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La furie protectionniste de Trump pénalisera d’abord l’Amérique

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protectionnisme Trump image IA sur Freepik
Lorsque Joe Biden fait exploser les dépenses publiques pour subventionner des filières industrielles américaines, les Européens s’émerveillent et tentent de copier cette approche dirigiste et ruineuse. Lorsque Donald Trump augmente massivement les barrières douanières, dans le but naïf de stimuler l’emploi et l’activité industrielle sur le territoire américain, les Européens rêvent de riposter en se protégeant aussi. Que d’erreurs !

Les premières victimes du nouveau protectionnisme américain ne sont pas l’industrie européenne ni même le système commercial mondial. Ce sont d’abord les consommateurs et les entreprises américaines qui souffrent de ces énormes hausses de taxes qu’on leur impose. Car, quoi qu’en dise la Maison-Blanche, les droits de douanes sont une forme de taxation, toujours payée in fine par le consommateur.

Le protectionnisme est, partout, une tactique à très courte vue

Le fait que les exportations européennes pâtissent de la politique commerciale de Donald Trump ne veut nullement dire que l’Amérique « marque des points sur l’Europe ». Faire croire aux électeurs français que le gagnant est celui qui se protège le plus de la concurrence, comme le font largement par exemple les partis politiques sur l’affaire du traité de libre-échange avec le Mercosur, est d’une incroyable courte vue. Ils font du trumpisme sans le savoir.

En quoi la France serait-elle mieux défendue si les Français doivent payer plus cher pour acheter une Harley Davidson, une bouteille de Bourbon ou des logiciels édités en Californie ?

La politique commerciale nationaliste et populiste de Donald Trump est une catastrophe pour l’Amérique. Les consommateurs, du Maine à la Californie, vont payer plus cher pour toutes sortes de produits et matières premières importés, ainsi que pour des produits incorporant des composants importés, comme les ordinateurs ou les automobiles. Leur pouvoir d’achat va donc reculer.

La croissance américaine va probablement ralentir

Le marché obligataire ne s’y est pas trompé : les rendements à long terme ont plongé en réaction aux annonces de Donald Trump prétendant « libérer » les États-Unis. L’emploi américain va souffrir aussi. Outre leur baisse relative du niveau de vie, les Américains seront pénalisés par les mesures de rétorsion venues de Chine et d’Europe entre autres. Les exploitants agricoles américains, grands exportateurs de soja, maïs et viande porcine par exemple, seront certainement affectés. C’est bien la raison pour laquelle la US Chamber of Commerce, organisme qui représente des petites et des grandes entreprises, déplore le nouveau protectionnisme trumpien.

Heureusement, les biens importés ne constituent que 10% du PIB des États-Unis. L’acharnement de Donald Trump à augmenter le prix des importations ne va donc pas nécessairement plonger son pays en récession. En revanche, on estime entre 0, 5 et 1% l’effet négatif du protectionnisme de la Maison-Blanche sur la croissance américaine. Dans une conjoncture qui faiblit déjà, cela pourrait faire la différence entre croissance et stagnation.

Wall Street réagit

Quant à Wall Street, il est regrettable que, brusquement, Donald Trump ait cessé de citer l’évolution de l’indice Dow Jones comme preuve de la justesse de sa politique. Cette obsession d’hier servait à le brider dans ses impulsions populistes. Le plongeon de Wall Street ces derniers temps montre que les investisseurs boursiers ont compris que les coûts des entreprises vont grimper, alors que leurs marges vont globalement reculer. Sans compter que la perte de marchés extérieurs, du fait des rétorsions qui s’annoncent, va affecter leurs résultats : 41% du chiffre d’affaires des 500 plus grandes sociétés cotées proviennent de l’étranger.

Le pire n’est pas impossible, tout dépend des réactions dans le monde

Ces considérations ne valent que pour le scénario le moins catastrophique d’une guerre commerciale larvée. Si par malheur les mesures de rétorsion, par exemple venues de Chine, déclenchaient une escalade, après une de ces colères dont Donald Trump est coutumier, la récession aux États-Unis pourrait se révéler très dure, basculer en crise financière et en dépression. Tout cela pour avoir voulu mettre en place une politique commerciale mercantile digne de l’ère pré-industrielle qu’aucun économiste ne défend depuis les années 30 !

