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Les grands perdants des élections américaines : la crédibilité et l’impartialité des médias

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Peu après que le candidat démocrate Joe Biden eut déclaré sa victoire, les États européens
ont commencé à exprimer leur espoir d’une nouvelle ère dans les relations transatlantiques.
Toutefois, la nature des liens entre les États-Unis et l’Union européenne ne devrait pas connaître de changement significatif. La présidence Biden aura aussi ses inconvénients. Le style du président Trump l’a peut-être rendu impopulaire auprès des dirigeants européens, mais ses méthodes ont parfois donné de bons résultats.

Trump 2016 : mal embouché mais bien élu
Envers Trump, un mépris peu justifié

Joe Biden est désormais considéré comme le vainqueur des élections et le futur 46ème président des États-Unis. Il est un peu tôt pour se prononcer sur le possible retournement de situation à Washington et sur l’issue d’éventuelles poursuites judiciaires. Mais d’ores et déjà, l’Europe exulte et cette arrogance satisfaite est difficile à admettre.

Pendant toute la campagne, l’Europe a glosé avec un plaisir mauvais – hypocritement baptisé « préoccupation » – sur le déclin et l’inefficacité de la démocratie américaine. L’un des mots à la mode était la « polarisation ». En fait, les débats animés sont la preuve d’une démocratie qui fonctionne. Quelques tricheries au cours des élections sont probablement inévitables dans les grands pays, mais elles ne mettent pas en péril la démocratie, ni les institutions en général.

La forte participation électorale est un autre indicateur d’une démocratie saine avec des opinions divergentes. Le consensus, c’est bien, mais trop de consensus, comme on l’observe maintenant entre les principaux partis en Europe, c’est dangereux. Cela conduit à la médiocrité, à la complaisance, à des restrictions sur la liberté d’expression et cela créée souvent des coalitions basées sur le plus petit dénominateur commun. La polarisation en soi n’est pas toujours négative.

L’Amérique a déjà eu des dynasties politiques. Les Trump pourraient continuer à jouer un rôle, éventuellement dans la prochaine génération. Il va sans dire que les combats de caniveau sont regrettables et improductifs, et toute la campagne a été marquée par des affrontements de ce type. Mais pas seulement à cause du style déplorable de Donald Trump. M. Trump a été élu en 2016, contre toute attente, parce que beaucoup de gens étaient mécontents de l’élite politique dans les deux camps. Il était l’icône de l’anti-establishment. Il n’était pas la cause de la scission de la société américaine, mais plutôt un symptôme. Il a été immédiatement la cible d’allégations et d’accusations dont la plupart n’ont toujours pas été prouvées.
Après l’élection de 2016, les félicitations que Donald Trump a reçues des dirigeants européens étaient pleines de suffisance et de condescendance. Certaines pourraient même être considérées comme offensantes.

L’ère Trump

Il n’est pas nécessaire d’énumérer les défauts du président Trump, un nombre considérable de gens l’ont déjà fait. Il n’a jamais pris de gants pour s’exprimer, il a souvent dit tout et n’importe quoi. Ce n’est pas un défaut qui lui est propre, parmi les politiques. Mais son franc-parler rend ses déclarations erronées plus faciles à repérer. Maltraité par les journalistes, il les ne les a pas ménagés en retour. Leurs relations n’étaient plus qu’un cycle d’attaques et de contre-attaques mais globalement, l’agressivité et la malhonnêteté des médias a plutôt joué à son avantage.

L’ère Trump a eu des côtés positifs. La déréglementation et la rationalisation du système fiscal
a aidé l’économie, qui a bien fonctionné. Il était nécessaire, aussi, d’adopter une position ferme sur le commerce avec la Chine. Le devoir premier d’un chef d’État est d’assurer le bien-être à long terme du peuple et de la nation. « America First », c’est un slogan qui bombe un peu le torse, mais il signifie quelque chose pour beaucoup.

