Si les candidats qui doutent encore que les Français soient réellement exaspérés ne devaient lire qu’un seul livre d’ici le 30 juin, jour du premier tour des élections, ce serait celui-ci. L’auteur est un haut fonctionnaire. Il sait de quoi il parle. La France et les Français croulent sous les normes et les réglementations. Les agriculteurs, les artisans, les chefs d’entreprise, les médecins… tous sont assommés par un Etat qui leur impose des règles à la pelle. C’est une maladie hexagonale  méticuleusement entretenue par les technocrates et les politiques, et elle rend la vie impossible. Il n’y a pas de législature qui ne veuille laisser son empreinte avec un record de textes, pas un député qui ne rêve de donner son nom à une loi. On a l’impression que CE sont les JO permanents des administrations . . Christophe Eoche-Duval passe en revue, avec minutie, l’évolution de cette pathologie depuis plus de 50 ans. En 1966 déjà , Georges Pompidou s’exclamait : « Il y a trop de lois, trop de textes, trop de règlements dans ce pays ! ». A l’époque, le Journal officiel (JO) affichait 11 808 pages. Fin 2022, il en comptait 26 701. Soit une augmentation de 126 % ! Un autre exemple : le nombre de mots Légifrance (le service public de la diffusion du droit) est passé de 22.8 millions en 2002 à 45.3 millions en 2023. Deux fois plus !
Le comble est que, depuis Pompidou, plusieurs politiques ont dénoncé cette inflation normative. En 1995, pour Jacques Chirac, « trop de lois tue la loi ». Lors de son discours devant le parlement le 3 juillet 2017, Emmanuel Macron s’est engagé à « mettre un terme à la prolifération législative. Cette maladie, nous la connaissons, elle a été tant et tant nommée et je crains moi-même dans une vie antérieure d’y avoir participé. Elle affaiblit la loi, qui perd dans l’accumulation des textes une part de sa vigueur et certainement de son sens. » Constat juste et lucide. Il le réitérera en 2021 : « Soyons lucides, l’inflation normative est partout. Elle est d’abord dans le fait que notre système, qui a été pensé avec un centre qui était la loi, s’est lui-même décentré ». Pourtant, rien n’a été fait. A force de vouloir s’occuper de tout, les technocrates et les politiques ont étouffé les Français.
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En démocratie déléguée c’est celui qui vote qui est in fine RESPONSABLE!
Force de constater que les Français élisent des « technocrates » de formation issus des grands corps d’état
et des « technocrates » d’expérience comme les hauts fonctionnaires des collectivités locales.
Ces « braves citoyens » créent et entretiennent la « bureaucratisation ».
Car comment peut-on imaginer que ces représentants politiques vont mettre du « cÅ“ur à l’ouvrage » en sciant la branche sur laquelle ils sont confortablement assis?
N’est pas de Gaulle qui disait que les français se comportaient comme des veaux dans certaines circonstances?
En voila une illustration de nos jours!