Fabriquer sur le sol américain pour éviter les taxes ? Impossible à court terme

Le président des États-Unis proclame que les entreprises dont les biens seront devenus trop chers à importer, viendront les fabriquer sur le sol américain. Rien n’est moins sûr. Il faut au minimum 3 ans, et plus souvent 4 à 6 ans, entre le moment où une entreprise sélectionne un terrain à bâtir et le moment où un produit élaboré sort de l’usine nouvelle tournant à plein régime. Dans l’acier et l’aluminium, les investissements ne peuvent commencer à se rentabiliser avant 10 à 20 ans. Or qui peut croire que les barrières douanières mises en place aujourd’hui le seront toujours dans 10 ans ? L’élément le plus important pour attirer l’investissement, qu’il soit industriel ou financier, est la stabilité juridique, réglementaire, fiscale, monétaire, sociale et politique. Hélas, tout dans ce que propose Donald Trump s’inscrit en contradiction avec cette stabilité.

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26 commentaires

Roven 4 avril 2025 - 8:23 am

La technocratie au pouvoir n’a pas de projet politique, sinon celui de prolonger son pouvoir de caste en se passant du peuple. Elle est paralysée, condamnée à réagir en copiant d’autres États plutôt qu’à décider, et cela dans le meilleur des cas : le plus souvent, elle se borne à communiquer pour cacher sa totale inertie. Les services publics sont à terre, le budget se résume à une dette insupportable, l’État bouffi se retire en fermant une école en raison d’un point de deal… Nous irons jusqu’où ?

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jacques mares 4 avril 2025 - 10:44 am

voir sur insolentiae de ce jour la video d un americain qui lui a compris le pourquoi des droits de douane et vous comprendrez que TRUMP travaille pour les USA

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Nicolas Lecaussin 4 avril 2025 - 10:44 am

La preuve que les Bourses et la monnaie amériocaine s’effondrent…

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Laurenz Huesler 4 avril 2025 - 11:53 am

Il y a un précurseur et ça s’est mal passé

https://en.wikipedia.org/wiki/Smoot%E2%80%93Hawley_Tariff_Act

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CLEMENT 4 avril 2025 - 1:07 pm

La stratégie mise en oeuvre par Donald TRUMP est très cohérente ! Nous verrons si les objectifs de fond poursuivis sont atteints. Privilège de l’âge désormais, je me souviens du matraquage médiatique qui s’était abattu sur Reagan et Thatcher voici quarante cinq ans environ. Ils avaient réussi à redresser leur pays pourtant, malgré la situation économique désastreuse laissée par leurs prédécesseurs “socialistes” (respectivement, les Démocrates et les Travaillistes). Donc, bien qu’étant Français, je comprends et j’ai confiance. Tout cale va se remettre dans l’ordre et comme le souhaite Donald TRUMP, la concurrence va retrouver des couleurs équilibrées…

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Nicolas Lecaussin 4 avril 2025 - 3:38 pm

pour le moment, tout s’écroule…

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CLEMENT 4 avril 2025 - 4:59 pm

Bah, la Bourse, ça va ça vient ! C’est le moment d’acheter les valeurs qui ont chuté..

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Nicolas Lecaussin 4 avril 2025 - 6:51 pm

sauf que les Américains dépendent beaucoup de la Bourse…

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CLEMENT 4 avril 2025 - 7:07 pm

A suivre donc…

gillet 5 avril 2025 - 7:28 am

Le cuivre vient de perdre plus de 1000 euros la tonne!!

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Le Lys dans la vallée 4 avril 2025 - 9:59 pm

Selon Friedrich List et l’école colbertiste, le protectionnisme peut jouer un rôle positif dans l’implantation industrielle… puis doit être retiré lorsque ces industries arrivées à maturité sont capables d’affronter pleinement la concurrence internationale. L’effet inflationniste étant supposément compensé par la hausse de la productivité, de l’activité et de la mobilisation des capitaux (théorie des forces productives). D’ailleurs, j’ai cru comprendre que Trump souhaitait atténuer l’effet inflationniste de ses tarifs douaniers et stimuler la productivité par une baisse du coût de l’énergie, des impôts, de la bureaucratie, et par une hausse de la productivité (main d’oeuvre et innovation). Je vous rejoins sur le fait que cela ne peut fonctionner que sur une échelle de 15 à 30 ans pour être efficace. On va donc voir ce que font les Américains dans la durée. Ce qui est certain, c’est que le protectionnisme de la fin du XIXème fut mis en place par les bourgeoisies industrielles montantes (Italie, Allemagne, France, Amérique, Mexique, Argentine, etc.) contre les secteurs agraires et commerciaux libre-échangistes. Aux USA, c’est le nord industriel qui était protectionniste et le sud agraire qui était libre-échangiste.

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Nicolas Lecaussin 5 avril 2025 - 6:59 pm

Le protectionnisme n’a jamais marché.