Les méthodes brutales de M. Trump ont réveillé les gouvernements européens, leur faisant enfin réaliser qu’ils devaient prendre en main la défense du continent et assumer une position géopolique forte. Ils devraient en rendre grâce au président sortant. Ils se disent maintenant soulagés et mettent tous leurs espoirs en Joe Biden pour que les relations s’améliorent. Il se peut que le ton soit moins conflictuel, mais le fond du problème ne changera pas nécessairement.

J’ai déjà entendu cette phrase : « Vous devriez prendre Donald Trump au sérieux, mais pas littéralement ». Son discours souvent malséant et décousu cachait pourtant des stratégies cohérentes. Cela est nettement apparu lors du débat entre le vice-président Mike Pence et Kamala Harris, au cours duquel M. Pence en a fait une démonstration très convaincante.

Les valeurs démocratiques toujours solides

Nombreux sont ceux qui ont déclaré que dans cette campagne, c’est l’Amérique qui était perdante. C’est clairement faux. Que l’on soit d’accord ou non avec le président Trump, qu’on l’aime ou qu’on l’exècre, les États-Unis restent un pays où la démocratie fonctionne. On ne demande pas à L’Europe de l’imiter, mais d’essayer au moins de le comprendre. La démocratie a-t-elle souffert de cet affrontement politique pas particulièrement reluisant, dans une nation qui a promu et répandu ses valeurs dans le monde ? Pas forcément. Cette élection a suscité un intérêt considérable, les gens ont voté en nombre. La plus grande menace pour la liberté et la démocratie, c’est l’indifférence et l’apathie. Le contraire de ce que l’on a vu, en l’occurrence.

Il est dommage que le principal argument des Démocrates ait pu se résumer par le mantra : « Trump doit disparaître ». Cela a affaibli la campagne, tout comme l’attitude des medias, en presque totalité contre le candidat, et celle de Twitter et Facebook, qui sont allés jusqu’à censurer ses messages.

Et même perdant, Donald Trump n’en enregistre pas moins un succès personnel. Il a obtenu près de 50 % des voix. Les Démocrates s’attendait à une victoire écrasante et une majorité au Sénat. Ils n’ont eu ni l’une ni l’autre. Joe Biden a gagné avec une faible marge et les Républicains conserveront probablement leur majorité au Sénat. Une grande partie des Américains, en particulier ceux qui se sentent abandonnés par Washington, a apprécié que le président Trump se préoccupe si fortement de l’économie, de la préservation du mode de vie américain et de la sécurité. Il serait décidément peut-être imprudent d’enterrer trop tôt la dynastie Trump.

La trahison déontologique des médias

Les vrais grands perdants des élections sont les médias, dont la principale préoccupation a été d’exposer leurs propres opinions et « ethos », beaucoup plus que de diffuser une juste information. Cette trahison de l’éthique journalistique ne s’effacera pas de sitôt et risque de se retourner contre la profession.

Comme quatrième pilier de la démocratie, les médias doivent rester impartiaux lorsqu’ils présentent des faits et des opinions. . Bien sûr tous les bords politiques ont le droit d’exprimer leur vision. Ce devrait être la même chose sur les réseaux sociaux. Mais les quelques acteurs qui dominent ce marché ont créé des sortes de tribunaux éthiques, processus dangereux qui peut facilement aboutir à de la censure.

La plupart des grands médias ont fait preuve d’une partialité évidente. Les réseaux sociaux ont filtré les tweets du président Trump. Les principaux diffuseurs américains ABC, CBS, CNBC et MSNBC, ont agi d’une manière inqualifiable lors du discours de M. Trump le 5 novembre : ils en ont interrompu la diffusion et ont donné la parole à des opposants l’accusant de mentir – ils ont censuré un président encore en exercice et qui avait obtenu près de la moitié des voix ! Le modérateur du CNBC a déclaré, se posant comme une autorité supérieure à celle du Président : « Nous interrompons ceci, car ce que le dit le président des États-Unis est dans une large mesure faux ».

