Selon la presse ou le gouvernement, l’étalement urbain serait un grave problème de société et une menace pour notre avenir. Des titres tels que L’espace naturel de la France perd un département tous les 10 ans alimentent une crainte qui se mue en demande des électeurs en faveur de politiques de préservation de l’espace agricole et naturel, se traduisant en législations foncières de plus en plus contraignantes. Toutefois, l’analyse des données publiquement disponibles démontre que ces craintes sont injustifiées, alors que les politiques publiques mises en place pour lutter contre l’étalement urbain ont de graves effets pervers.
Les points clé du rapport:
❏ Le chiffre d’un département artificialisé tous les 10 ans est faux, il provient d’un système de mesure inadapté. La réalité mesurée par satellite est plus proche d’un département artificialisé tous les 20-25 ans. D’ici 2100, l’artificialisation des sols ne dépassera pas 10% du territoire. La disponibilité de terres agricoles n’est en rien menacée par l’expansion urbaine. La diminution des surfaces agricoles depuis l’après-guerre, a surtout profité aux espaces naturels et aux forêts.
❏ Le rationnement législatif du foncier constructible au prétexte de lutter contre l’étalement a conduit à une multiplication par 6 des coûts fonciers ces 25 dernières années. Chaque année, les acheteurs de logement paient un “prix de la rareté” qui peut être estimé entre 21 et 38% du coût des transactions, soit entre 44 000 et 80 000 Euros par logement moyen. Ce transfert de richesse s’opère au détriment des accédants à la propriété modestes et donc accroît les inégalités de patrimoine entre les ménages.
❏ Cette flambée des prix a conduit les ménages les moins aisés à s’installer en masse dans des villages éloignés des métropoles. L’étalement urbain n’a pas été stoppé mais juste déplacé, sous forme “d’émiettement périurbain” vers des petites communes mal préparées à cette croissance rapide.
❏ Aucun des inconvénients imputés à l’étalement urbain ne résiste à une analyse en profondeur: les villes “étalées” ne coûtent pas plus cher aux budgets publics, ne sont pas défavorables à la biodiversité, ne sont pas moins armées que les villes denses pour faire face aux risques naturels, et la densité urbaine forcée n’est pas un bon levier de contrôle des émissions de gaz à effet de serre.
❏ En conséquence, les coûts économiques, sociaux et même environnementaux de la “lutte contre l’étalement” surpassent très nettement ses avantages, bien peu discernables. Les ménages modestes, aujourd’hui les plus touchés par les effets pervers du logement cher, seraient les premiers bénéficiaires de l’abandon des réglementations anti-étalement.
❏ L’étalement urbain n’est que le fruit du choix d’une majorité de ménages pour un style de vie plus confortable. Lutter contre l’étalement urbain est donc, de fait, une lutte contre une liberté fondamentale des familles. Il convient d’urgence de mettre fin à ce désastre économique et social peu connu du grand public et de revenir à une philosophie de nos lois foncières plus réactive, mieux à même de concilier impératifs économiques, sociaux et environnementaux, et respectueuse des libertés définies par la déclaration des droits de l’homme de 1789.
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La lutte contre l’étalement urbain : une obsession politique irrationnelle
11 commentaires
La lutte contre l’étalement urbain : une obsession politique irrationnelle
Oui il faut arrêter le mitage et tout ce qui conduit à des constructions sur des terrains agricoles. On construit beaucoup trop souvent sur des parcelles nouvelles alors que des anciennes dites de friches continuent d’être abandonnées en leur état. Que notre pays perde un département de verdure tous les dix ou 15 ans est inadmissible. Bien sûr notre système fait d’aides, de subventions, de réglementations parfois contradictoires, de taxes et impôts, complique tout. Felix Lefez
La lutte contre l’étalement urbain : une obsession politique irrationnelle
Je rajouterai que ce dogme contre lequel je me bats depuis 25 ans, sous-produit d’une idéologie collectiviste, a crée une situation dangereuse pour le pays : une hyper-concentration de la population (je devrais dire des communautés) qui laisse interrogatif en cas de crise sociale ou pandémique grave.
La lutte contre l’étalement urbain : une obsession politique irrationnelle
Que les politiques de lutte contre l’étalement urbain mises en place par nos gouvernants aient des effets catastrophiques ne signifie pas que l’étalement urbain soit une bonne chose.
