Alors que le PIB a augmenté de 189 milliards entre 2008 et 2016 (en Euro 2016), les approximations de Bercy ont représenté 215 milliards d’euro (écarts en valeurs absolues cumulées). Cela représente 10 % du PIB actuel et une erreur de plus de 214% relativement à la variation constatée sur la période observée.
En 2017 encore, la prévision de croissance retenu pour le budget est supérieure au consensus : en effet, alors que la Banque de France prévoit 1,3% de croissance du PIB en 2017, le FMI 1,25%, le parlement a validé un budget ayant comme base une estimation de croissance de 1,5%. Ces écarts permanents et souvent à la hausse, permettent au gouvernement de voter des budgets qui paraissent moins aberrants. Pour autant ces fantaisies budgétaires, qui cadrent mal avec les bonnes pratiques financières, ne sont pas destinées à produire des budgets en équilibre, ni même à s’accorder avec les règles communautaires. S’il n’y a donc pas d’intérêt à exagérer les prévisions, est-ce donc par impossibilité ? Est-ce le lot commun des gouvernements que de surévaluer les prévisions ? Ou bien serait-ce dû à une particulière difficulté inhérente à la France ?
Serait-ce un défaut propre à tous les gouvernements ?
Il semble que d’autres gouvernements soient capables d’avoir des prévisions plus précises. Certes, dans le même temps les anglais n’ont pas fait mieux, comme le montre le graphique ci-dessous :
Mais ces chiffres sont issus de l’office en charge du budget (OBR) qui s’est penché sur la cause de ces écarts afin de les éviter à l’avenir. Cet office a publié un long rapport s’interrogeant sur la justesse de ces analyses. Ce rapport cherche à expliquer en détail les erreurs commises dans les prévisions faites en 2010 sur 6 ans. Et des leçons semblent en avoir été tirées puisque l’OBR prévoyait 2% de croissance dans ses publications pour l’année 2016, exactement ce qui a été enregistré cette année.
En Allemagne, si les prévisions ne sont pas extrêmement précises, elles sont néanmoins bien plus prudentes. L’écart depuis 2011 entre les prévisions et la progression constatée est donc négatif (1,16 points).
De surcroit, ce qui est appelé la « composante cyclique » est régit par un règlement de la Loi Fondamentale (art 115) assez rigide adopté en 2009, la réforme introduisant la notion de règle d’or budgétaire (Schuldenbremse).
Serait-ce alors dû à une particulière difficulté française ?
En effet, l’économie française aurait-elle des spécificités rendant des estimations particulièrement ardues ?
Il n’en est rien comme le prouve les estimations à un an établies par l’OCDE ou bien encore le FMI. Cette dernière organisation fait deux fois mieux que Bercy depuis 2008 avec un écart constaté de 0,4 % contre 0,84%. Ces 84 points de PIB en moyenne équivalent à un taux d’erreur moyen de 282% ! Avec de tels échecs, il est difficile de rester crédible. Enfin, l’OCDE qui publie à la fin de chaque année ses prévisions ne s’écarte que de 0,1% en moyenne de la croissance réelle constatée (de 2010 à 2016). Encore s’agit-il d’un écart négatif, l’OCDE se montrant donc prudente, vertu que l’on ne saurait négliger dans ces affaires.
Il est donc tout à fait possible de produire des prévisions correctes, ou si l’on en est pas capable, de s’en procurer de précises, premier pas vers le sérieux budgétaire qui sied à ces questions qui pèsent non seulement actuellement mais sur les générations futures.
5 commentaires
Calcul des 214%
Je n'ai pas compris .
Merci de votre aide .
Cordialement .
Bonjour,
Il s'agit de l'écart entre augmentation réelle du PIB et l'augmentation anticipée par Bercy pour le calcul du budget.
Ou plus précisément, lorsque en réalité, l'on a 100 de variation, l'anticipation dans les projets de loi de finance serait de 214.
Enfin une approche objective
Merci pour votre contribution, montrant combien le choix des hypothèses de croissance est biaisé et politiquement orienté.
Très intéressant et chiffres parlants
En 2016, encore raté
L'INSEE annonce un PIB en hausse de 1,1% en 2016 alors que les services de Bercy prévoyait 1,4%.