Que l’on soit d’accord ou non avec M. Trump, les citoyens américains ont le droit d’entendre ce que leur dit leur Président. Les médias, actuellement, nous font penser à la fameuse phrase de Shakespeare dans Hamlet : « Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark. »

Lire l’article en anglais sur le site du GIS

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3 commentaires

Laurent46 20 novembre 2020 - 6:57

Médias !
Cela était la même chose en France avec Macron et à bien y regarder au moindre fait divers c'est aussi le même problème y compris pour la justice. Dès lors que les médias s'emparent d'un sujet quel qu'il soit le problème est identique. Les médias sont infectes et irresponsables ne traitant jamais les vrais problèmes sauf peut-être de rares journalistes qui n'ont pas l'audience, sans oublier leur multitude d'experts tous plus infectes les uns que les autres. Il devient impossible de regarder ou d'écouter les informations autres que Zemmour et encore depuis qu'ils ont enlevé l'américain pour y mettre le suisse qui est complètement à l'ouest, sans devenir agressif envers toute ces idiots et irresponsables. Ce sont les médias et ceux qui en profitent qui sont responsables de la situation dans ce pays et dans le monde qui risque bien de mal se terminer.

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Jacques Brasseul 20 novembre 2020 - 1:54

Sur la forme et sur le fond
"et cela créée souvent des coalitions"

Une coquille ici, un 'é' en trop : cela crée…

Sur le fond : "La plus grande menace pour la liberté et la démocratie, c’est l’indifférence et l’apathie. Le contraire de ce que l’on a vu, en l’occurrence."

C'est amha exactement le contraire. Comme le regretté Charles Krauthammer l'a bien expliqué. Avec l'argument suivant :
On a reproché constamment (notamment en Europe) aux Etats-Unis le fait que le taux d'abstention est très élevé : "Comment, ce pays n'est pas une démocratie, puisque 60 % des gens en moyenne ne votent pas !"
L'argument de Krauthammer est que c'est justement parce que les institutions sont solides, que la démocratie est forte, que la population a confiance en eux et en elle, que beaucoup de gens ne se donnent pas la peine de voter. Et c'est quand la démocratie est jugée en péril, à tort ou à raison, que les gens se mobilisent.
Autrement dit, dans les périodes de calme, quand la démocratie fonctionne bien, beaucoup d'abstentions. Dans les périodes tendues, comme maintenant aux US, peu d'abstentions.

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rrvax 20 novembre 2020 - 6:51

La trahison des medias
La partialite des medias est apparue pendant la campagne presidentielle de 2016 et apres l'election de Donald Trump, ce fut le dechainement contre lui. Tout etait bon pour l'attaquer avec le soutien des democrates comme Nancy Pelosi et autres. En revanche, les affaires et scandales qui entachent les democrates, Biden et son fils Hunter sont a peine mentionnes.L'auteur de l'article, Michael von Lichtenstein a raison de parler de trahison deontologique des medias. En France, nous connaissons ce phenomene depuis plusieurs annees. La presse, la radio et la television nous inonde d'informations politiquement correctes (le PC nous vient des Etats-Unis), de bien-pensance et de propagande gouvernementale. Les journalistes – ceux qui se pretendent tels – nous disent ce qu'il faut penser. Le conformisme de gauche de ces gens-la est devenu aujourd'hui tellement evident que de nombreux Francais n'ont plus confiance dans les informations de la presse, radio ou television. Seules quelques voix discordantes, Andre Bercoff a Sud Radio, Eric Zemmour sur CNews, et quelques autres ne tombent pas dans le conformisme ambiant. Il est encore possible d'ecouter
des informations plus objectives, moins orientees mais elles sont taxees comme etant d'extreme droite voire fascistes (plus c'est gros, plus cela passe) quand les voix autorisees (par qui ?) ne cherchent pas tout simplement a les interdire, par exemple Valeurs actuelles. Ce qui se passe aux Etats-Unis arrive d eplus en plus rapidement en France. Inquietant !

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