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Il n’y a pas de libéralisme de gauche ou de droite. Il n’y a que des réformes libérales

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Lorsqu’un patient est très malade comme l’est la France aujourd’hui, on ne se demande pas s’il faut lui prescrire des pilules roses ou grises. On lui donne les pilules qui vont le guérir.

Après la victoire d’Emmanuel Macron, de nombreuses spéculations circulent sur la politique qu’il va mener. Comme il est encore trop tôt pour savoir quelle majorité il va obtenir – s’il en a une -, on entend ici et là des formules comme « libéralisme de gauche » ou « libéralisme d’Etat », ou une autre déjà très connue, celle de « libéralisme social ». Ces expressions partent du principe bien français que le libéralisme doit être tempéré. La peur inculquée par l’Education nationale, les syndicats, une partie des médias ou les politiques à l’égard de ce mot font que toute éventuelle citation doit être accompagnée d’un adjectif qui rassure.

Or, le libéralisme sous toutes ces formes n’existe pas. Il y a eu des gouvernements de gauche qui ont fait des réformes libérales mais ils n’ont pas fait du libéralisme de gauche. L’ancien Premier ministre travailliste Tony Blair a approfondi les réformes libérales commencées par Thatcher et il ne s’est jamais posé la question de savoir si elles étaient de droite ou de gauche. Il avait eu d’ailleurs cette excellente formule : « La gestion de l’économie n’est ni de gauche ni de droite. Elle est bonne ou mauvaise. ». En Suède, le socialiste Ingvar Carlsson a privatisé entre 1986 et 1996 des pans entiers de l’économie et ouvert à la concurrence pratiquement tous les services. C’est ce qu’a fait aussi le Premier ministre canadien de centre-gauche, Jean Chrétien. Le gouvernement travailliste de Robert Hawke a déréglementé l’économie australienne encore plus que ne l’a fait Ronald Reagan. Pareil en Nouvelle-Zélande où un autre travailliste, David Lange, a privatisé pratiquement toutes les entreprises d’Etat et réduit ou supprimé les subventions aux agriculteurs.

Et que dire de l’ancien chancelier social-démocrate Gerhart Schröder ? Baisse massive des impôts, flexibilité totale du travail dans les petites entreprises, baisse drastique des aides aux chômeurs, etc… S’agit-il de réformes libérales de gauche ou de droite ?

« Toute conception selon laquelle on pourrait ajouter la liberté du dehors à un univers social, comme on verse du madère dans une sauce à la dernière minute avant de servir le rôti, est une illusion », écrivait Jean-François Revel. En effet, affubler le libéralisme d’un adjectif est une vieille antienne de ses adversaires. Elle stipule que le libéralisme doit forcément être tempéré car sans garde-fous, il devient dangereux. C’est une peur qui a été propagée avec beaucoup de succès en France. Le fameux exemple du renard laissé libre dans un poulailler. Bien entendu, le socialisme n’a pas besoin d’être tenu en laisse et on a bien vu les ravages qu’il a faits… Le préjugé anti-libéral n’est autre que la méfiance à l’égard du marché et de sa capacité à faire croître une économie au profit de tous. C’est aussi le besoin irrépressible des politiques et autres hauts fonctionnaires de garder la main du pouvoir et de conserver les postes qui les nourrissent. La volonté d’exercer une emprise sur l’économie et sur le fonctionnement de la société fait partie de l’ADN des politiques français et des énarques de l’administration.

On peut dire la même chose de l’antilibéralisme qui rassemble, dans un pot-pourri idéologique bien français, les représentants de l’extrême gauche comme de l’extrême droite ainsi que les socialistes et autres gaullistes étatistes. Les programmes des candidats à la dernière élection présidentielle ont donné la preuve éclatante que l’antilibéralisme français est omniprésent dans la plupart des courants politiques.

Dans La richesse des nations, Adam Smith cherchait tout simplement à savoir pourquoi certains pays étaient plus riches que d’autres et il avait trouvé que le commerce, le libre-échange et les libertés économiques en étaient les principales raisons. En fait, libérer l’économie, c’est donner la possibilité aux acteurs économiques et à la société civile d’agir sans contraintes et contrôles inutiles. C’est donner de l’air à tous ceux qui veulent entreprendre. « Laissez-nous faire ! », disait le marchand François Legendre à Colbert qui lui demandait comment le roi pourrait aider le commerce. Cette exclamation n’est ni de droite, ni de gauche. Lorsqu’un patient est très malade comme l’est la France aujourd’hui, on ne se demande pas s’il faut lui prescrire des pilules roses ou grises. On lui donne les pilules qui vont le guérir.

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1 commenter

Astérix 17 mai 2017 - 5:07 pm

France indécrottable !
Merci de votre article M. Nicolas Lecaussin.
Les mots "réformes libérales", pourtant fondamentales, n'ont plus aucun sens en France; le mot libéral a été mis à toutes les sauces uniquement dans notre Pays avec une interprétation généralement hallucinante…!
Tous les Pays cités dans votre article ont tout compris sauf la France dont les dirigeants et une majorité de Français ont préféré le modèle de l'ex-URSS. Le système en place, bloqué, continuera jusqu'a l'explosion finale.
Comment être optimiste dans ces conditions ?

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