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Non,« negru » n’est pas un mot raciste !

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Cioran, Ionesco ou Mircea Eliade doivent se retourner dans leurs tombes. Le roumain est revenu sur le devant de la scène en France. Mais on ne faisait ni dans la littérature, ni dans la dentelle ! Le « scandale » a eu lieu sur un terrain de football lors d’un match de qualification très important en ligue des champions, entre le PSG et un club turc. Un match suivi, très probablement, par des millions de téléspectateurs, et qui s’annonçait de belle qualité. Vers la quinzième minute, bousculade sur le banc de touche, on ne sait pas très bien pourquoi, c’est la confusion la plus totale.

On croit comprendre ensuite que le quatrième arbitre est accusé de propos racistes. Les joueurs quittent la pelouse. Quelques longues minutes plus tard, on a une explication : ce quatrième arbitre s’est adressé à l’arbitre principal – tous les deux sont roumains – en désignant l’un des nombreux membres de l’équipe turque, par les mots « Ala negru ». En langue roumaine, cela veut dire « Le Noir » ou « C’est le Noir qui… » aurait été coupable de quelque chose. On ignore encore de quoi, mais l’arbitre principal demande son expulsion du terrain. Ce sont ces mots qui provoquent ce qui s’ensuit, le retour des joueurs aux vestiaires et, finalement, l’arrêt du match.

L’arbitre a été mis tout de suite au pilori !

Il ne s’agit pas là de défendre le ou les arbitres, ni le membre de l’équipe turque. Pourtant, les mots utilisés et diffusés par les chaînes de télé ne sont pas racistes. « Negru » veut seulement dire « Noir » et non pas « negro ». Il n’y a aucune connotation raciste. L’arbitre a fait (trop) simple, il a désigné une personne par sa caractéristique la plus repérable, la couleur de sa peau. Il a été mis en accusation dans la seconde même. Est-il vraiment raciste, a-t-il tenu, en d’autres occasions, des propos inappropriés ? On n’en sait rien et, pour les indignés patentés, le problème n’est pas là : par principe, désigner quelqu’un par sa couleur de peau est raciste, point. Dans une équipe composée de Noirs à l’exception d’un Blanc, serait-il raciste de distinguer ce joueur en l’appelant le Blanc ? Le joueur uruguayen Cavani est-il raciste parce qu’il a remercié l’un de ses copains par un tweet jugé « insultant » par la très sainte communauté des bien-pensants, « Gracias Negrito » ?
Si je dis « le gros », c’est dépréciatif. Mais le Noir ? Qui est raciste ? Celui qui désigne un humain par la couleur de sa peau ou celui qui y voit une insulte ? Ca l’était sûrement autrefois, ça l’est peut-être encore de la part de certaines personnes que l’on doit évidemment condamner. Mais sans se tromper de victimes. La vraie victoire contre le racisme, on l’aura remportée lorsqu’on pourra dire de quelqu’un qu’il est Noir sans que cela soit une insulte. Sinon, on fait perdurer ce que l’on veut éradiquer.

On tolère le terme « Noir » seulement quand il s’agit d’une action politiquement correcte

Et on finit par se prendre les pieds dans le gazon : les joueurs ou les membres d’une équipe de foot ne peuvent être Noirs, mais tout le monde s’est réjoui que l’Amérique ait pu élire un président « noir » ; se félicite que Joe Biden ait promu une personnalité « noire » à la tête du Pentagone et choisi comme vice-présidente l’ « Afro-Américaine » Kamala Harris. Qui est Américaine, certes, mais dont les origines, qui ont fait l’objet de maints articles, sont plus indienne et jamaïcaine qu’africaine.
Ou quand on croit, comme cela arrive même chez les donneurs de leçons antiracistes, que tous les Roumains seraient des tsiganes… Se souvient-on encore que la roumaine Simona Halep a été caricaturée en voleuse de ferraille dans Charlie Hebdo après sa victoire à Roland Garros ? Qui est raciste ? Compliqué, parfois, le politiquement correct !
L’affaire n’est pas une question de mots, mais une question de fond. Ce ne sont pas les joueurs qui prennent les choses en mains dans un cas comme celui-là. Pas la raison non plus, pas la noblesse des sentiments, pas le courage. C’est l’hystérie moutonnière mâtinée de pas mal de bêtise. Personne n’y gagne.
D’ailleurs le dictateur turc Erdogan s’est empressé de publier un communiqué pour « condamner fermement tous les actes racistes », l’apanage – on le sait – de la société occidentale. Quelle caution !
Au-delà du foot, l’antiracisme de salon a fait déjà plusieurs victimes. On se souvient de la condamnation du titre du livre d’Agatha Christie, « Dix petits nègres », ou la mise au pilori d’ « Orfeu negro ». Pourquoi pas du groupe de rock « Mano Negra » ? Et le Monténégro ? Enfin, que faire de ce prince – roumain ! – du XIIIe siècle ? Il s’appelait…Negru Voda.

