Incapable de prendre les décisions adéquates afin de résoudre les problèmes de fond (la formation des enseignants, l’amplification des inégalités sociales par l’école, la chute des résultats des élèves français, la violence au sein des établissements scolaires et j’en passe), Emmanuel Macron exhume le sujet des rythmes scolaires qu’il a emphatiquement renommé « les temps de l’enfant » . Lyrique et néanmoins démocrate, il prévoit une « convention citoyenne », menée par le CESE, Conseil économique, social et environnemental, qui n’a rien de démocratique puisque ses membres sont principalement issus de syndicats et de confédérations représentant des intérêts particuliers.
Cette institution n’ayant par ailleurs aucun pouvoir, soyons sûrs qu’une fois de plus un ministre finira par décider unilatéralement que huit semaines, c’est trop, que dans l’intérêt de tous, élèves et professeurs doivent réduire leurs vacances d’été à six semaines, citations de neuropsychiatres à l’appui.
Nul doute que quelques années plus tard, le même ou un autre, en odeur de sainteté, jugera que six semaines sont insuffisantes. Nous sommes bien passés de la semaine de quatre à celle de 4,5 jours en 2013 pour revenir à quatre jours en 2017… On imagine déjà les centaines de fonctionnaires des agences et directions concernées s’activer, plancher sur des logiciels ad hoc, certains d’œuvrer pour le bien commun, toujours prêts à lutter contre les inégalités, ne déméritant pas. La République une et indivisible peut compter sur leur loyauté et leur dévotion.
En réalité, quel homme politique, quelle institution, quel « collège démocratique national » peut se targuer de connaître si parfaitement les nécessités de service de chaque établissement de France et les spécificités de chaque terroir qu’il pourra planifier de manière satisfaisante les vacances de 12 millions d’élèves ?
Une école est au cœur d’un village, d’une cité, d’un quartier ; elle regroupe une communauté d’élèves, leurs enseignants, une direction et de nombreux métiers, de l’auxiliaire de vie scolaire au surveillant en passant par les cuisiniers et le personnel d’entretien. Elle se consacre parfois, quand on lui en laisse la liberté, à des enfants ayant des besoins spécifiques ou des projets particuliers : il existe des écoles où l’on apprend au contact des chevaux, d’autres où l’on vit en partie en forêt. Certaines proposent des mi-temps musique ou sport, des pédagogies dédiées aux dyslexiques nécessitant des compétences spécifiques.
Ces communautés sont capables de choisir la meilleure organisation les concernant. Pourquoi l’État ne se contenterait-il pas de fixer une durée annuelle minimale de cours et des objectifs à atteindre en fin de cycle ? Il laisserait ainsi à chaque école la liberté de proposer aux familles le calendrier scolaire le plus adapté. Il pourrait aussi laisser les chefs d’établissement libres de fixer le volume horaire des réunions : aujourd’hui, le temps passé devant élève doit être additionné de 108 heures annuelles consacrées à des concertations et conseils en tous genres, dont les ordres du jour sont artificiellement fixés pour satisfaire une administration.
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La durée annuelle de 864 heures de cours en France est largement théorique : entre les semaines d’intégration, les journées de concertation pédagogique et de formation des enseignants durant les temps scolaires, les sensibilisations à la citoyenneté, à la prévention routière, aux risques de l’alcool et de la drogue, à l’environnement, etc., les voyages scolaires et autres tournois sportifs, la fermeture des établissements pour les examens et examens blancs et la tradition du départ en vacances anticipé pour payer moins cher les billets d’avion, il y a bien peu d’élèves à suivre 864 h de cours !