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Le Lys dans la vallée 6 avril 2025 - 12:23 pm

Certes… c’est faire bon marché de la querelle théorique et historique, mais pourquoi pas… mais dans ce cas, pourquoi l’UE pratique-t-elle à sa manière le protectionnisme (normes, aides, relances, crédits et niches fiscaux, fonds structurels européens, gap bureaucratique, facilités monétaires, sanctions, accords préférentiels, etc.) ? Et si l’UE pratique un protectionnisme normatif, pourquoi s’offusque-t-elle si bruyamment que Trump pratique un protectionnisme douanier (tout en détricotant partiellement son protectionnisme normatif) ? A tout prendre c’est un jeu de vases communicants.

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Nicolas Lecaussin 7 avril 2025 - 10:44 am

On est contre toute forme de protectionnismes ! Mais les normes européennes pénalisent les producteurs européens pas extraeuropéens !

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Le Lys dans la vallée 7 avril 2025 - 6:45 pm

une partie des normes est applicable aux entreprises étrangères pour accéder au marché européen… quant aux autres outils, ils sont clairement du protectionnisme détourné, et même souvent du capitalisme de connivence. L’état de distorsion de notre économie européenne par rapport aux normes libérales d’un Bastiat ou d’un Molinari est apocalyptique… Combien de secteurs économiques sont entièrement en coupe réglée ? Voilà pourquoi, au-delà même du débat sur le protectionnisme, je ne peux m’empêcher de sourire lorsque j’entends les Européens pousser les hauts cris face à Trump…

Nicolas Lecaussin 8 avril 2025 - 10:23 am

une partie, oui, c’est pour cela que nous sommes contre la suppression des normes..

Nicolas Carras 5 avril 2025 - 1:43 pm

Et le meilleur endroit au monde pour faire une usine sera l’Amérique. Et, donc = The American Golden Age.

C’est exactement dans le programme de Trump, c’est exactement ce qu’il est en train d’accomplir et c’est exactement ce pourquoi il a été élu.

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Nicolas Lecaussin 5 avril 2025 - 6:42 pm

Pour le moment, tout s’écroule.

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Nicolas Carras 6 avril 2025 - 11:21 am

C’est faux Nicolas et vous le savez très bien. Vous ne m’aurez pas sur ce coup. Je ne suis pas économiste, mais je sais très bien que nous ne sommes pas dans un effondrement, et pas de signes de récession.

Conseil aux lecteurs d’IREF : “Ne vendez rien !”

🙂

Bonne fin de week-end !

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Nicolas Lecaussin 7 avril 2025 - 10:47 am

Je ne cherche pas à “vous avoir” !! Trump va peut-être changer, on ne sait jamais…

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Nicolas Carras 7 avril 2025 - 12:42 pm

“Je ne cherche pas à “vous avoir” !!”

Je plaisantais Nicolas.

Trump ne changera de cap que s’il est certain que tout va s’effondrer. Ça n’est pas un idéologue. Des tas de gens s’affolent, des tas de gens ne cherchent pas à comprendre et en profite pour faire du Trump-basching sans expliquer le pourquoi du comment il fait ce qu’il fait pour aller vers ce pourquoi il fait ce qu’il fait, avant de critiquer ce qu’il fait. Il se trouve que beaucoup de gens n’ont pas les bases nécessaires en économie pour comprendre. Avant d’être opposé à quelque chose, il faut expliquer la chose en question.

Trump n’est pas un protectionniste, “vous” en faites un idéologue protectionniste, ce qu’il n’est pas et n’a jamais été. Je lis qu’il est populiste, comme si c’était un défaut. Mais c’est l’Amérique qui est populiste par essence, Trump ne fait que s’inscrire dans une tradition américaine. “We the People” …

Il y a déjà eu, je ne sais combien de milliards d’investissements depuis deux mois aux États-Unis, et des emplois par milliers.

Berf, encore une fois, il a dit qu’il ferait ce qu’il fait, il a été élu pour cela, et il fait ce qu’il a dit qu’il ferait : The American Golden Age.

Et c’est normalement exactement ce qu’il va se passer.