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7 commentaires

Cedob 10 décembre 2020 - 2:51

Très belle mise au point
Je me demande si le rhum Negrita existe encore, d'ailleurs…
La préfecture des Alpes Maritimes doit-elle prononcer la fermeture administrative du Negresco tant que celui-ci n'aura pas daigné faire preuve de bon goût droits-de-l'hommiste ?

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chris 10 décembre 2020 - 9:58

Ironie quand tu nous tiens!
Des joueurs turcs se plaignant de racisme, c'est vraiment trop ironique vu que leur dictateur massacre les Kurdes!
Et heureusement que l'arbitre était étranger car sinon il aurait été répudié et lynché par le tribunal médiatico-populaire!

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Thierry Jallas 10 décembre 2020 - 11:15

Bravo et merci !
Bravo et merci, cher Bogdan, pour les explications contenues dans cet article que je trouve excellent.

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Nicolas Lecaussin 10 décembre 2020 - 12:46

Re : Bravo et merci !
Merci à toi, cher Thierry !

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grinderdo 10 décembre 2020 - 2:10

Réactions viscérales
Cette affaire est un parfait exemple de réaction viscérale, guidée en effet par un politiquement correct qui sévit de plus en plus. Deux points me chagrinent vraiment.
Le premier est que les médias n'ont pas rapporté précisément ce qui s'était passé. La moindre des choses serait qu'on clarifie complétement la séquence des évènements et les paroles échangées.
La seconde est qu'on oublie qu'on est dans un milieu multiculturel ici, à savoir des Turcs, des Français, les joueurs étrangers des deux équipes (dont le Franco-sénégalais qui s'est insurgé). L'assistant arbitre (si c'est bien cela son titre) est un Roumain et il a parlé en roumain. Suivant une source au moins(mais il faudrait vérifier précisément d'où mon premier point ci-dessus) il aurait dit pour désigner le joueur en question "etu negru" ce qui en roumain signifie "ce noir là", negru signifiant noir (la couleur). Il s'agirait donc de savoir s'il s'agit là d'une insulte raciste dans la culture roumaine ou d'une désignation neutre sans intention particulière. Tout comme on dit en anglais "black lives matter" c'est à dire "la vie des noirs compte" et ce "noir" n'est pas ressenti en anglais comme une insulte bien au contraire.
Je comprend bien que le joueur qui s'est senti agressé a réagi parce qu'il se sentait insulté. Que la presse et tout le beau monde lui emboîtent le pas pour dénoncer du racisme là où il n'y en a peut-être pas eu, il y a un pas. Ces réactions à l'emporte-pièce ne feront finalement que renforcer la position des vrais racistes.
Un peu d'esprit critique et de réflexion avant de faire monter la mayonnaise feraient le plus grand bien à nos journalistes.
Grinderdo

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Xian 10 décembre 2020 - 6:12

Pouvons-nous adresser notre sympathie à…
… Sebastian Coltescu, ce malheureux quatrième arbitre ?
Tant de bêtise et de méchanceté… Affreux spectacle !
🙂

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Maumont Michel 10 décembre 2020 - 7:08

Quel plaisir de lire cet article!
Bravo et Merci pour cet article!

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