L’histoire est vraie, c’est celle de Jules Bonneau arrêté en 1942 par les Allemands. Il agissait seul, sans lien avec la Résistance, juste au nom de cette liberté pour laquelle il se battit depuis sa tendre enfance. Le fil rouge du roman est ici un ruban de soie grise qu’il trouva autour de son poignet le matin où sa mère l’abandonna. Il se déroule dans la plus grande noirceur de l’école pénitentiaire pour mineurs de Belle-Ile-en-Mer, là où théoriquement une deuxième chance était offerte aux jeunes délinquants des années 30 mais où le lecteur ne trouve que des orphelins désemparés, des faibles abusés, des enragés devant l’injustice quotidienne. Face à un autoritarisme cynique de stupides garde-chiourmes, un homme et une femme sauront faire preuve d’amour jusqu’à faire passer Jules pour leur neveu tout en respectant sa liberté.
Dans chacune des pages de Sorj Chalendon se retrouve la sensibilité de l’homme blessé qui ne cèdera sur aucune injustice. Sensibles à tout acte généreux et fidèles en amitié, l’auteur comme son protagoniste auront pour seul souci la juste vengeance. Symbole original de la France entre les deux guerres, où le nationalisme des Croix-de-Feu se confronte au socialisme du Front populaire, où l’océan comme la maison de rééducation emprisonnent plus qu’ils ne libèrent, seule l’ écriture tourmentée de Sorj Chalendon réveille les consciences et apporte quelques lumières dans cette très sombre humanité.