A++

Nicolas Lecaussin 7 avril 2025 - 2:22 pm

Cher Nicolas, comme vous le savez, depuis 2016, j’ai écrit des dizaines d’articles positifs sur Trump, y compris dans la grande presse. Je me suis fait traiter de « trumpiste » de nombreuses fois alors que j’ai toujours privilégié dans ces articles l’argument factuel à l’éloge béat. Je n’ai pas non plus hésité à le critiquer lorsqu’il le fallait, toujours avec le souci de l’argumentation. Comme sa victoire face à la nullissime Kamala Harris était plus que vraisemblable, je m’inquiétais déjà pendant la campagne de ce qu’il allait faire et comment il allait faire, tant sur le plan interne que sur le plan international. Malheureusement, mes inquiétudes étaient fondées et il faut être un trumpiste complètement fanatisé pour ne pas voir que nous avons affaire à un personnage dangereusement imprévisible et excité, entouré de laquais et d’incompétents (ce qui n’était pas le cas en 2016), qui réagit à l’instinct et à la météo. Les droits de douane font partie de ses troubles obsessionnels compulsif (il l’avait déjà fait sur l’acier avec les résultats que l’on connaît !) et, sauf miracle (taux 0 !), la guerre commerciale va continuer jusqu’à ce que le Congrès mette un frein au déliré. S’il ne change pas, les élections de mi-mandat (qui arrivent très vite !) pourraient être une catastrophe pour les républicains et Trump n’aura plus que les réseaux sociaux pour se défouler.

Nicolas Carras 8 avril 2025 - 3:52 pm

Vous n’êtes pas psychiatre. Et même si vous l’étiez, pour faire un tel diagnostique, il faudrait que vous consultiez le patient.

Je crois sincèrement que vos jugements passe par un prisme hautement déformant.

Trump ne fait que ce qu’il a dit qu’il ferait.

Et il a été élu par des dizaines de millions d’Américains pour faire ce qu’il a dit qu’il ferait.

Et il le fait.

A++

Nicolas Lecaussin 9 avril 2025 - 10:42 am

On a le droit de critiquer certaines de ses politiques ! Et nous ne sommes pas les seuls !

COZ H 5 avril 2025 - 10:19 pm

cette nuée de droits de douane pour résoudre les problèmes des USA me laisse songeur….. Les USA ont 1 excellent PIB ( 29 0000 milliards de $ , 10 FOIS la France !!) , de la croissance , des bons salaires ( mon fils est à Chicago , il a doublé son salaire par rapport à Paris !!) . J’ai du mal à saisir leurs problèmes .
** Leur dette est bcp trop élevée , 100 % du PIB ; mais la France , c’est largement pire 115 % du PIB – dette structurelle de + 6% par an !!!
** La part de l’industrie dans le PIB américain ( 12 %) a trop baissé , mais la France c’est pire !! ( d’ou la fuite en avant en créant des bureaucrassies et des fonctionnaires …. ) .
Cette part est stratégique. On voit que les pays économiquement solides ont 1 part industrielle autour de 25 % , en dessous de 20 % c’est la zone rouge.
**** TRUMP veut augmenter ce % . Pas sûr que les taxes suffisent , pas sûr du tout …..
**** Les USA dépensent beaucoup trop dans le militaire , une folie à 1000 Mds/an . Souvent les dépenses militaires ont ruiné les pays !! ( et nous, avec les stupidités de Macron et sa clique , on ferait bien de faire attention à cela ) . Or la puissance est d’abord industrielle, et agricole, le militaire vient largement derrière.
*** TRUMP fait des choses correctes ( sabrer les bureaucraties parasites, liquider le woke , demander des comptes à toutes une série de Sciences molles qui radotent des banalités pour 1 coût effrayant : climatologie , escroclogie , sciences politiques et autres charlatans ). Mais sur les taxes je crains 1 erreur .
Bon, les US ont des gros atouts, une énergie pas chère. Je ne suis pas trop inquiet pour eux …..

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FrançoisLibre 6 avril 2025 - 9:13 am

La seule chose que je vois de positive dans la politique de Trump est d’assainir les finances publiques. Si ce déficit est réduit à moyen et à long terme l’économie américaine s’en portera que mieux.
C’est tout le problème des économies étatisées qui inventent à tout bout de champ des commissions pour protéger les tritons à cinq pattes. Ça permet d’acheter des électeurs, mais ça coûte très cher. Indépendamment que d’acheter des électeurs avec l’argent des finances publiques est parfaitement immoral et normalement répréhensible.
En ce qui concerne les droits de douane, après cette excitation passagère, les lois du marché remettront tout le monde dans le droit chemin. Ce que fait Trump c’est le rêve des partis de gauche en France et particulièrement LFI Afin de couper la France du Commerce mondial.
En France, on a mis en place un système où tout est cher, il est comparable aux droits de douane, les impôts qui pèsent sur les entreprises pénalisent le consommateur final. On peut y rajouter le coût de l’énergie ou le prix est fixé artificiellement et non au prix du marché. Si il n’y avait pas d’impôts, les salaires seraient moins élevés. Le prix des biens produits serait plus faible et beaucoup plus de citoyens pourraient se les offrir. Une TVA à 10 % serait largement suffisante pour faire fonctionner les fonctions régaliennes de l’État.

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