L’étalement urbain est une conséquence de la sur-urbanisation qui, elle même, est une mauvaise chose.
Le cancer parisien en est un exemple caricatural. Coûts immobiliers insupportables (dix fois les coûts des petites villes), blocages divers (circulation, nettoiement etc.) surcoûts de fonctionnement insupportables (bien que supportés partiellement par l’État). Cela pèse lourd dans le manque de productivité du pays.
Pourtant on ne parle presque plus de l’aménagement du territoire, très à la mode il y a quelques décennies. Le grand Paris de Mr Sarkozy va même carrément en sens contraire.
La lutte contre l’étalement urbain : une obsession politique irrationnelle
Bonjour et merci pour cette rapide étude : rares sont ceux qui adoptent votre point de vue.
A ces arguments, il faudrait ajouter aussi le coût « sociétal », l’entassement de fa
La lutte contre l’étalement urbain : une obsession politique irrationnelle
suite du message
l’entassement de familles dans des banlieues sans âme, où rien ne pousse les gens au respect de leur environnement, avec le corollaire de trafics en tous genres, drogue, etc.
Des cités où plus personne ne veut aller et qui finissent pas coûter très cher aux contribuables.
Des cités où les gens ne sont pas heureux.
La lutte contre l’étalement urbain : une obsession politique irrationnelle
Dès qu’il s’agit de préservation ou de limitation de la destruction de l’environnement, l’IREF monte au créneau au nom d’une sacro-sainte libéralisation et devient irrationnel. C’est très dommage.
N’en déplaise donc à l’IREF, ce n’est pas seulement à partir de documents que l’on peut analyser la situation de l’environnement mais sur le terrain et là, les choses sont beaucoup plus parlantes. Les zones industrielles et commerciales autour des villes n’arrêtent pas de croître de façon exponentielle et comme le dit l’un de vos lecteurs en expropriant des terrains vierges alors que des friches industrielles sont laissées à l’abandon. Il est vrai qu’il est tellement plus simple et rentable de construire sur des terrains vierges et il est tellement facile d’exproprier des propriétaires sous couvert d’utilité publique! Ma famille en sait quelque chose! Désormais, chaque maire veut avoir sa banlieue commerciale qui s’étend plus que de raison car plus c’est grand et plus ils ont l’impression d’être à la tête d’une grande ville. Rien n’est fait de façon rationnelle dans ces débordements de villes et quand 1 m2 suffirait, on en prend 2 voire 3.
Or la Terre ne va pas s’arrêter de tourner demain et les générations à venir doivent pouvoir bénéficier d’une Nature protégée. Il faut arrêter de penser comme certains Américains dans les années passées que l’humanité va déménager vers une autre planète et que la Terre n’a plus d’importance.
Vous affirmez que les zones boisées se sont agrandies. Ça, c’est le discours officiel. Si certaines zones sont de nouveau recouvertes d’arbres, ce sont souvent des forêts qui avaient été complètement décimées lors de la 1ère guerre mondiale. Mais, même si quelques zones ont été nouvellement plantées d’arbres à des fins industrielles, cela ne compense pas et de très loin la destruction des milliers de kilomètres de haies avec tous les arbres qu’elles abritaient. Ceci a un impact considérable sur l’environnement et sur la faune (elles n’offrent notamment plus d’abris aux oiseaux, lapins, mulots et autres musareignes, renards, blaireaux, etc, etc). C’est tout un écosystème qui a été irrémédiablement perdu.
Quant aux forêts, elles sont devenues l’ombre d’elles-mêmes car depuis Sarkhozy, elles doivent rapporter un maximum d’argent. Alors, on abat tout ce qui peut se vendre en ne laissant derrière soi que des arbrisseaux.
Oh je sais, le Français moyen qui habite en ville se moque de tout cela car il y comprend d’autant moins quelque chose qu’il est désinformé et ceux qui sont à la base de ces destructions s’en repaissent financièrement et souvent avec l’appui voire la complicité des politiques. Alors, ce n’est pas près de changer.
