 commentaires
GUÉGUERRE
Encore une fois la guéguerre entre l'état et le privé nous aura coûté Très Cher…
Entre Hôpital Militaire de Campagne, Avions Sanitaires, TGV Médicalisés, Etc…
Une fortune et à côté de cela pas de Masque, pas de Gel HydroAlcoolique, pas de Respirateur, Médecins, Infirmières, Ambulanciers et pleins d'autres Travailleurs Exposés sans Prevention…
Nous avons au pouvoir des Incapables Criminels…
Mort au privé
Les cliniques privées ont été »oubliées», les généralistes en ville complètement lâchés, mais on n’oublie pas de leur dire de ne pas soigner selon leurs compétences. C’est clair le public veut la disparition du privé. Ce n’est pas un manque d’organisation, c’est toute une ambiance politique.
Mise en danger d'autrui (Art 223-1)
Nos hauts fonctionnaires en charge de la santé des français ont visiblement failli par IMPRUDENCE, NEGLIGENCE ou MANQUEMENT à une obligation de prudence ou de sécurité.
Ils n'ont pas su tenir des stocks de sécurité.
Le manque de masques, de gel, de gants, de sur-blouses, de réactifs etc… en début d'épidémie est une FAUTE GRAVE car cela a fait exploser les contaminations et mis en danger les personnels soignants.
Il faut appliquer l’art 223-1 du code pénal à ces hauts fonctionnaires qui ont fait preuve d’ IMPRUDENCE, de NEGLIGENCE ou de MANQUEMENT à une obligation de prudence ou de sécurité.
Il est patent que ces responsables n'ont pas accompli les DILIGENCES normales inhérentes à la nature de leurs missions ou de leurs fonctions.
C'est cet article qui serait appliqué pour un vulgaire chef d'entreprise d'en-bas qui aurait failli aussi lamentablement.
Pourquoi les hauts fonctionnaires en seraient dispensé?
Égalité?
Les ARS sont constituées de membres nommés par le pouvoir ou cooptés entre eux
A partir de là la cause est entendue !
ARS…
Notre pays est dirigé par des technocrates hors sol, avec des structures gangrénées par les compromissions, voire plus. Notre "décentralisation" n'a conduit qu'à les disséminer sur le territoire.
les ARS? des technostructures qui coûtent un "pognon de dingues"
Voyez le nombre de fonctionnaires qui composent l'agence régionale de santé de la région PACA. (Environ 800) et ce, multiplié par le nombre de régions !
25 directeurs mais une seule personne à la gestion des risques exceptionnels.
Elle est en page 15, une sous-fifre, dans la sous délégation du département du Vaucluse (????)
En ARA ils sont 32 directeurs et rien en gestion des risques exceptionnels!!!
Vous vous étonnez que l'on soit les derniers au monde pour distribuer des masques et pour la mise en place des tests ?
Un "pognon de dingue", provenant de nos taxes et impôts, dépensé en tâches non prioritaires!
cliquez =>
https://www.paca.ars.sante.fr/system/files/2020-01/OrganigrammeDetaillé2020.pdf
https://www.auvergne-rhone-alpes.ars.sante.fr/system/files/2020-03/Organigramme général_Mars_2020_0.pdf
les ARS ? des technostructures qui coûtent un "pognon de dingues"
c'est mieux avec ces liens
https://www.paca.ars.sante.fr/system/files/2020-01/OrganigrammeDetaillé2020.pdf
https://www.auvergne-rhone-alpes.ars.sante.fr/system/files/2020-03/Organigramme général_Mars_2020_0.pdf
tracing
le tracing des cas contacts du covid19 va etre déterminant pour la réussite ou non du déconfinement pourquoi plutôt qu'aux employés de mairie ou à la croix rouge ne pas confier cette tache a la réserve sanitaire dans sa composante medicale
Publique-privé, participation aux urgances
Bonjour,
Je vous écris peut-être tardivement. Le problème dans la relation public-privé réside dans deux choses liées: la cotation et donc l'argent, la participation au service public de l'autre. En Ile de France, un seul établissement privé à but lucratif participe à la nuit profonde, c'est du bénévolat. C'est dire qu'effectivement le niveau de compétence du privé en ce qui concerne la réanimation des patients les plus graves est insuffisante. On ne peut leur en vouloir car la cotation est en cause. Je travaillais dans un grand hôpital de l'APHP. Combien coûte un gros polytraum, une greffe de foie adulte ou enfant? Mes élèves sont partis dans le privé pour la plupart car ils gagnent beaucoup plus sans avoir une administration pléthorique, tatillonne et souvent peu compétente sur le dos. C'est dommage, mais c'est comme cela. Tant que la loi Bachelot ne sera pas amendée,le problème persistera.
Bien cordialement.
JX Mazoit anesthésiste-réanimateur