Après la guerre au Haut-Karabakh entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, Nicolas Lecaussin, directeur de l’Institut de recherches économiques et fiscales (IREF), déplore la position marginale de la France à l’endroit de l’Arménie, et qui aurait pourtant un rôle si important à jouer.
Les dirigeants arméniens et azerbaïdjanais doivent se rencontrer à Sonchi cette semaine, sous “l’aile protectrice” du Kremlin. Cette rencontre aura lieu dans des conditions particulières. En Arménie, des élections se sont tenues fin juin. Elles ont été marquées par la défaite du lobby pro-guerre qui a aggravé l’isolement du pays pendant des décennies. Les années de guerre, les destructions, les effets d’une économie stagnante coupée du reste du monde, ont amené les Arméniens d’Arménie à voter pour la paix et la reconstruction.
Cette reconstruction est déjà en cours. Dans les territoires rendus sous son contrôle l’année dernière, l’Azerbaïdjan a construit et ouvert un aéroport international ; les premières maisons ont été bâties pour reloger le million de réfugiés déplacés à l’intérieur du pays lors d’un précédent conflit arméno-azerbaïdjanais dans les années 1990.
Plus important encore, le déminage s’accélère dans ce qui est aujourd’hui le territoire le plus dangereux au monde, grâce aux cartes détaillées fournies – au compte-gouttes – par le gouvernement et l’armée d’Arménie. Les premiers vols civils azerbaïdjanais ont lieu au-dessus du territoire arménien avec l’accord des deux pays ; un corridor reliant une enclave de l’Azerbaïdjan au “continent” va traverser le territoire arménien avec l’autorisation des autorités. C’est un véritable investissement économique qui apportera des emplois et de la richesse à l’Arménie.
Même la Turquie – que certains considèrent comme le principal acteur de la guerre de l’année dernière, ses armes de haute technologie et son poids diplomatique ayant apporté une aide décisive à l’Azerbaïdjan – tend la main à l’Arménie, avec des discussions sur l’ouverture de relations diplomatiques pour la première fois dans l’histoire.
Des liens forts entre la France et l’Arménie
Mais que fait la France ? Pourquoi ne s’implique-t-elle pas plus ? Elle semble d’ailleurs “portée disparue” depuis 12 mois. Faut-il rappeler qu’elle est l’un des trois coprésidents permanents du Groupe de Minsk de l’OSCE – l’initiative intergouvernementale qui a cherché un règlement pacifique entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ? La diaspora arménienne est importante en France et lui a donné, depuis des générations, des personnalités de premier plan, dans le domaine de la culture comme dans celui de la politique. Pour ne citer que la plus connue, Charles Aznavour a été l’un de ceux qui ont le mieux représenté la chanson française.
La France a pratiquement un devoir moral à l’égard de cette région du monde et devrait s’impliquer plus, en évitant toute forme de partialité dont l’accusent certains observateurs. N’est-ce pas l’essence même de la diplomatie internationale ?