Mais puisque vous êtes pour une extension sans contrainte ni limite de l’artificialisation des sols, vous devriez faire un tour dans des régions comme la Ruhr ou la banlieue londonienne, etc.. (puisque l’exemple du massacre quasi généralisé de l’Ile de France ne vous suffit pas ) et là, vous comprendriez peut-être enfin qu’il faut arrêter le massacre et revenir à une gestion saine, intelligente, rationnelle, en deux mots à une gestion de bon père de famille.
Vous pensez peut-être que je parle sans savoir. Je suis né à la campagne en bordure de ville dans une famille grande propriétaire terrienne, un de mes oncles était inspecteur général des Eaux et forêts, j’ai vécu plus de 12 ans dans 4 pays d’Europe et ai habité dans 4 capitales européennes. Et en dehors de cela, j’ai sillonné dans presque tous les pays d’Europe.
La lutte contre l’étalement urbain : une obsession politique irrationnelle
On peut se disputer longtemps sur l’exactitude des chiffres à la base de l’analyse et tout le mode aura raison.. Le vrai sujet est le centralisation excessive de notre pays, avec des mastodontes à l’excès comme l’île de France puis la création récente des métropoles au détriment des territoires ruraux qui sont livres à eux mêmes. Mais ça fait partie de notre adn contrairement à l adn allemand qui reste viscéralement attaché à sa région d’origine. Le siège social de adidas monde est toujours dans la petite ville où Adi Dassler à commencer à fabriquer ses chaussures il y a 70 ou 80 ans, avec ses conséquences sur l’emploi, la pression foncière, la répartition des richesses, etc, Inimaginable en France où on considère que hors Paris pas de vie.
La lutte contre l’étalement urbain : une obsession politique irrationnelle
Le monde politique et fonctionnariste a besoin d’une augmentation de population à la mesure de leurs cupidités respectives (quel épithète malsonnante, mais bon…) et que leur chaut qu’il faille bétonner les vertes prairies ou bien les bois là où le loup (n’)y est (pas)
La lutte contre l’étalement urbain : une obsession politique irrationnelle
@Menil
Pour commencer : 50 % de la population française vit sur environ 3 % du territoire.
Les forêts en volume (35 % du territoire) ne font qu’augmenter.
Avec un nouveau record de surface en 2020.
J’ai traversé la France à vélo, j’ai fait de la marche, j’ai campé, notre pays n’est pas en manque d’écosystèmes et la biodiversité se porte très bien.
Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de pollution (bord des routes, rivière, décharges sauvages…), ni de la mauvaise architecture.
Mais le catastrophisme ne règle rien et est de plus extrêmement anxiogène et engendre du fatalisme.
Je vous invite à lire ce qu’en dit l’un des environnementalistes les plus connu au monde, un vrai précurseur en la matière,, Stewart Brand* : Rethinking extinction – The idea that we are edging up to a mass extinction is not just wrong – it’s a recipe for panic and paralysis
Bonne journée
* »Stewart Brand is president of the Long Now Foundation and co-founder of the Revive and Restore project in San Francisco. He edited the Whole Earth Catalog (1968-74) and his latest book is Whole Earth Discipline (2010). »
La lutte contre l’étalement urbain : une obsession politique irrationnelle
J’en rajoute une couche :
il faut bétonner, bétonner et bétonner encore et ce, à tout prix (indépendamment des enveloppes pour les bonnes œuvres … ): ce sont des sous pour les zélus et ponctionnaires assoiffés d’argent, plus il y a de popula(ce)tion et plus le champs (l’assiette) des impôts et taxes s’étend pour augmenter les émoluments d’iceux-là !
La lutte contre l’étalement urbain : une obsession politique irrationnelle
Je suis d’accord avec Mesnil et Zelectron.
Pour les politiques (à la botte des financiers), il faut toujours plus.
Trop de développement de zones commerciales et artisanales sans prendre le soin de réhabiliter les friches existantes.
Strasbourg, Euro-métropole sous le règne d’une équipe écologiste depuis les dernières élections: de la flute!
Ca continue de bétonner à fond, avec des immeubles hors de mesure.
Leur seul but est d’attirer des humains pour les ponctionner que ce soit des entreprises ou des particuliers.
Faudrait peut-être « dégonfler » ces conglomérats urbains et aller développer un peu des territoires sinistrés comme la Haute Saône qui peine à attirer entreprises et population.
Et globalement REDUIRE l’ENSEMBLE DE LA POPULATION sur tout le territoire!