A défaut de changer, la France peut se targuer d’une certaine persévérance dans les exceptions : elle continue à avoir un Parti communiste. Celui-ci s’est réuni en congrès à Ivry du 23 au 25 novembre. L’événement, bien qu’occulté par les manifestations des gilets, a remis sur la scène un nom – communisme – qu’on croyait perdu depuis longtemps dans les poubelles de l’Histoire.
Fin 2018, on n’a pas honte en France de se considérer communiste sans aucune velléité réformiste alors que même le parti communiste italien a entrepris des changements idéologiques dès le début des années 1990. Ce dernier est devenu en 1991 le Parti démocratique de la gauche (PDS) et une force politique importante en Italie. Malgré sa chute dans l’électorat – de 16. 1 % aux législatives de 1981 à 2.7 % en 2017 -, le PCF persiste dans l’erreur. Après avoir été le seul parti politique allié d’Hitler entre 1939 et 1941, il préfère le mensonge à la vérité et l’attitude négationniste face aux faits historiques. Ainsi en 1997, lorsque paraît le Livre noir du communisme ses représentants, la main sur le cœur, nient l’horreur, clamant haut et fort l’innocence de l’idéologie communiste. Ce déni accentuera encore son déclin.
Il est vrai, de nombreux membres l’ont quitté pour rallier la France insoumise ou d’autres courants politiques d’extrême gauche. N’oublions pas qu’aux élections présidentielles de 2017, Jean-Luc Mélenchon a obtenu 19.58 % des voix et que, sur onze candidats, neuf affichaient clairement leurs penchants léninistes et leurs programmes marxisants !
En fait, paradoxalement, les idées communistes ont proliféré en France comme un cancer en dépit de la déliquescence du PCF. Le déclin électoral de celui-ci n’est pas dû, comme veut le faire croire la légende, aux manœuvres politiciennes de François Mitterrand mais il fait partie d’un phénomène européen. A partir des années 1980, tous les partis communistes commencent à perdre massivement des électeurs, la chute du communisme en 1989 marquant le moment où la plupart implosent ou changent de nom. Sauf le PCF qui garde son organisation monolithique et son idéologie totalitaire et qui passe de 15.35 % des votes aux présidentielles de 1981 à seulement 1.93 % en 2007. En réalité, la nomination des (quatre) ministres communistes par Mitterrand en 1981 ainsi que la « gauche plurielle » du socialiste Lionel Jospin en 1997 l’ont gardé en vie et sous perfusion.
Son électorat historique – ouvriers, jeunes – le quitte pour aller chez Besancenot ou, encore plus, chez Jean-Marie le Pen qui obtient 24 % du votre ouvrier en 2002 contre 5 % pour le candidat communiste, Robert Hue. En 1977, les communistes et leurs alliés administraient plus de 8,5 millions d’habitants dans 54 communes de la première couronne. Trente ans plus tard, le communisme municipal s’est effondré lui aussi, même s’il garde 39 communes en Ile-de-France. En perdant ses villes, le parti perd une partie de son financement qui était déjà devenu très problématique à la chute de l’URSS, grand financeur via différents intermédiaires comme l’avaient si bien révélé les enquêtes de Jean Montaldo.
Aujourd’hui, le PCF est cliniquement mort alors que ses dogmes, pourtant démentis par l’Histoire, font encore des émules. Dans son programme, et on en a parlé lors de ce congrès, il est encore question des « méchants patrons », du combat contre le « marché qui décide de nos vies » et des pouvoirs des salariés dans les entreprises et contre les banques. Le parti propose aussi la création d’un « Fonds national pour l’emploi et la formation et avec un pôle financier public mettant en réseau banques et compagnies d’assurances publiques et nationalisées pour peser sur le comportement d’ensemble du système financier, au service de l’emploi et de la formation ». Sur le plan international, pour combattre « l’impérialisme du dollar », il faut, bien entendu, sortir de l’OTAN, et lancer « une alliance avec les pays émergents et en développement pour la création d’une monnaie commune mondiale à partir des droits de tirage spéciaux du FMI, qui servirait à financer des prêts à long terme et à faibles taux d’intérêt pour le développement de tous les pays du monde. ». On a l’impression que les ordres viennent toujours de Moscou…
L’historien Marc Lazar avait raison lorsqu’il écrivait que le communisme était une « passion française ». L’antilibéralisme, l’antiaméricanisme, l’égalitarisme et la haine des riches sont profondément ancrés dans l’imaginaire français. A cela s’ajoute la « cécité volontaire » d’une grande partie des intellectuels français si bien décrite par Thierry Wolton dans son troisième tome de l’Histoire mondiale du communisme intitulé « Les complices ». Que peut-on retirer de ce 38ème congrès du PCF ? A coup sûr un sentiment de honte. Honte, pour un pays comme la France, d’avoir encore, en 2018, un parti communiste.
2 commentaires
la bête immonde
le plus féroce des systèmes de dictature "légale" qui n'en finit pas d'agonir ?
partie communiste
triste france…